Matériaux | tau de croissance (dernière décennie) |
Cuivre | 2.9% |
Fer | 3.1% |
Aluminium | 5% |
Plomb | 3.1% |
Cadmium | 2.5% |
Lithium | 14.1% |
Notre pays est effectivement petit par sa population, mais n’en est pas moins le premier gestionnaire de fortune étrangère au monde, et une des plus importante place de . Nous sommes également les premiers du classement des investissement () notamment via nos comme par exemple la caisse de l’. Où nous réalisons que nous gérons qui génèrent 20 fois plus de CO2 que la production propre du pays. Et notre banque nationale n’est pas en reste puisqu’elle. Si notre impact est limité en raison du petit nombre d’habitants, nous sommes chaque habitant, parmi (direct et indirect) de gaz à effet de serre et à ce titre, avons une responsabilité particulière pour mettre en oeuvre et tester des solutions que notre niveau de vie permet de financer. A ce propos, il n’est pas question de miser sur des solutions de type greenwashing pour nous acheter une bonne conscience, comme nous avons trop souvent tendance à le faire. Avec un objectif de diminution d’environ 20% par année nécessaire pour atteindre les objectifs des traités que nous avons ratifié (Voir “il n’y pas le feu au lac« ) nous allons devoir tout faire pour diminuer notre impact.
« Taxez le CO2 plutôt que le travail ! » (António Guterres secrétaire général ONU)
Comme le parlement Suisse a refusé l’introduction d’une taxe CO2 en 2018 sous la pression des partis conservateurs majoritaires à cette chambre, seuls les combustibles (mazout ou gaz de chauffage) sont actuellement taxés dans notre pays. Après le refus populaire le 13 juin 2021 de la loi sur le CO2 (51.6%), une nouvelle mouture est actuellement (septembre 2022) en phase d’étude. Celle-ci devrait également taxer le CO2 émis par les transports. Le projet initialement présenté en automne 2018 n’était pas à la hauteur des enjeux: « L’objectif de diminuer de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990 n’a pas été contesté et la limite du réchauffement planétaire a été abaissée à « en-dessous de 2 degrés ». Mais notre parlement ne se donne pas les moyens d’atteindre ces buts. Faut-il y voir un résultat de la sensibilité écologique de nos élus ? Il est très important d’aller voir leur évaluation sur ce plan, avant de voter.
L’eau monte, c’est ennuyeux, mais il n’y a pas que ça, les ouragans montent en puissance…
Car en plus de l’eau qui monte (aussi en france) voir la carte interactive, il y a aussi les incendies en Australie et dans le reste du monde, l’acidification des océans les ouragans de plus en plus énergétiques. Or, tout ceci dépend largement de l’ampleur de l’élévation des températures et du CO2 que nos activités vont encore engendrer.
“On ne va pas mourir de chaud !”
Malheureusement oui, littéralement dans certaines régions du monde! Nous utilisons notre transpiration pour réguler notre chaleur corporelle, mais si l’air est trop humide… cela ne fonctionne plus ! La notion de « chaleur humide » est critique dans cette situation, et la mesure au « thermomètre mouillé » (Wet Bulb en anglais) permet de simuler l’échauffement d’un corps humain Mise à jour 2021 .
La mesure de 35°C à 100% d’humidité est la limite de survie de n’importe quel corps humain. Elle va, de plus en plus régulièrement et sur de longues périodes, créer des hécatombes pour les personnes qui n’ont pas accès à l’air climatisé dans les régions tropicales notamment. Nous parlons hélas de millions de vies en jeu en Inde, Chine, Pakistan, Nigeria, Indonésie…
« Il y a trop de monde sur terre, il faut arrêter l’aide aux pays pauvres »
Comme cette vidéo du site gapminder.org l’explique très bien, c’est au contraire en supprimant la grande pauvreté que nous pourrons limiter la population. Il faut donc à l’inverse augmenter et cibler l’aide au développement à destination des pays à forte natalité et donc à grande pauvreté. Des études montrent que l’on peut très bien vivre nombreux en harmonie avec les limites planétaires (UNIL).
