Dans la citation Mankind will change more in the next 20 years than in the last 300., il semblait intéressant de faire une description de ce qu’était le monde, la société et la vie quotidienne il y a 3 siècles, pour ansi mieux permettre la comparaison avec aujourd’hui et avec également notre futur à moyen terme (20 ans).
Wikipedia Timeline of the 18th century
Politique
Toujours la royauté de droit divin qui domine l’Europe ainsi que ses privilèges (droits particuliers en fonction de sa classe sociale.
Il faudra attendre les révolutions pour voir l’abolition de ce système, qui sera remplacé par des régimes où le tiers état, mené par la haute bourgeoisie prendra le contrôle.
Société
la société se divisait en 3 classes distinctes : noblesse, clergé et tiers-état. Le roi tout au dessus, puis la haute noblesse, et le haut clergé, ensuite la noblesse et le clergé qui n’était souvent pas très riche.
Dans les colonies et aux Etats Unis l’esclavage à encore lieu.
Au début de ce siècle, Il y a toujours des samourais et des ronins au Japon
Technologie
En Angleterre, La presse quotidienne apparait, à peu près, en même temps que le siècle.
Environnement
Economie
Siècle de transition entre
Privilèges
Haut-clergé et Haute Noblesse
Clergé et Noble
Tiers état
Et
Naissance des classes sociales
grande bourgeoise
Siècle des Lumières
Avant 1700
DANS LES 1600 ET 1700
En visitant le palais de Versailles à Paris, on constate que le somptueux palais n'a pas de salle de bains.
Au Moyen Âge, il n'y avait pas de brosses à dents, de parfums, de déodorants, et encore moins de papier toilette.
Des excréments humains ont été jetés par les fenêtres du palais.
En vacances, la cuisine du palais a pu préparer un festin pour 1500 personnes, sans un minimum d'hygiène.
Dans les films d'aujourd'hui, nous voyons des gens de cette époque trembler ou s'éventer...
L'explication n'est pas dans la chaleur, mais dans la mauvaise odeur émise sous les jupes (qui ont été faites délibérément pour contenir l'odeur des parties intimes, puisqu'il n'y avait pas d'hygiène). Il n'était pas non plus coutume de prendre une douche à cause du froid et de la quasi inexistence d'eau courante.
Seuls les nobles avaient des laquais pour les ventiler, pour dissiper la mauvaise odeur qui exhalait le corps et la bouche, ainsi que pour effrayer les insectes.
Ceux qui sont allés à Versailles ont admiré les immenses et beaux jardins qui, à cette époque, étaient non seulement envisagés, mais utilisés comme toilettes dans les fameuses ballades promues par la monarchie, car il n'y avait pas de salles de bains.
Au Moyen Âge, la plupart des mariages ont eu lieu en juin (pour eux, le début de l'été).
La raison est simple : le premier bain de l'année a été pris en mai ; donc, en juin, l'odeur des gens était encore tolérable.
Cependant, comme certaines odeurs commençaient déjà à gêner, les mariées portaient des bouquets de fleurs près de leur corps pour couvrir l'odeur.
D'où l'explication de l'origine du bouquet de mariée.
Les bains ont été pris dans une seule baignoire massive remplie d'eau chaude.
Le chef de famille a eu le privilège de la première baignade en eau propre.
Puis sans changer l eau les autres sont arrivés dans la maison par ordre d âge les femmes aussi par âge et enfin les enfants
Les bébés ont été les derniers à se laver. Quand son tour est arrivé, l'eau de la baignoire était si sale qu'il était possible de tuer un bébé à l'intérieur.
Les toits des maisons n'avaient pas de ciel et les poutres en bois qui les retenaient étaient le meilleur endroit pour les animaux : chiens, chats, rats et cafards pour se tenir au chaud.
Quand il pleuvait, les fuites ont forcé les animaux à sauter par terre.
Ceux qui avaient de l'argent avaient des plaques en fer. Certains types d'aliments ont oxydé le matériel, entraînant la mort de nombreuses personnes d'empoisonnement. Rappelons que les habitudes d'hygiène de l'époque étaient terribles.
Les tomates, étant acides, ont été considérées comme venimeux pendant longtemps, les tasses de canette ont été utilisées pour boire de la bière ou du whisky ; cette combinaison, parfois, laissait l'individu « sur le sol » (dans une sorte de narcolepsie induite par le mélange de boissons alcoolisées avec de l'oxyde d'étain).
Quelqu'un qui passait dans la rue pensait qu'il était mort, alors ils ont récupéré le corps et se préparaient pour les funérailles.
Puis le corps serait placé sur la table de la cuisine pendant quelques jours et la famille restait debout à regarder, manger, boire et attendre de voir si le mort se réveillerait ou non.
D'où la veillée des morts (veillée ou veillée), qui est la veillée à côté du cercueil.
L'Angleterre est un petit pays, où il n'y avait pas toujours un endroit pour enterrer tous les morts.
Puis les cercueils ont été ouverts, les os ont été extraits, ils ont été placés dans des rames et la tombe a été utilisée pour un autre cadavre.
Parfois, en ouvrant les cercueils, on pouvait remarquer des rayures sur les couvercles à l'intérieur, ce qui indique que le mort avait en fait été enterré vivant.
Ainsi, en fermant le cercueil, l'idée est venue d'attacher une bande du poignet du défunt, de la faire passer à travers un trou fait dans le cercueil et de l'attacher à une cloche.
Après l'enterrement, quelqu'un est resté en service près de la tombe pendant quelques jours.
Si l'individu se réveillait, le mouvement de son bras sonnerait à la cloche.
Et ce serait "saved by the bell", une expression utilisée par nous à ce jour.
1725
1725… le début des lumières
Louis 14 est mort il y a 10 ans, la France, l’Angleterre et les autres puissances impérialistes de l’époque ont leur colonies.
Le premier moteur à vapeur ne vera le jour que 40 ans plus tard, la photographie devra encore attendre 100 ans.
En Europe en 1725, les principaux problèmes de la vie quotidienne étaient liés à des conditions de vie souvent difficiles pour une grande partie de la population. Certains des problèmes majeurs comprenaient :
- Conditions de Vie Précaires : Une grande partie de la population européenne vivait dans des conditions de pauvreté et de précarité, avec des logements souvent insalubres et surpeuplés.
- Maladies et Épidémies : Les maladies infectieuses étaient courantes et constituaient une menace constante pour la santé des individus, avec des épidémies de peste, de choléra et d'autres maladies dévastatrices.
- Famine et Insécurité Alimentaire : La sécurité alimentaire n'était pas garantie pour tous, et les famines étaient fréquentes en raison de mauvaises récoltes, de guerres et de problèmes de distribution alimentaire.
- Inégalités Sociales : Les inégalités sociales étaient marquées, avec une noblesse et une classe dirigeante privilégiées, tandis que la majorité de la population vivait dans des conditions de vie difficiles et avait un accès limité aux ressources.
- Manque d'Infrastructures : Les infrastructures de base telles que les routes, les ponts et les systèmes d'approvisionnement en eau étaient souvent insuffisantes, ce qui rendait la vie quotidienne plus difficile pour de nombreuses personnes.
Ces défis quotidiens ont contribué à façonner la vie des Européens au XVIIIe siècle, mettant en lumière les difficultés auxquelles étaient confrontées différentes couches de la société à cette époque.
Perplexity.ai
... -La France est un très grand pays, plus petit qu'aujourd'hui, puisque certaines provinces ne sont pas encore françaises, comme la Flandre, une partie de l'Artois, l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, Nice et la Savoie, et puis le Roussillon. -Deuxième grande différence, cette France est avant tout peuplée d'agriculteurs. -On a une photographie inverse de notre pays actuellement.
