Les plans ont été dévoilés en avril dernier et la construction devrait démarrer en 2023 : la première cité flottante durable verra le jour à Busan, la deuxième plus grande ville de Corée du Sud et l’un des plus importants “hubs” maritimes du monde, rapporte Adam Minter sur le site de Bloomberg.
“C’est inévitable, explique Itai Madamombe, cofondatrice d’Oceanix, la société à l’origine du projet. Un jour, beaucoup de gens devront vivre sur l’eau.” Aujourd’hui 40 % de la population mondiale habite à moins de 100 kilomètres d’une côte menacée par l’inexorable montée des eaux. “Une option est de déplacer les habitants vers l’intérieur des terres. Une autre option, moins évidente, consiste à les déplacer au large, sur une ville flottante.”
En soi, le concept n’est pas vraiment inédit. Au Pérou, les Uros ont longtemps habité des îles flottantes qu’ils construisaient eux-mêmes sur le lac Titicaca. Et à Amsterdam, une partie de la population vit depuis longtemps sur des péniches – une poignée d’habitants soucieux y ont d’ailleurs créé le quartier flottant de Schoonschip. En Corée même, les trois îles flottantes de Sebitseom, à Séoul, accueillent depuis en 2009 des événements, des restaurants et des installations de loisirs – mais elles ne sont ni autonomes ni durables et n’ont pas été conçues pour abriter des milliers de personnes.
La durabilité au cœur du projet
“Ce n’est pas le concept de ville flottante qui nous intéressait, mais bien de concevoir une ville flottante durable”, explique Alex Sangwoo Hahn, principal architecte du projet pour le cabinet danois Bjarke Ingels Group (BIG).
Oceanix Busan sera constituée dans un premier temps de trois énormes plates-formes en béton de 20 000 mètres carrés chacune, amarrées au fond marin, capables de supporter des immeubles de plusieurs étages et d’abriter quelque 12 000 habitants. Tous les déchets, y compris les eaux usées, seront recyclés sur place.
Le projet a reçu le soutien du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et du Massachusetts Institute of Technology Center for Ocean Engineering. Le port de Busan, plaque tournante mondiale en matière de logistique et de construction navales, s’est imposé comme un partenaire privilégié. “Ici, les compétences en ingénierie marine sont incroyables. Nous voulons travailler avec des professionnels locaux”, souligne Itai Madamombe.
Les défis qui restent à relever sont innombrables. “Si nous parvenons à cultiver sur place la moitié de notre nourriture, ce sera déjà un grand succès”, reconnaît la cofondatrice d’Oceanix, ex-conseillère en matière de développement durable du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. L’objectif n’est pas de créer une ville totalement autonome : Oceanix Busan n’est pas conçue comme une utopie libertarienne, mais comme un prototype permettant d’expérimenter des technologies susceptibles d’aider les communautés côtières à s’adapter au changement climatique.
Livraison prévue en 2025
La ville flottante restera d’ailleurs reliée à Busan par un pont long d’une centaine de mètres et “elle fonctionnera comme une sorte de quartier sous pleine juridiction administrative de la mairie de Busan”.
Reste à boucler le budget, estimé à 200 millions de dollars. Pour le moment, les difficultés de la levée de fonds ne semblent dissuader personne. SAMOO Architects & Engineers Co., filiale de Samsung Electronics et l’un des concepteurs du projet, prévoit qu’Oceanix Busan sera achevée vers 2025.
“Bien sûr, trois plateformes capables d’accueillir 12 000 résidents ne suffiront pas à sauver Busan du changement climatique”, souligne le chroniqueur de Bloomberg. Pas plus que les plateformes supplémentaires qu’Oceanix espère voir construites et reliés aux trois premières dans les années à venir. Mais ce sera un début. Ce n’est pas un hasard si l’autre cofondateur d’Oceanix, l’ingénieur Marc Collins, est l’ancien ministre du Tourisme de la Polynésie française : l’expérience de Busan est suivie avec beaucoup d’intérêt un peu partout sur la planète. Car, “à long terme, l’humanité devra apprendre à vivre avec l’élévation du niveau des mers”.
Courrier Expat (Paris)
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