Les rats sont capables de se repérer dans un endroit sans y être physiquement en se remémorant la carte mentale de leur environnement.
Prêts pour une petite expérience ? Fermez les yeux et pensez à votre cuisine, par exemple. Imaginez maintenant le chemin pour vous y rendre. Visualisez mentalement les marches à monter, les obstacles à éviter… Normalement l’exercice est assez facile. Il faut dire que nous disposons d’une sorte de GPS dans notre cerveau. Les rats en possèdent aussi un.
Tout comme les humains, quand ces mammifères explorent un endroit nouveau, des neurones de l’hippocampe, une petite région cérébrale spécialisée dans la mémorisation, s’activent, et une carte mentale de leur environnement s’inscrit dans leurs souvenirs.
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Des chercheurs de l’institut médical Howard Hughes, à Boston, aux États-Unis, montrent que les capacités cognitives de ces rongeurs vont encore plus loin. “[Ils] ont découvert que les rats étaient capables de retrouver leur chemin dans un endroit qu’ils avaient déjà exploré en utilisant seulement la pensée. Cela suggère que les rongeurs ont une sorte d’imagination”, écrit The Guardian, qui consacre un article à cette étude, fruit de dix ans de travail et publiée le 2 novembre dans Science.
La capacité d’abstraction visuelle de ces animaux a été testée grâce à un dispositif original. “Les chercheurs ont placé des rats dans une arène de réalité virtuelle [dans laquelle ils les ont entraînés à se déplacer]. Puis les rats avaient, selon l’expérience, le pouvoir de type Jedi de se ‘téléporter’ ou celui de déplacer un objet vers un endroit spécifique en utilisant uniquement leur pensée”, relate The Washington Post. À chaque réussite, le rat recevait de l’eau sucrée en récompense.
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Les performances ont été excellentes. Le quotidien américain rappelle que le scientifique Edward Tolman avait posé comme postulat, dès 1948, l’existence d’une carte de l’environnement dans le cerveau du rat. “Mais jusqu’à cette nouvelle étude, personne n’avait été en mesure de montrer qu’un rat pouvait réellement contrôler cette carte en l’utilisant pour s’orienter mentalement dans un endroit différent de celui où il se trouvait à ce moment précis.”
Le chercheur Albert Lee, qui a dirigé les travaux, explique au magazine américain Newsweek :
“Nous disposons ainsi d’un modèle animal de l’imagination, donc nous allons pouvoir étudier les mécanismes cérébraux sous-jacents à l’imagination.”
Avant de s’interroger sur le classement des animaux ayant le plus d’imagination.