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Devenue intensive pour nourrir une planète toujours plus peuplée, l'agriculture dégrade fortement l'environnement. Une situation à laquelle elle doit désormais remédier, pour éviter d'en être elle-même victime…
Réduire les émissions dans l’atmosphère
C’est un paradoxe, et pas des moindres : l’agriculture participe largement au réchauffement climatique… dont elle risque pourtant de devenir l’une des premières victimes (lire p. 46). Selon les estimations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’agriculture et la foresterie sont à l’origine de près du quart des émissions anthropiques (liées aux activités humaines) mondiales de gaz à effet de serre. « Une grande part de la déforestation est motivée par l’extension des terres agricoles », détaille Anne Mottet, chargée de la politique d’élevage à la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. À lui seul, l’élevage « représente une part de 14,5 % des émissions ». Un chiffre qui inclut les émissions directes de chaque exploitation, mais aussi celles liées à la fabrication des matières premières, au transport, à la production et à la consommation d’énergie.
L’agriculture et la foresterie sont à l’origine de près du quart des émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre
Principaux responsables de ces rejets : les troupeaux de ruminants élevés pour leur viande et leur lait : bœufs, vaches laitières, moutons, chèvres… Ces animaux sont en effet dotés d’un système digestif particulier leur permettant de se nourrir de biomasse cellulosique (de l’herbe en saison, du foin l’hiver). Mais leur rumination s’accompagne d’importantes émanations de méthane (dit entérique) par voie orale. Ce qui explique que l’élevage de ruminants soit beaucoup plus nocif pour le climat que celui de porcs ou de volailles.
MÉTHANE, AMMONIAC…
L’impact de la rumination est d’autant plus critique que le méthane présente un potentiel de réchauffement global environ 25 fois supérieur à celui du CO2. Ce gaz est aussi émis lors du processus de décomposition des excréments, en milieu anaérobie, lorsque du fumier ou du lisier est stocké dans des cuves avant l’épandage automnal, par exemple. Au total, le méthane représente près de la moitié (44 %) des émissions globales de l’élevage. Cette activité émet également du CO2 (27 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur), issu de l’utilisation de combustibles fossiles pour la fabrication d’engrais destinés à la production d’aliments du bétail