D’autre part, les gaz à effet de serre sont pour une grande partie directement ou indirectement générés par les pays les plus riches vidéo DATA gueule (la part indirecte provenant de la consommation de biens produits à l’étranger). En effet, les émissions sont liés à la consommation, et donc au revenu. Nous pouvons lire sur ce graphique basé sur les statistiques de l’ONU que les émissions augmentent exponentiellement avec le revenu. A noter que l’on ne tient ici compte que des émission de CO2 générées à l’intérieur du pays. Une autre mise en forme de ces données de l’ONU CO2 en fonction du revenu
Voici une étude récente de l’université de Cambridge ou un graphique de l’ONU qui montre la répartition des émissions en fonction du revenu. A titre de comparaison, un Somalien génère 45 kg de CO2 là où nous, Suisses, comptons en tonnes, LES PAUVRES NE POLLUENT PAS (ou très peu). Et ce seront justement les pays les plus pauvres qui seront le plus rapidement et le plus fortement impactés par le réchauffement climatique (montée des eaux au Bangladesh, chaleur mortelle au Pakistan, …).
Le graphique ci-dessous détaille la répartition des émissions de CO2 par secteur en fonction des tranches de revenus pour les pays de l’union européenne. On voit clairement que les secteurs non-vitaux liés aux loisirs (comme les voyages aériens) augmentent fortement avec le revenu, alors que les émissions liées à la nourriture sont sensiblement les mêmes au sein des 40% les plus riches (qui partagent tous une base de nourriture carnée abondante).
Un autre point de vue (chiffres FMI publiés dans « mise en oeuvre de l’agenda 2030 ») est que la politique d’accommodement fiscal de la suisse soustrait près de 200 milliard d’impôts à des pays bien moins riches que nous.
« On paye déjà beaucoup trop de taxes, on ne va pas en ajouter pour l’environnement »
Selon le rapport de l’OCDE p.25 notre fiscalité environnementale est faible et en baisse, ce qui est exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire compte tenu des problèmes auxquels nous devons faire face. Il est d’ailleurs impressionnant de voir comment nous en sommes arrivés à avoir un coût de la voiture/passager/kilomètre qui est identique au coût des années 90 alors que le revenu moyen a augmenté de 25% et que le prix des transports publics a augmenté de 35%! Voir aussi « Transports énergie déchets » sur la RTS
Rapport du conseil fédéral sur l’environnement 2018 p. 72
La Suisse a déjà beaucoup de dettes, investir dans la transition écologique va déséquilibrer le budget
Le budget de la confédération est « maladivement » positif depuis trop longtemps. Une peur de générer des dettes d’où découle le système du frein à l’endettement, a contribué à limiter de manière drastique les budgets. La Suisse a par ailleurs multiplié les gestes pour promouvoir sa compétitivité fiscale pour les entreprises et les cadeaux fiscaux aux énergies fossiles (mais nous ne sommes hélas pas seuls). La Suisse devrait investir plus car sa dette est trop faible, ce qui pose de multiples problèmes (comme le fameux « Franc fort ») dans un environnement plus fortement endetté. A ce propos, le discours de M. Jean-Pierre Danthine, qui a été président de la BNS, est clair: « La Suisse a des réserves que l’on pourrait utiliser pour un projet d’avenir, comme la transition écologique » (RTS Matinales 15 janvier 2019)
« C’est quoi cette histoire de genre, qu’est-ce que ça vient faire dans la durabilité ? »
Malgré les efforts continu des Femmes (mais pas seulement des Femmes) pour rééquilibrer la situation, la société Suisse appuie sur les Femmes pour les placer en position d’infériorité, que ce soit dans le langage, sur la question salariale, l’accès aux postes décisionnaires, la répartition des tâches domestique. Pour élargir le prisme, la question du genre est toujours une cause de discrimination et de différenciation, vis-à-vis de la référence « Homme cisgenre ».
Au-delà de mettre la moitié de la population en surcharge (mentale*) et par-là se priver d’une partie de ses compétences, le système de valeur qui a conduit à la crise économico-climatique actuelle est très aligné sur les valeurs dites masculines. L’ensemble de comportements et de valeurs « risque » est pour grande partie responsable de la création et du soutien au système qui nous mène avec certitude au désastre. (Illustration des différents systèmes de valeur)
Les loyautés à ces valeurs verrouillent actuellement toute velléité de changement.