Les gens sont tous en ville, et la campagne, c'est l'inverse.
Au XVIIe siècle, sur les 20 millions, il y en a 18 millions qui vivent à la campagne.
Ce sont des ruraux qui vivent de l'agriculture et qui produisent ce qu'ils consomment en travaillant la terre. -Les villes sont peu développées.
Enserrées dans ces murailles du Moyen Âge, Paris ne compte que 400 000 habitants, 25 fois moins que l'agglomération d'aujourd'hui.
C'est le même pour les autres grandes villes. -Les grandes villes de France, c'est Lyon, Marseille, Lille au nord, et puis Rouen.
Les mêmes villes qu'aujourd'hui, la différence, c'est qu'aucune ne dépasse 100 000 habitants.
C'est une petite bourgade, rien à voir avec ces villes. -Dernière différence fondamentale, la société est coupée en deux. -D'un côté, il y a la noblesse, moins d'un pour cent de la population, avec le clergé et la bourgeoisie.
Cette petite minorité détient à la fois le pouvoir, les terres, et donc la richesse.
De l'autre côté, il y a environ 95 % de paysans et les artisans des villes.
Eux, bien entendu, n'ont ni le pouvoir ni la richesse, mais ce sont eux qui exploitent les terres sénuriales. -Quand on est enfant sous le 8-14, si on appartient à une famille d'artisans ou à une famille de commerçants, on va accorder de l'importance à l'éducation de l'enfant, ne serait-ce que pour qu'il puisse tenir les comptes, par exemple.
En revanche, si on est dans une famille de paysans, on va accorder moins d'importance à la maîtrise de ses compétences. -Les paysans sont en majorité analfabètes, ils ne lisent pas, et il n'y a pas dans les villages un système d'école organisé comme aujourd'hui.
Donc, ce sont les prêtres qui, eux, sont instruits, qui enseignent aux enfants la lecture, l'écriture et surtout les bases du calcul qui sont essentielles. -Seul 5 % des Français parlent le français. -Quoi ?
5 % des Français seulement parlent le français ?
Que parlent les 95 % restants ? -Les Français parlent des langues régionales.
Au nord, le breton, le normand, le picard ou encore le berichon.
Au sud, on parle le gascon, le limousin, l'auvergnat ou le provençal.
Quant au français, comme on le parle aujourd'hui, c'est à l'époque la langue des habitants de l'île de France et de la vallée de la Loire. -On ne se comprend pas toujours entre un français du nord et un français du sud. -Il y a un mot de Racine qui est intéressant, Racine qui va à Uzès et qui dit qu'il aurait besoin d'un interprète pour se faire comprendre.
Ca donne bien concrètement cette impression que quand on vit au nord de la Loire, si on fait un grand voyage vers le sud, et attention, aller dans le sud, c'est un grand voyage, ça prend des jours et des jours de trajet, on peut se trouver confronté à des habitants qui habitent pourtant le même royaume que vous, mais que vous ne comprenez pas et avec lesquels vous avez du mal à échanger. -Le latin est en quelque sorte la langue officielle qui permet à tous les lettrés et gens importants de se comprendre à travers le pays.
Les livres de cette époque sont donc rédigés en latin.
En effet, l'école telle que nous la connaissons aujourd'hui ne verra pas le jour sous Louis XIV.
Il faudra attendre la Troisième République en 1882 pour que Jules Ferry instaure définitivement une instruction obligatoire et gratuite pour tous les enfants français jusqu'à 13 ans.
Il n'y a pas qu'en matière d'éducation que les choses ont beaucoup évolué depuis le XVIIe siècle.
A l'époque de Louis XIV, même quand on est adulte, on reste sous la domination de ses parents qui prennent les décisions importantes, comme choisir son conjoint.
Musique de suspens ...
Chez les paysans, à l'époque, le mariage est avant tout une décision économique. ... -J'espère qu'au moins ils s'aiment. -Parfois, ça vient avec le temps, mais au départ, on se marie par intérêt.
Un laboureur va épouser une fille de laboureur pour avoir davantage d'instruments et gagner plus d'argent.
Ou alors on va épouser une fille de sabotier lorsque l'on veut reprendre la boutique du père, etc. -L'Eglise ne dit pas qu'il faut se marier par amour ? -Ah non, l'Eglise, au contraire, est assez réticente vis-à-vis de l'amour charnel parce que ça peut éloigner de l'amour de Dieu et que la sexualité, par exemple, c'est fait pour la procréation, pas du tout pour le plaisir. -C'est horrible, c'est le contraire d'aujourd'hui. -A l'époque, on ne divorce pas, donc on choisit une femme pour le restant de ses jours.
Donc le mari et la femme ont quand même intérêt à s'entendre et avec le temps vient l'attachement et éventuellement l'amour. ... -Un couple avec 4 ou 5 enfants, un chemin d'oeuvre indispensable dans la vie paysanne, voilà le portrait robot d'une famille de l'époque. -On se marie en général vers 27, 28 ans, dans les couches paysannes.
C'est une forme de régulation des naissances.
En retardant l'âge du mariage, on retarde l'âge d'avoir des enfants. -A l'inverse, dans la noblesse, on se marie beaucoup plus tôt afin de s'assurer d'avoir de nombreux héritiers, d'en avoir au moins un pour transmettre le patrimoine familial. -A l'époque, l'eau dilatait les pores et on pensait que les maladies rentraient, pénétraient dans le corps par ces pores dilatés. -Voilà pourquoi on évite les bains, soupçonné de transmettre les maladies vénériennes et même de diminuer la vigueur sexuelle. -C'est pourquoi la toilette était le plus souvent sèche.
On frottait notamment les parties les plus visibles, les mains et le visage avec un linge humide. -Et on croit aussi à l'époque que la crasse protège.
On fait une enveloppe sur la peau pour protéger des agressions extérieures. -Et les cheveux ?
Il n'y a pas de shampoing ? -Là non plus, pas de shampoing, pas d'eau sur les cheveux. -Mon Dieu ! -La brosse. -D'accord. -Et un peu de poudre pour enlever l'excès de graisse que vous pourriez avoir sur les cheveux. -C'est horrible.
Je vois ce qu'il me reste à faire.
Hop !
Voilà.
A la mode du XVIIe, je suis propre, mais une chose est sûre, je ne vais pas sentir bon. -Vous êtes propre parce que votre chemise est propre et blanche.
Et puis, vous allez vous inonder de parfums parce que, là aussi, au XVIIe, on pense que les bonnes odeurs chassent les mauvaises et les mauvaises odeurs apportent les maladies.
Donc, on va vraiment cocoter. -On fait un bouclier de parfums pour empêcher les miasmes, ces véhicules inconnus maladie, d'arriver jusqu'à nous. -Plus on cocote, plus on a de chances de rester en bonne santé. -Ca montre qu'on ne connaît aucun des principes de l'hygiène. -On ne soupçonne pas l'existence de microbes. -Et donc, on est vraiment dégueulasse. -Si les nobles se lavent le moins possible, les paysans, eux, ont recours aux grands moyens quand le temps le permet. ...
Quant aux vêtements, ils ne sont lavés que deux fois par an, car il s'agit d'une opération longue et pénible.
Elle prend trois journées entières. -Marjolaine, donc, on se lave peu ou pas du tout à l'époque de Louis XIV, donc ça veut dire qu'on est sable. -Ils ont en général deux chemises qu'ils lavent deux fois par an, au printemps et en automne, et vous allez voir que c'est un processus très lent qui explique qu'on ne fasse pas ça toutes les semaines. -Si au XVIIe siècle, quelques chanceux peuvent atteindre l'âge de 70 ou 80 ans, une personne sur deux meurt avant d'avoir 20 ans.
