Plus d'un million de kilomètres de câbles en fibre optique parcourent le fond des océans pour assurer la bonne distribution d'internet partout dans le monde. Possédées en grande partie par des géants de la tech tels que Google ou Microsoft, ces quelques 300 liaisons physiques, facilement repérables, représentent un véritable enjeu stratégique.
La présence d'agents russes dans les eaux irlandaises a donc toutes les raisons de susciter quelques inquiétudes. En effet, considéré comme un hub majeur des télécommunications globales, le pays accueille également les sièges sociaux des mastodontes Google, Twitter ou AirBnb, parmi beaucoup d'autres. Un emplacement stratégique qui fait donc de l'Irlande une cible de choix.
D'après les services secrets irlandais, les agents russes auraient été missionnés par la GRU afin de repérer les points faibles des câbles de fibre optique. Le Times aurait appris de sources policière et militaire que les mêmes hommes auraient été aperçus dans le port de Dublin, entraînant un renforcement de la sécurité sur les sites côtiers.
Entre intimidation et menace réelle
La semaine dernière, le gouvernement russe a contraint Facebook et Twitter à payer une amende pour avoir refusé le stockage des données des internautes sur son territoire. Cet épisode de l'espionnage des câbles irlandais pourrait laisser supposer que le gouvernement a décidé d'opter pour une action plus directe.
Mais si l'Irlande est un lieu stratégique en matière de télécommunications, elle n'est cependant pas équipée pour parer d'éventuelles attaques et peut donc être qualifiée de «cible facile», comme l'a confié au Sunday Times, Mark Galeotti, conférencier et écrivain expert en criminalité transnationale et affaires de sécurité russes.
Toujours d'après le Sunday Times, la mission d'observation des agents russes pourrait servir à la création d'une base irlandaise, depuis laquelle il deviendrait aisé de porter des cyber-attaques contre les États-Unis ou le Royaume-Uni, afin par exemple de perturber des transactions financières, voire de priver des pays entiers de leur accès à internet.
Une théorie partagée par John Sipher, un ancien agent moscovite de la CIA, aujourd'hui à la retraite. «Il est également probable que les Russes veuillent faire la démonstration de leur pouvoir en menaçant l'Occident». Si le fantasme de l'espion russe bat son plein un peu partout dans le monde, l'affaire est tout de même à suivre.