« Comment les civils seront-ils protégés lorsque l’utilisateur d’une arme autonome ne sait pas exactement où et quand, ou quoi, elle va détruire ? Ou imaginez que le capteur d’une arme autonome soit déclenché par des bus civils dont la forme est similaire à celle des véhicules de transport de troupes et qu’il commence à frapper tous les bus sur une large zone sans que l’utilisateur puisse intervenir et la désactiver ? ».
Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prononçait ces mots alors que venait de débuter à Gaza ce que le renseignement militaire israélien allait qualifier de « première guerre de l’intelligence artificielle ». Deux mois plus tôt, un rapport des Nations unies mettait en avant l’utilisation en Libye de munitions rôdeuses de fabrication turque « sans nécessiter de connectivité de données entre l’opérateur et la munition ».
On le voit, l’actualité depuis le début de l’année 2021 rend la question des armes autonomes plus brûlante que jamais auparavant, notamment en raison de la place que ces armes prennent désormais dans les conflits armés, mais aussi parce que les discussions diplomatiques concernant ces armes — bloquées depuis plusieurs mois — ont retrouvé un certain élan sous la présidence de la Belgique.
Le présent rapport propose de faire le point sur ces développements et sur les nombreuses questions qui se posent aujourd’hui. Qu’est-ce qu’une arme autonome ? Qui en produit ? Que penser de ces réactions récemment reçues de producteurs que nous avions interpellés ? Peut-on parler d’« armes autonomes antipersonnel » ? Que sait-on des premiers cas d’utilisation ? À quoi ressemblent les systèmes les plus avancés, notamment les systèmes opérant en essaim ? Un traité sur les armes autonomes est-il envisageable et sur quelles bases ?