Si on se penche du côté des valeurs dites féminines, on se rend compte que l’ensemble de comportement et de valeurs « care » (prendre soin) est beaucoup plus adapté à la situations de perturbation systémique que nous vivons, qui demande que toute notre attention soit portée à notre environnement, au sens large. Les loyautés à ces valeur poussent à modifier en profondeur nos sociétés, c’est donc bien ce dont nous avons urgemment besoin.
- Pour ceux qui auraient pensé à la surcharge pondérale, c’est du côté des Hommes qu’il faut regarder (51% des Hommes et seulement 33% des Femmes sont en surpoids)
« C’est pas juste, ma génération va payer pour celle des 30 glorieuses »
Effectivement, mais si notre génération n’agit pas maintenant (voir “il n’y a pas le feu au lac”), la charge reportée sur nos enfants sera bien pire. Une étude parue dans la revue Nature montre en effet que le maintien de notre trajectoire actuelle d’émissions aurait un coût chiffré entre 120’000 et 600’000 milliards de dollars d’ici à 2100. La banque mondiale a chiffré l’alternative, à savoir qu’investir 90’000 milliards de dollars d’ici à 2030 permettrait de réorienter l’économie mondiale de manières à éviter les coûts ci-dessus grâce à un limitation de l’augmentation de la température entre 1.5 et 2°C. Ce montant est clairement plus limité, tout en maintenant un climat viable sur notre planète! Si nous ramenons ce chiffre aux pays industrialisés de l’OCDE, soit 1.3 milliards d’habitants (4 si l’on ajoute la Chine et l’Inde) cela correspond à un investissement de 70’000 USD (ou 22’500) par habitant. A l’échelle de la Suisse et de ses 8.6 millions d’habitants, 600 (ou 200) milliards seraient donc à investir… toujours avant 2030. Le coût de l’inaction
Il serait bien plus efficace de commencer tout de suite, en investissant 60 (ou 20) milliards par an pendant la prochaine décennie, que d’attendre 2029. Dans tous les cas, l’étude de Nature montre également qu’investir dans des technologies bas-carbone maintenant sera clairement moins coûteux que de couvrir les dommages causés par le réchauffement climatique demain. A noter que les chiffres du coût du réchauffement climatique ne prennent pas en considération les risques d’emballement liés aux boucles de rétroactions positives, qui pourraient avoir un effet démultiplicateur et aggraver des conséquences. A l’échelle de notre pays, une première estimation du coût qu’aura le changement climatique pour nos infrastructures (uniquement) a été faite en octobre 2019, et s’élève à environ 1 milliard de francs suisses par année.
Les dommages économiques du changement climatique
“Bon, mais y a pas le feu au lac !”
La figure ci-dessous (tirée de « Onu environnement Gap report » 2019) montre comment devraient évoluer nos émissions de CO2 pour maintenir le réchauffement sous la barre de +1.5, +1.8 et +2°C (courbes du bas, avec une diminution plus ou moins rapide des émissions). Il montre également comment ces émissions vont évoluer si les pays ne font pas plus d’efforts que ce à quoi ils se sont engagés jusque là. Nous voyons très clairement que les engagements actuels sont nettement insuffisants, même pour contenir l’élévation thermique moyenne sous la barre des 2°C, encore moins pour 1.5°C. compte à rebours (attention, par défaut, c’est 2°C… demandez 1.5°C il reste moins de 10 ans au train où nous allons). Le « budget carbone » est faible par rapport à notre consommation illustration dans cette vidéo de l’ONU
D’autres considèrent que compte tenu du fait qu’on va absorber plus d’énergie solaire que la terre en envoie dans l’atmosphère durant encore plusieurs dizaines d’années, *** il n’y a simplement plus *** de budget carbone voir: La réalité climatique en 2020 #4 page 13
D’autres graphiques de ce genre sont également disponibles dans le rapport de l’Europe sur l’état de l’environnement. Nous trouvons par ailleurs dans le monde en chiffres deux graphiques qui montrent que plus nous attendons, et plus la descente devra être vertigineuse pour conserver cette terre agréable (+1.5°C, actuellement très difficile, et physiquement impossible dès 2026-27 si nous n’agissons pas fermement au cours des 5 prochaines années) ou peut-être supportable (+2°C mais c’est pas certain que cet état soit stable). Des graphiques tirés des deux précédents montrent le taux de décroissance que notre production mondiale de CO2 devrait suivre en fonction de l’année du « start », pour atteindre +1,5°C et pour +2°C et conserver ainsi une planète vivable. Il existe un suivi des investissement consentis dans le monde, qui s’élèvent actuellement à environ 500 milliards de USD par an, publique et privé réunis. Mais c’est à nouveau clairement insuffisant, car des calculs de l’ONU (PNUE) estiment qu’il faudrait entre 1’600 et 3’800 milliards par an pour rester sous la barre des +1.5° rien que pour le secteur énergétique. A titre de comparaison, les investissements actuels sont plus importants dans le pétrole (825 Milliards en 2016) que dans le renouvelable (env. 450 milliards).