Quand on fait la moyenne, on obtient une espérance de vie de 25 ans. -Madame. ... -Les maladies peuvent vous emporter à tout âge. -La pierre meurt toujours. ... -Les fenêtres. -Les nobles ne sont pas plus à l'abri que le peuple.
Des ventouses, des saignées, pourquoi de telles pratiques disparues aujourd'hui ?
Que savaient les médecins des maladies et du fonctionnement du corps humain ? -Ils ont une pratique de la médecine qui est vraiment complètement différente de celle d'aujourd'hui.
Il n'y a pas de petits médicaments à prendre juste avec un verre d'eau, ça va mieux, il n'y a pas d'antibiotiques, ça n'existe pas. -Cette théorie des quatre humeurs remonte à Hippocrate, un médecin grec de l'Antiquité.
Elle a plus de 2000 ans, mais n'a rien de scientifique. -Evidemment, cette théorie des humeurs est médicalement fausse.
On sait bien que la trabile ou le phlegme, ça n'existe pas.
Cette théorie sera abandonnée deux siècles plus tard.
Par contre, lorsqu'on parle encore aujourd'hui de quelqu'un qui est de bonne ou de mauvaise humeur, ou qu'on parle d'un tempérament sanguin ou phlegmatique, ça vient directement de là. -À côté de ces saignées, qui affaiblissent les malades plus qu'ils ne les soignent, d'autres pratiques médicales sont tout autant inefficaces. -On connaît l'opium, qui est importé d'Orient et qui est très efficace comme antidouleur, c'est l'équivalent de la morphine.
On connaît aussi la quinine, qui est très efficace contre les crises de fièvre.
Dans les campagnes, on se soigne à base de spécialités d'herboristerie, qui sont d'ailleurs toujours utilisées par des rebouteux, c'est la médecine par les plantes.
Et notamment, on utilise la soja officinale, qui est toujours aujourd'hui connue pour ses vertus antiseptiques. -Il y a donc déjà des médicaments utiles, mais malheureusement, aucun antibiotique. -On ne les connaît pas encore.
Il faudra tomber bien plus tard, au XXe siècle. -Ca signifie que la syphilis, la variole... -La peste. -La rougeole, la peste, la scarlatine font des dégâts considérables. -C'est le grand problème de la médecine à cet époque. -Exactement, ce sont les épidémies. -Si les maladies déciment les populations, la médecine, elle, va faire des progrès considérables grâce à une corporation étonnante.
Ce sont les chirurgiens barbiers.
Au XVIIe siècle, la pratique de la danse est bien l'un des seuls points communs entre les nobles et le peuple.
Pour le reste, les différences sont grandes, et en particulier en matière d'alimentation.
Musique de suspens ... -Voilà une surprise qui doit vous être agréable, monsieur Colbert. -Un déjeuner au château de Versailles.
Le rituel est immuable.
Le roi mange toujours seul.
Entouré de nobles pour qui assister au repas de Louis XIV est un privilège.
Sous son règne, la gastronomie française prend toute son importance.
Rien n'est assez raffiné pour lui.
Il faut satisfaire les goûts et le grand appétit du souverain.
Mais si sa table déborde de plats délicats et variés, le peuple, qui souffre encore parfois de famine, doit se contenter de nourriture plus ordinaire. -La majorité des Français mange du pain ou des bouillies, mais dans des proportions beaucoup plus importantes qu'aujourd'hui.
Il faut s'imaginer qu'un paysan, à l'époque, mange à peu près par jour un kilo, cinq, deux kilos de pain.
Donc c'est ce qui constitue la base de son alimentation. -Le pain a une place centrale, car les céréales dont il est fait sont faciles à cultiver en été et à conserver tout l'hiver.
Mais cette agriculture ne met pas les paysans à l'abri du manque de nourriture. ... -Sans engrais, les rendements sont beaucoup plus faibles.
Pour un grain de blé semé, on en récoltait 12 fois moins.
A peine de quoi tenir toute une année jusqu'à la récolte suivante.
Si on avait des conditions météorologiques qui n'étaient pas favorables, comme un printemps plus vieux, c'était la ruine des récoltes. -Le pain lui-même est bien différent du pain blanc d'aujourd'hui, qui, à l'époque, est réservé aux bourgeois et aux nobles. -Ce pain, c'est un pain marron, brun, donc à base de sègle, qui se cuit une fois par semaine.
On consomme des espèces de grandes roues. ... -Ca sent bon.
Fabian, qu'est-ce que tu cuisines? -La soupe. -C'est un élément courant chez les paysans? -C'est l'alimentation de base avec le pain. -Qu'est-ce qu'on met dans cette soupe? -Ce que l'on trouve dans le potager. -Comme aujourd'hui, les Français du XVIIe siècle font 3 repas par jour.
Le 1er au lever du soleil, le dîner aux alentours de midi et le souper, repas le plus copieux à la tombée de la nuit.
Au menu, carottes, poireaux et des légumes un peu oubliés aujourd'hui, comme le panais. ... -L'Eglise contrôle les consciences et notamment la consommation de viande, qu'elle interdit 2 jours par semaine, le mercredi et le vendredi, et pour les fêtes religieuses, avec le carême, 46 jours sans viande, les jours maigres.
Toutes ces interdictions cumulées font qu'il y a pratiquement un jour sur deux dans l'année où on ne peut consommer de viande. -Cojons.
Cojons. -Voilà.
Bon, alors, les autres jours, ceux où on a le droit de manger de la viande, parce que l'Eglise le permet, quelle viande on va manger? -Non, surtout pas le bœuf.
D'abord, c'est très rare.
Ensuite, quand on a la chance d'en avoir un, on le garde pour y attacher la charrue. -Qu'est-ce qu'il reste?
Des volailles, des poules, du poulet? -Non, les volailles, ça ne mange que de la céréale.
Les céréales, c'est la base de l'alimentation de la famille, qu'il n'y en a pas assez pour nourrir tout le monde.
Les œufs, à l'époque, sont considérés comme le caviar. -Qu'est-ce qu'il reste? -Il vous reste des cochons, auxquels on donne des pommes de terre, des épluchures de légumes.
Un cochon, ça mange de tout. -Le cochon, c'est la poubelle de la ferme.
C'est un animal qui est courant à l'époque de Louis XIV. -Il est assez courant qu'on va engraisser toute l'année et qu'on va tuer au moment de Noël, car la viande va être consommée par la famille pendant toute une année. -On sait déjà la conserver.
On fait les salaisons de cochon comme aujourd'hui. -Le quartier de viande et le lard sont placés dans des jarres remplies de sel.
C'est le principal moyen de conserve connu depuis les Gaulois.
Chez les nobles, on s'en piffre.
Dans les cuisines des grands châteaux, on en rivalise d'ingéniosité. -Ce sont les débuts de la gastronomie.
source Cle dessonges Vie au quotidien au XVII ème
Un jour à Paris en 1775
Paris, en 1775.
Nous partons à la découverte du quotidien du perruquier Léonard Minet.
Dans la capitale, le secteur de la mode est en plein essor.
"Vous allez faire sensation, c'est certain."
Mais l'opulence côtoie la plus grande pauvreté, et l'hygiène est quasi inexistante.
Quant au petit peuple, il est opprimé et dispose de très peu de droits.
"Vous ne pouvez pas faire ça !"
"Trop tard."
La perruquerie est un artisanat traditionnel qui fait vivre la famille Minet depuis plusieurs générations.
La grande variété des perruques reflète la hiérarchie sociale rigide de l'époque.
