Certaines surfaces agricoles seront installées en pied d'immeuble. (DR)
Développer une activité d'agriculture professionnelle au plein milieu d'une zone urbaine et aux portes de Paris. C'est le pari ambitieux de la future agrocité Gagarine-Truillot à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), pilotée par l'établissement public d'aménagement Orly Rungis - Seine Amont (EPA Orsa). L'aménageur public a lancé en janvier un appel à manifestation d'intérêt (AMI) à destination de l'écosystème de l'agriculture urbaine. Objectif : trouver l'exploitant pour les quelque 2,3 hectares de surfaces agricoles qui seront disséminées dans le futur écoquartier de 167.000 m2.
Ce dernier s'élèvera notamment à la place des célèbres barres en brique rouge de la cité Gagarine. Jugées trop insalubres, elles avaient été déconstruites entre 2019 et 2020. L'opération d'aménagement vise plus globalement à redynamiser et désenclaver ce quartier situé juste à côté de la gare du RER C. Quelque 62.000 m2 seront ainsi consacrée à l'activité économique. Côté équipements, un nouveau groupe scolaire, un gymnase, une maison de quartier et une crèche départementale sont prévus.
Surfaces agricoles au pied des immeubles et en toiture
Enfin, plus de 1.400 logements vont être construits, dont 30 % de logements sociaux. Située dans un quartier politique de la ville, l'opération d'aménagement bénéficiera d'un coup de pouce de la part de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) pour développer l'agriculture urbaine. Elle avait été sélectionnée en mai 2021 dans le cadre de la deuxième édition du programme Quartiers fertiles. Ce dernier vise à verdir les quartiers qui font l'objet d'un renouvellement urbain.
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A Ivry, le volet agriculture urbaine est étroitement lié au développement des habitations : les espaces agricoles seront déployés d'une part en pleine terre, au pied des immeubles. Les parcelles restantes seront installées au niveau des toitures, dont une partie sera située sous serre.
Livraisons liées à celles des habitations
La livraison des surfaces agricoles s'effectuera en même temps que celle des habitations. Selon Marie Courtefois, directrice de projet de l'opération Gagarine-Truillot, les premières livraisons sont prévues pour 2025 ; elles s'échelonneront ensuite jusqu'en 2030.
D'ici là, l'aménageur devra peaufiner le modèle pour ces espaces agricoles avec le ou les futurs exploitants. « Nous n'avons pas envie de multiplier les acteurs, mais il est possible que nous en retenions plusieurs au vu de la complexité des surfaces et selon la typologie des cultures », souligne Marie Courtefois. L'aménageur prévoit de désigner le lauréat de l'appel à manifestation d'intérêt au printemps.
Logique de circuits courts
S'agissant des candidats, aucune structure (association, coopérative, entreprise…) de l'agriculture urbaine n'est exclue dans le cadre de l'AMI. Seule contrainte : proposer un modèle professionnalisé, avec une production assez importante pour pouvoir nourrir les habitants dans une logique de circuits courts. Certaines parcelles pourront éventuellement être cogérées avec les habitants.
Le projet illustre l'intérêt grandissant des aménageurs et des collectivités pour l'agriculture urbaine en Ile-de-France avec, en tête de proue, Paris. La municipalité organise régulièrement, depuis 2016, différents appels à projets pour soutenir le développement de surfaces agricoles dans la capitale.
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