Le système de stockage gravitaire d'Energy Vault / Image : Capture vidéo Energy Vault.
Alternative aux batteries, le système de stockage d’électricité développé par la start-up américaine Energy Vault décroche ses premiers contrats. Après la Californie, la Chine lui a commandé 2 GWh de capacité. L’invention très originale subit toutefois quelques critiques.
Pour stocker de l’électricité, trois techniques anciennes sont actuellement utilisées : la batterie, qui n’est rien d’autre qu’un assemblage de piles, la Station de transfert par pompage-turbinage (STEP), dont le premier exemplaire a été installé au début du XXe siècle, et le stockage par air comprimé, inventé il y a près de 50 ans.
Faire chuter des blocs de béton
Depuis quelques années, un nouveau concept tente de se faire une place au catalogue. Il s’agit du stockage « gravitaire » à base de blocs de béton développé par Energy Vault, une start-up américaine dont le siège d’exploitation est situé en Suisse. Suivant un principe inspiré de la STEP, le système hisse des poids en béton au sommet d’une structure pour accumuler de l’électricité, sous forme d’énergie potentielle de pesanteur.
Pour « décharger » l’électricité, il suffit de laisser ces blocs chuter au sol. Dans leur descente, ils entrainent des câbles qui animent un alternateur, produisant du courant. À l’origine, le système se présente sous la forme d’une grue à bras multiples, équipée de treuils pour empiler ou étaler les blocs.
Un prototype est opérationnel depuis juin 2020 à Ticino en Suisse. De part sa conception, l’installation accuse quelques défauts, comme une prise au vent importante et une faible surface balayée par les flèches.
Un jeu de Tetris
Energy Vault a donc dévoilé une version plus évoluée de son concept. Le système de stockage est désormais contenu dans un immense bâtiment rectangulaire. Les blocs de béton circulent à la manière d’un ascenseur, dans une cage métallique. Ils peuvent être hissés et redescendus dans n’importe quelle cellule de la structure, à la verticale comme à l’horizontale, comme dans un jeu de Tetris.
Très avare en détails techniques, la société vante simplement une autonomie de 2 à plus de 12 heures, selon le dimensionnement. La puissance et la capacité du système évoluerait en fonction du nombre de modules installé. Chaque module serait capable de stocker 10 MWh d’électricité, sans que l’on connaisse ses dimensions, sa puissance, son rendement ni la quantité de béton nécessaire.
Images : Vidéo de présentation Energy Vault.
2 GWh bientôt installés en Chine
Malgré les incertitudes sur l’efficacité du concept, quelques opérateurs ont manifesté de l’intérêt. En Californie, deux producteurs d’électricité ont commandé un premier système de 275,2 MWh dont la mise en service est prévue pour mi-2023. Mais le plus gros contrat vient de Chine. Energy Vault a signé un accord pour y développer un projet de 2 GWh en Mongolie intérieure, dont les détails n’ont pas été précisés.
Dans un communiqué nébuleux, la société évoque également une première installation pilote de 25 MW de puissance et 100 MWh de capacité à Rudong, proche de Shanghai, dont les travaux ont démarré en mars 2022.