Les classes populaires affamées sont de moins en moins résignées face aux excès des riches et des puissants.
Tandis que la monarchie réprime sans pitié les dissidents, "Vous ne pouvez pas emmener mon père !"
Nous sommes le 15 avril 1775, soit 14 ans avant la Révolution.
Avec plus de 25 millions d'habitants, le royaume de France est l'état le plus peuplé et le plus puissant d'Europe.
Louis XVI règne depuis Versailles sur un pays en crise, à la fois politiquement et économiquement.
À Paris, de grands bouleversements s'amorcent.
À côté de la masse pauvre de la population, la bourgeoisie est désormais l'élément moteur de l'économie.
Un secteur en pleine expansion va marquer durablement l'image de Paris, la mode.
Tailleur, parfumeur et perruquier sont les nouveaux initiateurs de tendance.
Dans sa famille, on est perruquier de père en fils depuis trois générations.
Dès son réveil, le jeune homme est en pleine fièvre créatrice.
Il travaille à des esquisses de coiffure pour dames dans le plus grand secret.
À cette époque, les hommes qui façonnent la chevelure de femmes n'appartenant pas à leur entourage immédiat sont encore une exception.
Mais surtout, conformément à la tradition, Léonard doit reprendre l'affaire familiale, car il n'est pas question au 18e siècle de choisir librement sa voie professionnelle.
Pourtant, il a bien envie de se libérer des conventions de son temps.
En bon Parisien qui se respecte, Léonard commence sa journée par un rituel incontournable, la toilette.
Au 18e siècle, Paris est la ville la plus attrayante et la plus moderne dans tous les domaines, à une exception près, l'hygiène, une catastrophe absolue.
Léonard ne jure que par la toilette dite "sèche", qui consiste à se frotter avec un simple linge.
L'eau et le savon sont rarement utilisés et en général à contre-coeur.
Une grande partie de la population pense que l'eau douce, l'eau propre est plutôt nuisible pour le corps.
Elle y ferait pénétrer des impuretés et globalement, il ne serait pas très recommandé d'être au contact de l'eau.
Une chemise en lin est censée absorber la crasse et la sueur.
Léonard en change jusqu'à trois fois par jour, ce qui n'empêche pas la vermine de proliférer.
Les puces et les punaises sont si répandues que les parisiens portent autour du cou de petits pièges creux et perforés, contenant une languette imbibée de sang et de résine.
Attirés par la chaleur corporelle et l'odeur du sang, les parasites restent pris dans la résine.
Ces pièges n'ont qu'une efficacité limitée, c'est pourquoi les mains à gratter, le dos ou la tête, connaissent un grand succès.
Pour couvrir les imperfections de la peau, les poudres et les fards sont incontournables.
L'essence de vinaigre et les parfums en tout genre viennent masquer les odeurs corporelles.
Très demandés, ils existent aussi en format de voyage.
À la fin du 18e siècle, on voit apparaître de très nombreuses descriptions qui mettent l'accent sur la puanteur des gens, les odeurs de sueur.
Soudain, cela devient un problème.
C'est pour cela qu'on a besoin de parfums, pour dissimuler ces odeurs corporelles.
Léonard emploie le parfum le plus onéreux qu'il peut se permettre, un mélange de musque et de narcisse.
Les plus riches préfèrent les senteurs orientales.
La myre est particulièrement prisée, et les parfums sont très délicats.
Le parfum est rarement prisé, mais inabordable pour le jeune homme.
La mode est à l'empilement des étoffes.
Culottes de soie, gilets, jabots, plus il y en a, mieux c'est.
Léonard s'offre des vêtements de bonne qualité en deuxième main auprès des fripiers.
Les nobles doivent suivre en effet le rythme des tendances, et la bourgeoisie, elle, s'arrache ses pièces passées de mode.
Car à l'époque aussi, l'habit fait le moine.
Paris, à l'époque, était bien plus qu'aujourd'hui la capitale européenne de la mode.
Donc ça, ça concerne vraiment le vêtement, la manière de paraître.
Et ça, je pense que c'est lié au système de cours français, qui a été beaucoup imité.
Cerise sur le gâteau vestimentaire, la perruque est un accessoire indispensable.
Son prix représente plusieurs semaines du revenu moyen.
En la matière, c'est d'abord Louis XIV qui a donné le ton.
Le roi soleil cherchait à dissimuler sa calvicie naissante.
La perruque allongée s'est généralisée dans les cours européennes.
Et ce n'est pas tout.
Le reste de la population a emboîté le pas à la noblesse.
La forme des perruques varie selon le statut et le métier de ceux qui les portent.
Elles sont plus simples et meilleurs marché dans les strates les plus bases de la société.
Voilà un siècle qu'elles sont un marqueur social en France.
Mais en 1775, le monde de la mode est en plein changement.
Bonjour.
Les minets le sentent bien.
Leur carnet de commande est presque vide et les ventes de perruques sont au point mort.
Pour compenser, ils misent tout sur leur deuxième activité, barbier.
Ce mois-ci, la maison va effectuer 12 rasages et confectionner une seule perruque.
Le mois suivant, il n'y a que des rasages au programme.
Un an plus tôt, à la même époque, les minets avaient encore une dizaine de perruques en commande.
Ce qui apparaît très clairement à Paris, c'est que la perruque emblématique de l'ancien régime doit être mise au rebut.
Il y a dans le même temps un retour de balancier en faveur des chevelures naturelles qui reviennent en grâce.
Le cheveu naturel devient le symbole d'une nouvelle ère.
Diderot, Montesquieu ou Rousseau, philosophes emblématiques des lumières, ne portent pas de perruques pour marquer leur indépendance d'esprit.
La tendance s'impose aussi à la cour où les premiers coiffeurs pour dames redessinent la chevelure des femmes.
On parle de plus en plus de leur création capillaire.
Léonard, regarde cet article.
Il y est question d'une coiffure extravagante commandée par une dame à la cour du roi.
Avec son ouvrier, Bertrand, Léonard se tient au courant de toutes les nouvelles toccades de la noblesse.
Le développement de la coiffure pourrait être l'occasion de se faire un nom et de relancer l'atelier familial.
Les coiffures extravagantes.
Voilà, c'est ça l'avenir.
Je te le dis Bertrand, si je pouvais m'occuper de la tête de Marie-Antoinette, je lui ferais une coiffure dont le tout Paris jaserait durant des jours et le nom de Minet serait sur toutes les lèvres à Versailles.
Comment ?
J'entends encore parler de Versailles.
Ces coiffures n'intéressent personne à la cour.
Ce n'est qu'une toccade ridicule.
Est-ce que tu entends ?
Elle passera si vite que tu n'auras pas le temps de la voir défiler sous tes yeux.
Combien de barbes voulez-vous encore raser père ?
Le père du jeune homme n'apprécie guère ces nouvelles idées.
Qu'est-ce que tu veux au juste ?
Tu devrais baiser le sol sur lequel tu te tiens toute la journée.
Cet atelier est ton avenir Léonard, tu ne le vois pas.
De toute évidence, tu n'es pas vraiment au fait des réalités du monde sans pitié dans lequel nous vivons.
Tiens, va livrer ses cheveux et rapporte la commande de chez le boulanger.
Puni, Léonard est envoyé faire une course.
Une tâche normalement réservée aux apprentis.
La maison Minet se trouve rive droite, non loin de la luxueuse rue Saint-Honoré, qui concentre les grands noms de la mode.
Un quartier élégant aux rues larges, agrémenté de jardins et d'hôtels particuliers.
Dans le berceau historique de la ville, l'île de la cité, les maisons sont au contraire serrées le long de ruelles étroites.
