Rapport d’opinion : D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité (H. Levrel, CS FRB, Juin 2020)
Résumé : Le premier propos de cette opinion est de souligner que la manière dont l’économie de la biodiversité a été développée depuis des années – celle qui consiste à démontrer que la nature doit être valorisée économiquement et offrir une opportunité financière pour les entreprises – ne semble toujours pas avoir fait la preuve de son efficacité à générer une transition écologique du modèle économique en place. Il ne s’agit pas de dire qu’une approche économique de la biodiversité n’a pas de sens en soi mais qu’il faut envisager une « révolution copernicienne » dans cette approche. Il nous semble essentiel de passer d’une vision où la biodiversité n’est qu’une source d’opportunités ou de risques pour le système économique à une vision où le système économique est aussi et avant tout une source d’opportunités ou de risques pour la biodiversité. Les réflexions, et les outils économiques à mobiliser qui découlent de cette position, sont très différents de ceux qui ont été proposés jusqu’ici.
Parmi les propositions soumises dans ce rapport, les nécessaires transformations des systèmes comptables des organisations, pour les comptabilités privés, et des États, pour ce qui concerne la comptabilité nationale, font partie des réformes jugées importantes et prioritaires :
"Parmi les réformes importantes à mener : (...) Créer un système de comptabilité écologique à l’échelle des organisations (comptabilité d’entreprise), des écosystèmes (comptabilité biophysique) et des pays (comptabilité nationale), qui rend visibles les dettes écologiques engendrées vis-à-vis de la Nature et permet de redéfinir ce qui peut être entendu par création de richesse (objectif 2.3 d’Aïchi) (p.3) (...)-Ces transitions écologiques de notre système économique concernent : (...) La création d’un système de comptabilité écologique qui fasse apparaître clairement les dettes ou créances écologiques que les organisations privées ou les pays accumulent de par leurs activités ; La mise en place d’un système de fiscalité écologique qui puisse utiliser comme assiette fiscale la comptabilité écologique imposée aux organisations privées, en vue de pouvoir véritablement inciter à la réduction des impacts sur la biodiversité ou à l’investissement dans la restauration de la biodiversité ; (p.30)"