Comment savoir sur quel paramètre on doit agir ?
Facile, vous pouvez jouer avec le simulateur de climat du MIT(EN-Roads). On constate alors que l’on doit …TOUT… faire, n’importe quel paramètre ne permet pas de régler le problème.
Et l’ONU a aussi sa vision des choses à faire
- mettre un prix sur le carbone;
- supprimer progressivement le financement des combustibles fossiles et de mettre fin à leurs subventions;
- arrêter la construction de nouvelles centrales à charbon;
- faire passer la charge fiscale du revenu au carbone, des contribuables aux pollueurs;
- rendre obligatoire la divulgation des risques financiers liés au climat;
- et intégrer l’objectif de neutralité carbone dans toutes les politiques et décisions économiques et fiscales.
La Grève du climat a défini un catalogue de mesures (économique, techniques, mais aussi sociales) qui permet de faire face à nos responsabilités.
Monter des projets de durabilité qui englobent tous les aspects du système qui verrouille notre société dans cette trajectoire mortifère. Document d’évaluation des activités de durabilité vous y trouverez également la célèbre « Théorie de la crêpe »
Ou une autre version, plus colorée de ce document:
Durabilité et stéréotype de genre
On constate que depuis le rapport Meadows, on avance pas. Et plus le temps passe, plus on se rend compte qu’on est bloqué d’une manière qui semble inexpliquée. On a beaucoup cherché d’explication dans nos structures, politiques, technologique, ou même dans celles de notre cerveau (striatum). Les valeurs et attitudes liées à cet emprisonnement dans un fonctionnement absurde au vu des circonstances actuelles sont issues du groupe dominant de la société, j’ai cité: les Hommes*.
(*Il faut entendre dans cet article « Hommes* » et « Femmes* », « masculin* » et « féminin* » comme stéréotype de genre, tel qu’il est employé en étude sociale et mis en oeuvre par l’éducation au sens large avec plus ou moins d’influence sur chacun de nous).
Attitudes et valeurs masculines* (risque) | Attitudes et valeurs féminines* (care: prendre soin) |
Conquérant, individualiste | Collaborative |
Droit au but (vision centrale) | Evalue plusieurs aspects (vision périphérique) |
Rigide | Souple |
S’appuie sur des certitudes | Gère l’incertitude |
Cherche pour ses enfants, une situation financière favorable | Cherche pour ses enfants: un environnement favorable |
Vision mécaniste (un problème-> une solution) | Vision systémique (plusieurs moyens d’agir sur un problème) |
Cherche dans la vie: renforcer son égo, défendre sa masculinité | Cherche dans la vie: maintenir l’équilibre, gérer les multiples contraintes |
Face à un changement de société, les Hommes* restent paralysés par leurs loyautés aux principes et valeurs citées ci-dessus. | Face à un changement de société, les Femmes* sont mises en mouvement par leurs loyautés aux principes et valeurs citées ci-dessus. |
Une grande partie de ces différences sont liées à la vie dans le groupe dominant (il décide) ou dominé (il obéit), qui doit forcément composer et gérer avec plus puissant que lui. Les éventuelles objections quand à savoir qui est le groupe dominant sont faciles à lever si l’on regarde les photos des personnes à la tête des entités, pays ou entreprises de grande taille dans le monde.
Une mise en lumière des mécanismes à l’oeuvre dans l’oppression des femmes* et la destruction de la nature permet de se rendre compte que ces mécanismes sont de même nature dans l’un ou l’autre cas.
Une dernière chose en lien avec le maintien de l’oppression sont les valeurs de compétition et concurrence qui appuient et se renforcent réciproquement, en exacerbant les consommations de ressources.