C'est là que se rend les rues.
Il y a la cour à Versailles qui a attiré énormément les aristocrates, ce qui a provoqué l'arrivée de beaucoup de domestiques pour servir dans les maisons.
Il y a aussi beaucoup d'artisans qualifiés, d'ouvriers qualifiés qui sont attirés par justement cette présence des classes riches à Paris.
Et puis bien sûr, il y a aussi une masse importante de pauvres, de mendiants.
Devant cet afflux de population, chaque mètre carré est utilisé.
Le pont Notre-Dame est ainsi hérissé d'immeubles de cinq ou six étages.
Pourtant, la pénurie de logements est une réalité.
Avec la flambée des loyers qui en résulte, les expulsions se multiplient et les Parisiens changent fréquemment d'adresse.
La ville a instauré des créneaux de déménagement fixes, quatre fois par an, entre le 8 et le 20 des mois en question.
En chemin, les loyers sont à la hauteur de la ville.
En chemin, Léonard croise des représentants de toutes les couches sociales.
Certains sont là pour acheter de coûteuses marchandises d'importation, tandis que d'autres rêvent à des jours meilleurs et tentent de survivre au quotidien.
Les petits métiers de la rue sont aussi variés qu'innombrables.
Préservation de l'eau, préserver la propreté des souliers, voilà un créneau porteur.
L'absence d'hygiène est un problème majeur de la voirie parisienne.
L'habitude est au tout à la rue pour se débarrasser des ordures.
Les décharges à la périphérie de Paris ne sont guère utilisées.
À la moindre averse, le pavé se couvre de flaques nauséabondes.
Les eaux saumâtres et les matières fécales envahissent les nappes phréatiques et la Seine, principale source d'approvisionnement en eau potable de la capitale.
Cette situation conduit à une recrudescence de maladies gastro-intestinales.
L'absence d'hygiène est désagréable, mais aussi néfaste pour la population, sans compter qu'elle finit à long terme par nuire à la santé économique de la ville.
Un autre danger sommeille sous les pieds des Parisiens, invisible celui-là.
Voilà plusieurs dizaines d'années que des ingénieurs comme Franck Charbonneau arpentent et cartographient les entrailles de la capitale.
Un labyrinthe de galeries et de puits datant de deux millénaires qui s'étend sur quelques 300 kilomètres.
Ce réseau souterrain descend jusqu'à 35 mètres de profondeur.
Pendant des siècles, le sous-sol de Paris a servi de carrière de pierre pour la construction.
Des tonnes de calcaire et de gips ont ainsi été remontées à la surface par ces galeries interminables.
Cette pierre a été utilisée pour construire les monuments principaux de Paris, que ce soit les églises, les châteaux, les ponts.
C'était la première utilisation.
De nombreux arrondissements de Paris sont concernés par ce phénomène.
Or, l'exploitation de ces richesses souterraines a profondément miné le socle de la ville.
Au XVIIIe siècle déjà, de nombreux quartiers reposent sur un sous-sol en gruyère, ce qui fragilise considérablement les constructions.
Des immeubles s'affaissent brutalement, blessant et tuant de nombreuses personnes.
Pourtant, nul ne sait encore pourquoi la terre s'ouvre ainsi.
"J'ai tout perdu, c'était rien."
"On va vous aider, vous n'êtes pas seule."
"Excusez-moi, que s'est-il passé?"
"La terre s'est de nouveau ouverte.
C'est déjà la deuxième fois cette semaine.
Je n'y comprends rien."
"Je n'ai plus rien, je vais jamais m'en sortir."
"Qu'est-ce qui nous arrive?"
La série de catastrophes a commencé en 1774 avec un effondrement dans une grande artère, la rue d'Enfer.
Mais il faut attendre d'autres tragédies pour que le roi crée l'inspection des carrières en 1777.
Elle répertorie les vides qui menacent la solidité des voies et fait consolider les galeries.
"Un des... qui a marqué le plus, c'est un effondrement rue d'Enfer qui a ensevi une bonne vingtaine de mètres de la route."
"Ça pouvait effectivement créer des vents de panique."
Autre motif de panique, le prix du pain qui fluctue sans arrêt et double parfois du jour au lendemain sous l'effet des mauvaises récoltes et de la spéculation.
Chez le boulanger, la foule manifeste son mécontentement.
Les perruquiers gaspillent la farine devenue inabordable pour poudrer leur création.
Elle fait l'effet d'un shampoing sec.
"C'est une plaisanterie !
Pendant que nous mourrons de faim, vous utilisez la farine pour faire des coiffures ?
Vous devriez avoir honte !"
A la veille de la Révolution française, Paris est une ville en ébullition.
Le petit peuple, les artisans et surtout les paysans sont en train de s'enfoncer dans la spirale de la pauvreté, du ressentiment et de la colère qui va plus tard déboucher sur des violences.
"Leutte, plus tard, à la violence !"
Léonard n'a pas encore récupéré toute sa commande.
Ces pâtés-là ne se mangent pas.
Le perruquier forme les boucles de ses perruques sur des bâtons de buis et les entoure de papier.
Puis, il les confie à un boulanger qui les enveloppe à son tour dans une pâte à base de farine de seigle et les fait cuire à four doux.
Les boucles conservent ainsi leur arrondi et leur fermeté.
C'est le dernier cri pour les parures les plus onéreuses.
Les minets-périfices ne sont, de loin, pas les seuls perruquiers de Paris.
Quelques 800 ateliers témoignent d'une tradition déjà bien ancrée.
Mais la concurrence est rude et la clientèle à fort pouvoir d'achat attise toutes les convoitises.
Pour se distinguer, il est impératif d'être au petit soin pour ses clients.
À l'intérieur de l'atelier du perruquier, tout n'est que luxe, calme et raffinement.
Le tumulte de la rue paraît très loin.
En maître artisan, Léonard supervise le travail des employés.
C'est un grand jour.
Il reçoit l'un de ses plus fidèles clients.
Et sa commande est la seule du mois.
Je crois, tous les espoirs de l'atelier reposent sur Monsieur de Villon, invité le soir même à un bal donné par le roi.
Tandis que Léonard met la dernière main à la perruque de l'aristocrate, son père le rase et le flatte dans les règles de l'art.
Ils ont bon espoir qu'il vante les mérites de son perruquier à son entourage huppé.
L'univers de la cour offre la promesse de lucratives affaires.
Les perruques y sont toujours à l'ordre du jour et il peut suffire d'une création un peu tapageuse pour relancer les affaires d'un petit artisan.
Dans le grand théâtre versaillais, il s'agit avant tout de se faire remarquer.
Au demeurant, les perruquiers de l'époque sont bien plus que des artisans.
Gabriele Filistrucchi le sait bien.
Cet octogénaire incarne la 8ème génération d'une longue lignée de perruquiers florentins.
Au 18ème siècle, les Filistrucchi réalisaient des perruques pour différentes classes sociales, de la bourgeoisie à la noblesse.
Pour pratiquer son art, l'artisan doit comprendre, mais aussi écouter son cœur, puis transmettre tout cela jusqu'à sa main.
Notre savoir-faire consiste à transposer en trois dimensions un dessin réalisé à plat.
Voilà notre art.
Petite démonstration avec le fils de Gabriele, Gerardo.
Le perruquier a fait réaliser une tête en bois reproduisant la forme de celle de son client.
Il y cloue un bonnet, un assemblage d'étoffes de gaz qui va délimiter la forme de la perruque.
Le tout est cousu sur une armature de ruban en tissu, afin de garantir le maintien des perruques les plus fournies.
Rien n'est trop beau pour les clients fortunés.
En 1775, la gaze à perruque la plus onéreuse vient de Lyon.
