Après deux années de pause, SXSW est (enfin) revenu à Austin…
Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez pourquoi je suis autant attaché à ce festival, qui pour moi se classe bien au-dessus de tous les évènements que je suis amené à couvrir chaque année (sinon, j’explique tout ça ici).
Sans surprise, “SouthBy” 2022 n’a pas retrouvé la foule des éditions pré-pandémie. Mais côté programme, on était toujours aussi bien servis, avec plus de 2 000 conférences, tables rondes, keynotes et autres side-events pendant 10 jours, dans toute la ville d’Austin et désormais aussi en ligne.
Sans surprise, le Web3, les NFTs et le “metaverse” étaient au coeur des débats, avec des dizaines de conférences sur ces sujets liés à l’avenir de l’internet (et presque autant de définitions du concept de métavers que d’intervenants). J’ai déjà écrit sur ces sujets, à chaud, pour Minted, Influencia et Maddyness. J’y reviendrai sûrement dans une prochaine newsletter.
La (bonne) surprise vient plutôt d’un thème relativement nouveau à SXSW : le changement climatique… Pour la première fois (si je ne me trompe pas), le sujet avait droit à une “track” dédiée aux côtés de 14 sujets plus traditionnels à SXSW (design, musique, gaming, médias, tech, etc.).
Avec une cinquantaine de tables rondes sur le sujet, il y avait enfin de quoi traiter ce sujet avec différents points de vue et pas seulement sous l’angle du “solutionnisme technologique” qui est souvent dominant à SXSW. Peu d’aspects du problème semblaient donc manquer au tableau : le programme abordait aussi bien les enjeux énergétiques de la lutte contre le changement climatique que l’agriculture, l’alimentation, les océans, l’économie circulaire, l’éducation, etc.
Certes, l’exercice flirtait souvent avec le greenwashing, avec une forte présence des représentants des énergies fossiles (mention spéciale pour la “Shell House”), mais on sent toutefois monter une certaine préoccupation écologique parmi les acteurs de la tech, notamment avec l’émergence de blockchains plus économes en énergie, comme Tezos ou Algorand, qui avaient chacune ouvert leur propre pavillon en marge du festival.
Aussi, face aux géants des énergies fossiles, mais rarement dans les mêmes tables rondes, les activistes de l’environnement étaient bien représentés parmi les intervenants. J’ai par exemple pris en cours de route une conférence sur les “Convenient Fantasies About Climate Change”, assez éclairante sur les limites du concept de “neutralité carbone” ou de “net zero” affiché comme objectif par de nombreux grands groupes.
Avec la vision purement comptable de la neutralité carbone, une entreprise pourrait en effet se prétendre “neutre” en carbone sans rien changer à ses pratiques, en ayant uniquement recours à la compensation (et ce, sans même évoquer toutes les limites des projets de compensation carbone).
Une entreprise pourrait également être totalement neutre en carbone, sans chercher à réduire ses autres impacts sur la biodiversité, la pollution des sols ou la consommation d’eau, par exemple (et ce, sans même parler des bases de calcul de l’empreinte carbone, qui peuvent être discutées).
Conclusion : la neutralité carbone ne sera pas la (seule) solution au changement climatique et aux enjeux environnementaux, même si la démarche participe d’une prise de conscience collective nécessaire.
Heureusement, une autre conférence (passionnante) avait de quoi redonner un peu d’espoir : il s’agissait d’une table ronde réunissant trois marques d’outdoor (Patagonia, Cotopaxi, Arc’teryx) qui ont chacune à leur manière entamé une réflexion sur les impacts de leurs produits, aussi bien environnementaux que sociaux.
Ces marques travaillent de front sur l’amont — l’éco-conception, les matériaux, la production… — et l’aval — le recyclage, le réemploi et la circularité, tout en essayant d’être “mieux que neutre”, c’est-à-dire d’avoir un impact positif, par exemple avec le concept d’agriculture régénérative chez Patagonia (j’en parlais ici l’an dernier).
Ces entreprises préfigurent, espérons-le, le futur des marques et du business, au moins autant que les nouveaux venus du Web3, qui se construisent actuellement à base de blockchains, de NFTs et de DAOs (j’y reviendrai, promis) !
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Benoit Zante