Elle est particulièrement souple, mais aussi stable et résistante.
Le choix des cheveux est une science en soi.
Léonard utilise une base de crin de cheval, un matériau solide et relativement bon marché qui va donner du volume à la perruque.
La couverture est en revanche constituée exclusivement de cheveux humains.
Les plus coûteux sont les cheveux blonds.
Les fournisseurs s'approvisionnent en Flandre ou en Normandie, auprès de paysans nécessiteux.
Mieux vaut une perruque blonde.
C'est comme un cadre doré autour d'un tableau.
Selon que vous choisissez un encadrement noir ou doré, le résultat est complètement différent.
De la même façon, le noir assombrit et durcit les traits, tandis que le blond les adoucit.
Les cheveux sont triés en fonction de leur longueur, puis noués en fines mèches autour de fils de soie.
Le nombre de passages entre ces fils va notamment déterminer la densité de la perruque.
Un travail délicat qui requiert des doigts fins et habiles.
Le produit fini porte le nom de tresse.
Il faut entre 40 et 60 de ces tresses pour constituer une perruque de bonne qualité.
Chacune est ensuite cousue sur la gaze, une disposition savante permettant d'obtenir une chevelure d'une épaisseur régulière et d'une forme équilibrée.
Il reste encore à coiffer délicatement le tout.
Le fer à friser doit être chaud, mais pas trop.
Les cheveux humains plus fins risqueraient de brûler, ce qui anéantirait tout le travail accompli.
Les chévistes ruggis emploient toujours le matériel de leurs ancêtres.
De nos jours, il existe des fers électriques, mais on utilise encore celui-là, qui se chauffe sur le feu.
Ça permet de mieux doser la chaleur.
Une fois la bonne forme obtenue et les boucles en place, vient le moment des finitions.
Léonard emploie une pommade à base de graisse de porc, de cire d'abeille et d'huile parfumée.
La perruque est désormais présentable.
Mais le père de Léonard doit encore juger le travail accompli.
Bravo, mon fils.
Avec cette perruque, monsieur de Villon va faire très bonne figure à Versailles.
Sûrement, père.
Cela dit, je doute fort que ce travail nous rapporte des affaires supplémentaires.
Vous le savez, les gens ne se pâment que devant les coiffures des dames.
Quand vas-tu enfin me faire confiance ?
Oublie toutes ces bêtises.
Garde les pieds sur terre, mon fils.
Décidément, le jeune homme a du mal à faire passer ses idées.
Vous allez faire sensation à la clôture, c'est certain.
Mon fils a accompli un travail d'orfèvre sur cette perruque.
Le verdict de l'exigeant monsieur de Villon est attendu avec impatience.
Encore une touche de poudre de lys aux effluves délicates pour fixer la forme de la perruque.
Voilà !
Oh là là, monsieur !
Vous avez l'allure d'un roi, maintenant !
Il ne reste plus qu'à s'assurer que le roi s'en aille rapidement, de façon à ce que vous puissiez prendre place sur le trône !
Vous avez beaucoup de respect pour notre roi, j'espère ?
Mais ce n'était... ce n'était qu'une plaisanterie !
Ce serait terrible s'il arrivait quoi que ce soit au roi.
Vous devriez vous abstenir de ce genre de plaisanterie.
Cette plaisanterie malheureuse était-elle de trop ?
Une remarque irrévérencieuse à l'égard du souverain peut coûter cher.
En témoignent les très nombreux dossiers de police conservés à la bibliothèque de l'Arsenal à Paris.
Ils montrent comment la monarchie absolue a fait de la France un véritable état policier.
Les forces de l'ordre rémunèrent alors quelques 300 informateurs, ou "mouches", qui se mêlent à la population, y compris parfois d'anciens criminels.
C'est la surveillance des lieux publics, ce qui se dit dans les rues, dans les cafés, les cabarets, mais aussi sur les places, quand il y a des grands événements.
Dans ce cas-là, des gens sont là, parfois déguisés, on ne les reconnaît pas toujours, et ils écoutent, ils ouvrent bien les oreilles et ils rédigent.
Cet espionnage permanent a de quoi freiner les velléités d'insurrection des Parisiens.
L'objectif est d'étouffer dans l'œuf toute révolte populaire.
Il fallait contrôler l'opinion, il y avait vraiment une grande anxiété vis-à-vis de l'opinion publique.
Les informateurs sont répartis dans les 20 circonscriptions policières de Paris.
Ils rendent compte à l'inspecteur dont ils dépendent, lequel fait remonter sans attendre ces informations à sa hiérarchie.
Le roi est très vite averti de tout commentaire déplacé à son endroit.
Avec ce système, un suspect peut être appréhendé en l'espace d'une journée.
Dans ce climat délétère, le perruquier pourrait bien être inquiété.
Messieurs, je vous tire ma révérence.
Une commande à honorer.
Une excellente soirée au bal, M.Levillon.
Léonard s'éclipse en réalité pour se rendre au théâtre.
Il en existe déjà plusieurs à Paris.
L'un de ses préférés est la comédie française.
Un rendez-vous important l'attend qui pourrait l'aider dans ses projets.
Le théâtre est le média majeur.
Pendant tout le XVIIIe siècle, le théâtre est le média majeur.
Tout le monde comprend qu'il possède un pouvoir, en bien comme en mal, qu'il ne faut pas sous-estimer.
Nous sommes dans une société marquée par un fort taux d'analphabétisme, où les gens veulent s'informer de ce qui se passe dans la société et où toutes les occasions de se réunir sont bonnes.
Le théâtre a une marque qui ne peut pas être sous-estimée.
On ne joue pas seulement dans les grandes salles couvertes, on joue aussi dans des théâtres ambulants et en pleine rue.
Le programme va des tragédies aux comédies comportant des éléments de critique sociale qui attaquent plus ou moins ouvertement le roi et la noblesse.
Musique Toc toc Entrez !
Enfin, vous êtes là !
J'ai eu une idée très originale !
Lucille est l'étoile montante de la comédie française.
Je vais jouer la fée aujourd'hui.
C'est pour ça que je dois avoir l'air exquise et enchantresse.
Vous le serez, rassurez-vous.
Vous permettez ?
Voilà des mois que Léonard et Lucille se rencontrent en secret pour tester des créations capillaires.
Ce nouveau rôle de fée est une aubaine pour le perruquier.
Il existe alors des comédiennes et des comédiens exceptionnels qui semblent faire l'objet d'un culte pratiquement digne d'une star d'aujourd'hui.
On va au théâtre pour les admirer à divers titres, parce qu'ils sont beaux, parce qu'ils portent des costumes somptueux ou encore parce qu'ils ont des coiffures merveilleuses.
La dernière invention de Léonard est une coiffure haute et richement ornée.
Grâce à Lucille, le jeune homme espère bien attirer l'attention de la haute société sur ses créations raffinées.
Pour conquérir cette notoriété, ce sont les femmes qu'il faut convaincre.
Léonard laisse libre recours à sa créativité.
Là où les perruques sont avant tout l'indice d'un statut social, les coiffures poursuivent un tout autre objectif.
Mettre en valeur la beauté et la personnalité de celles qui les arborent et leur permettent ainsi de sortir du lot.
Voilà !
Les femmes de la ville vont toutes tomber sous le charme de cette fée.
Et elles voudront lui ressembler.
Léonard est un homme de la vie.
Il est un homme de la vie.
La touche finale est une pierre.
Fausse, mais tout à fait convaincante.
Les bijoux d'imitation sont très en vogue à Paris.
Seuls les détenteurs de grandes fortunes peuvent s'offrir des bijoux précieux.
Les plus modestes aspirent pourtant aussi à des parures scintillantes.
Quelques joyés s'engouffrent dans la brèche et se mettent à proposer des bijoux accessibles à toutes les bourses.
L'astuce consiste à utiliser des matériaux simples qui imitent les pierres et les métaux nobles.
On voit ainsi apparaître d'élégantes collections en strass qui font parfaitement illusion.
Le prix n'a bien sûr rien à voir.
Une paire de boucles d'oreilles en argent coûte 42 sous quand elle est sertie de vrai diamant.
Seulement neuf avec du strass.
Le diamant est le produit de luxe, le strass qui lui ressemble est le produit de demi-luxe.
L'or est le produit de luxe, le similor sont des produits de demi-luxe.
Les produits de demi-luxe, ce sont des produits qui ressemblent au luxe mais sans en être.
Le strass devient même une mode en soi.
Broches, fermoirs de chaussures, boucles d'oreilles et bagues brillants de mille feux envahissent les commerces.
De même, à la place de la porcelaine, très onéreuse, la faïence fait son entrée sur les tables bourgeoises.
On ne pouvait pas dire que les produits de demi-luxe, comme ils étaient demi, c'était pour les demi-riches.
Ces produits-là ont attiré aussi des aristocrates, des gens très fortunés.
Ils étaient renouvelés sans cesse.
Il y avait sans cesse de nouvelles inventions.
C'était des produits à la mode qui évoluaient et qu'au contraire il fallait plutôt arborer.
Le secteur des biens de consommation devient l'un des plus prospères de France.
Le nombre de boutiques à Paris fait un bond.
La ville édite même des annuaires afin que les acheteurs s'y retrouvent.
On dénombre alors dans la capitale 124 joyers, 40 papetiers, plus de 60 parfumeurs et 252 orphèvres.
En 1775, Paris est en somme la capitale mondiale du shopping avant l'heure.
Les étrangers affluent, que ce soit pour acquérir les dernières créations dans les boutiques des grandes artères commerçantes ou pour faire des affaires.
En revanche, les restaurants sont encore peu nombreux.
Les parisiens d'extraction modeste mangent chez eux ou dans la rue.
Les regrettiers prospèrent en revendant les restes des repas servis dans les grandes maisons.
La demande est énorme.
Mieux vaut cependant se méfier de certains petits marchands qui arpentent les rues avec leur étal portatif.
Ils vendent parfois du vin et du vinaigre coupé à l'eau ou encore du sel mêlé de sable.
Les tables de la haute société sont richement garnies.
Les plus fortunés peuvent s'offrir des denrées importées des colonies, café, tabac, sucre ou thé.
On sert des mets exquis et des vins fins aux invités, tandis que cuisiniers et pâtissiers rivalisent d'imagination.
Les desserts aux formes extravagantes sont un plaisir pour l'œil et aiguisent l'appétit.
La gastronomie devient un thème à la mode.
C'est le développement de la grande cuisine et des livres de recettes, mais aussi l'apparition des grands cuisiniers qui travaillaient pour la noblesse.
C'est tout un peuple de gourmets qui se révèle alors.
Léonard s'achète un petit pâté à la viande, nourriture de prédilection de nombreux parisiens.
Il y a une grande part de la population de Parisienne qui ne mange pas de la nourriture.
Léonard s'achète un petit pâté à la viande, nourriture de prédilection de nombreux parisiens.
Les injustices sociales sont une réalité quotidienne.
La noblesse impose ses règles.
C'est le règne de l'arbitraire.
Et pour le sujet ordinaire, il est vain de demander des comptes aux nobles ou même à leurs domestiques.
Là, il y a très souvent des litiges et des plaintes contre des domestiques de grands personnages.
Qui ont porté des coups, le cocher qui a donné un coup de fouet, le laquet qui s'est énervé qui a donné un coup de bâton.
Donc on porte plainte contre le laquet et pas contre le grand personnage.
Après, il peut y avoir des systèmes de protection.
Le grand personnage va soutenir son laquet.
Il y a des systèmes de protection qui peuvent être mis en jeu.
Le peuple a décidément bien peu de droits, comme le constate Léonard à son retour à l'atelier.
A cause de sa plaisanterie inoffensive, son père est appréhendé.
Telle est la réalité quotidienne à Paris.
Les rapports de police des années précédant la révolution laissent deviner une situation politique explosive.
Ils sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France.
Les archives comportent aussi des lettres de cachet, dont certaines en blanc.
Elles permettent aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations en pleine rue.
Signées de la main de Louis XVI, elles portent son sceau.
Nul n'est à l'abri de l'arbitraire du pouvoir.
Les policiers, pour eux, c'est un instrument pratique.
Ça leur permet d'arrêter quelqu'un tout de suite, pour après le conduire chez le commissaire.
En prison, provisoirement, ça tient le rôle d'une garde à vue.
On le conduit à la Bastille, et puis après, il peut être interrogé directement à la Bastille par un inspecteur.
C'est très pratique.
Et c'est tellement pratique que beaucoup d'inspecteurs peuvent en avoir en blanc déjà signé.
Donc ils n'ont plus qu'à les remplir.
Pour la famille des suspects, c'est souvent un parcours du combattant qui commence.
Il n'est pas rare que les intéressés disparaissent plusieurs semaines, tandis que leur épouse ou leur parent multiplient les pétitions au roi.
C'est une manière de régler les problèmes rapidement, et d'utiliser la justice retenue comme un petit peu comme on utiliserait une maison de correction.
On enferme la personne fautive pour un petit peu la faire réfléchir, et jusqu'à ce qu'on décide de la relâcher parce qu'il a suffisamment réfléchi.
Léonard est effondré.
Avec l'arrestation de son père, la réputation de la maison Minet est en péril.
La clientèle risque de déserter l'atelier par crainte d'être associée à un individu douteux.
Quant à son rêve de devenir un coiffeur renommé, il semble compromis.
Monsieur Minet ?
Lequel recherchez-vous ?
Le père ou le fils ?
Maître Léonard Minet, le coiffeur.
Il est devant vous.
Sa grâce, la duchesse de Longueville, souhaite recourir à vos services.
Et pardonnez-moi ma brusquerie, si cela ne vous met pas dans l'embarras, elle souhaiterait y recourir tout de suite.
Vous devez être au courant du bal.
Le bal du roi ?
Oh mon Dieu !
Oui, naturellement !
Une duchesse résidente à Versailles a remarqué les créations audacieuses de Léonard.
Une aubaine pour le jeune homme.
Apportez-moi l'épée de mon père.
Sans épée, impossible d'accéder au château.
Puisque Léonard n'en possède pas lui-même, il emprunte celle de son père.
Il y a un système de physionomiste à l'entrée du château qui vérifie, les gardes vérifient que vous avez bien pour les hommes une épée, puisque l'épée fait partie de l'habit de gentilhomme, donc ce n'est pas une arme.
Donc on a des codes, des dress codes pour rentrer à Versailles.
Nous pouvons vous fournir une épée de toute beauté.
Merci, mais celle-ci conviendra parfaitement aux circonstances.
Versailles a beau être un fréquent sujet de friction entre le jeune homme et son père, aucun membre de la famille n'a encore eu l'occasion de s'y rendre.
La tradition de la monarchie française faisait que le roi devait être accessible et donc quiconque pouvait lui écrire directement, c'était un système de placet.
Et donc le roi se faisait un devoir de répondre à quiconque lui écrivait.
Alors évidemment, au même titre que l'accessibilité du château, tout cela était très relatif dans le sens où le petit paysan du fin fond de la France n'avait pas idée d'écrire directement au roi de France, ni même de venir visiter Versailles.
C'est la première fois que Léonard traverse Paris en carrosse.
Pour parcourir la vingtaine de kilomètres qui séparent Versailles de la capitale, il faut compter environ une heure et demie de route.
Tout autour du château, l'ancien village de Versailles a cédé la place à une ville de cinquante mille habitants.
C'est là que réside une partie des domestiques, pâlefreniers, blanchisseuses, boulangers et artisans travaillant pour la cour.
C'est un Léonard très ému qui arrive à l'entrée de l'aile sud du château.
De nombreux courtisans sont logés dans ce bâtiment tout en longueur.
Symbole par excellence de la monarchie absolue, le château de Versailles concentre l'opulence et l'extravagance, le prestige et le pouvoir.
L'édifice aux dimensions imposantes donne sur d'immenses jardins agrémentés de pièces d'eau.
Les espaces intérieurs sont tout aussi fastueux.
Sauf au rez-de-chaussée de l'aile sud où les courtisans vivent dans des conditions plus sommaires.
Ils se plaignent régulièrement à l'intendance du froid constant dans leur quartier mal entretenu.
Dans le corps central du château, au contraire, c'est une débauche de marbre et de dorure.
Notamment dans la galerie des glaces, longue de 73 mètres, où le roi donne de temps à autre de grands balles où la noblesse parade.
Deux mondes aux antipodes se côtoient ainsi à Versailles.
D'un côté les 160 salles d'apparat et les appartements royaux.
De l'autre, quelques 2500 logements plus modestes.
On estime jusqu'à 5000 le nombre de personnes qui résident au château au 18e siècle.
En fonction de leur rang et de leur statut, elles disposent de plusieurs pièces ou d'une simple chambre.
Certains accès aux appartements sont dissimulés derrière des miroirs ou des tapisseries de soie.
Un labyrinthe de portes, de pièces et de couloirs permet de gagner les ailes latérales du château.
Cet agencement complexe rend difficile une cartographie précise.
L'idée était à l'origine de permettre à chaque courtisan de se retirer dans ses appartements à partir de la galerie des glaces.
La Duchesse, cliente de Léonard, réside dans l'aile sud côté jardin.
Elle a de la chance, c'est la partie du bâtiment réservée aux personnalités éminentes.
Dans le bâtiment principal, on trouve une petite chambre de la chambre de la duchesse.
Elle est encore plus grande que la chambre de la duchesse.
Dans le bâtiment principal, on trouve des logements jusque sous les toits, accessibles par d'interminables volets de marche.
Ils sont destinés aux membres de la cour moins en faveur.
Voici la mansarde de 12 mètres carrés occupée par une femme de chambre.
Il y a de la place pour un lit, une table et une petite cheminée.
Sa propre servante n'avait droit qu'à une couche dans la sous-pente.
La répartition de l'espace à la cour suit une hiérarchie très stricte.
Donc on a à Versailles une sorte de creuset de la société française à l'époque, puisqu'on a les plus petits serviteurs jusqu'au plus grand nom de la noblesse de France.
Le roi et sa famille résident au cœur du château.
Le rang des courtisans à la cour s'évalue à la mesure de leur proximité avec le souverain.
L'aile nord accueille une partie de la haute noblesse ainsi que le cardinal.
Pour la petite noblesse et les domestiques, c'est une ancienne dépendance, destinée au personnel et aux officiers du roi, qui a été transformée.
Enfin, l'aile sud accueille les princes du sang et d'autres membres de la noblesse.
À 19 heures précises, Léonard est introduit dans les appartements de la duchesse de Longueville.
Ce soir, au souper, la duchesse sera assise à côté du roi.
Je me suis laissé dire que vous étiez très doué.
Faites en sorte que tous les regards soient tournés vers moi.
C'est compris ?
Avec plaisir.
Léonard sait qu'il n'a pas droit à l'erreur.
Il doit à présent mobiliser toute son inventivité et tout son savoir-faire.
Il a longtemps été inconvenant pour un homme de manipuler la chevelure d'une femme qu'il ne connaissait pas.
A fortiori si elle appartenait à la haute société.
Mais la nouvelle profession de coiffeur amène une rupture dans les conventions sociales.
Léonard ne se laisse pas impressionner.
Il est dans son élément tout à sa création.
Deux heures plus tard, l'œuvre est achevée.
Une coiffure haute et raffinée, aux boucles somptueuses, parfaite pour un bal.
Il ne lui manque qu'une touche personnelle.
Votre grâce n'aurait pas par hasard sous la main un objet qui lui tiendrait à cœur ?
Quelle est votre activité favorite ?
En vérité je n'ai pas beaucoup de passe-temps en dehors des parties de cartes.
Comme toute la cour.
Le mieux auprès des courtisans c'est le jeu, puisque c'est quelque chose de grisant, quelque chose d'envoûtant pour les courtisans de pouvoir jouer avec le roi et avec la reine, d'autant plus qu'on est dans des situations où l'étiquette est gommée, où la hiérarchie des rangs est gommée et on peut jouer, s'asseoir avec le roi ou avec la reine.
Des cartes à jouer, voilà la solution.
La cour se passionne pour le jeu, à l'instar de Marie-Antoinette, qui s'y adonne parfois avec excès.
Cet accessoire ne manquera pas d'attirer l'attention.
Léonard parachève ainsi la création dont dépend tout son avenir.
Voilà !
Ces coiffures volumineuses vont prendre des formes toujours plus extravagantes jusqu'à la Révolution française.
Elles suscitent les moqueries et sont une des cibles privilégiées des caricaturistes.
Ceux-ci n'hésitent pas à représenter des coiffures si hautes qu'elles sont plus grandes que la femme qui les porte.
Stabilisées à l'aide de fils de fer et de pièces de bois, elles sont parfois très lourdes et empêchent l'intéressé de se déplacer sans aide.
On dépense en outre des sommes folles pour les agrémenter d'accessoires et de bijoux en tout genre.
Ces coiffures deviennent emblématiques d'une aristocratie qui vit dans l'opulence et dilapide son argent.
Les caricatures montrent par exemple souvent des femmes qui ne se rendent pas compte que leur coiffure a pris feu.
Une façon de montrer aussi que l'ordre social est sur le point de se développer.
Mais en 1775, le petit monde versaillais est encore serein et les coiffures vertigineuses sont une nouveauté.
Celles de la duchesse de Longueville attirent tous les regards et suscitent des murmures d'approbation.
Les caricatures sont une nouvelle forme de caricature.
Elles sont plus ou moins de la même taille que les caricatures de la duchesse de Longueville.
Alors que sa cliente se jette dans la mêlée, Léonard en croit à peine ses oreilles.
Même les jeunes dames de la cour, qui ont souvent la dent dure, sont en admiration et multiplient les compliments.
Pari gagné pour Léonard.
Ce soir, son nom va circuler parmi les convives.
Bientôt les gazettes en vue vont elles aussi se faire l'écho de ses créations.
Et l'essor du métier de coiffeur va permettre au jeune homme de vivre pleinement sa passion.
Pour son père, tout est bien qui finit bien également.
Il est relâché et l'atelier minet qui semblait au bord de la faillite se reconvertit bientôt dans la coiffure pour la cour.
L'histoire de Léonard Minet est inventée.
Pourtant, elle comporte une part de vérité.
C'est celle d'un jeune homme qui, comme tant d'autres, en des temps difficiles, prend son destin en main pour réaliser son rêve.
L'histoire de Léonard Minet Le jour où Léonard Minet va se réveiller.
Le jour où Léonard Minet va se réveiller.
Léonard Minet ♪ ♪ ♪ Source
Documentaire Un jour à Paris en 1775- Documentaire mode