En résumé: Les femmes* sont spécifiquement équipées des attitudes et valeurs nécessaires à la gestion sociétale de la transition énergétique, de plus, elles ont un plus grand intérêt que les hommes à modifier le fonctionnement de la société qui est actuellement en leur défaveur (à l’inverse des hommes*). C’est pourquoi il est si important de leur donner la parole, valoriser leur discours et les écouter pour travailler ensemble à la transition.
Pour réparer notre aquarium, fissuré de toutes parts, avons-besoin des compétences du poulpe ou celles du requin marteau ?
La Durabilité c’est faible ou c’est fort ?
Cela dépend… Selon l’UNIL, la vision de la durabilité se sépare en deux catégorie:
la durabilité faible:
Historiquement prônée par l’ONU, la Banque mondiale et le Conseil Mondial des Affaire pour le Développement Durable, ce mode de pensée considère trois domaines de valeurs:
- Economique
- Social
- Ecologique
Les valeurs de ces trois domaines sont sur un pied d’égalité et peuvent être interchangeable. Il est donc admis dans cette vision que détruire la nature pour soutenir la croissance économique est une bonne chose, si on génère suffisamment de croissance.
Ces trois domaines ont été déclinés en 17 objectifs distincts, c’est le développement durable qui désire préserver une qualité de vie acceptable pour les générations futures « tout en soutenant le développement économique »
Le principal défaut de cette vision, établie en 1987 par la commission Brundtland, est de ne pas hiérarchiser ces objectifs, le résultat observable aujourd’hui est une trajectoire vers la destruction quasi complète du monde vivant, sans que cela ne pose de problème au principes posés ici — puisque c’est compensé par de la croissance économique –.
La durabilité forte:
Elle a été définie suite à l’échec patent de la protection de la biosphère par le « Développement durable ». L’idée maintenant n’est plus de défendre à tout prix la croissance, mais les conditions de vie sur terre, mises en danger par notre boulimie de ressources.
Il y a dès-lors une hiérarchie entre les différents objectifs, avec tout en bas les fondamentaux, puis plus on s’élève, plus on trouve des objectifs qu’il ne serait pas possible d’atteindre sans ces fondamentaux (pas de croissance économique dans un monde où la nourriture ne serait plus disponible)
Deux modèles se détachent aujourd’hui pour illustrer cette nouvelle vision:
Un graphique de l’UNEP et le Donut de Kate Raworth Poster Durabilité faible – forte
Ce qui nous pend au nez
Les systèmes climatiques locaux sont des dispositifs complexes, et hautement non-linéaires. Passé un certain seuil (tipping-point en anglais), certains de ces systèmes vont basculer dans un état dont il sera impossible des les en faire ressortir. Ceci est principalement dû à des boucles de rétroaction positives: un phénomène peut s’auto-amplifier, comme par exemple la fonte de la banquise: plus il fait chaud, plus elle fond; plus elle fond, moins la lumière du soleil est réfléchie; moins la lumière solaire est réfléchie, plus l’atmosphère se réchauffe; et ainsi de suite. De nombreux points de basculement régionaux ont été identifiés par les scientifiques. L’illustration suivante en recense les principales:
Le seuil auquel ces mécanismes pourraient s’enclencher n’est qu’imprécisément connus. Néanmoins, les membres du GIEC ont affiné l’estimation de ces seuils au fil de leurs rapports. La revue Nature a comparé les conclusions de ces rapports successifs. Il en résulte que plus nos connaissances se développent, et plus nous comprenons que certains de ces points de basculement pourraient se produire à des élévations modestes des températures moyennes.
Le GIEC estimait en effet en 2001 que le risque de tels emballements dans un contexte de +3°C d’élévation était insignifiant et modéré jusqu’à +4.5°C. Mais ses nouvelles estimations de 2018 sont autrement plus inquiétantes: le risque d’emballement est en réalité déjà bien présent à +1°C. Exemple avec les tourbières. La fonte totale des glaciers alpins, du Groenland, de l’Antarctique-Ouest et de la banquise estivale auront par exemple lieu entre +1°C et +3°C. La plupart des autres points de basculement se situent entre +3°C et +5°C, et les phénomènes les plus stables pourraient à leur tour basculer si l’augmentation dépasse 5°C. Or, si des premiers points de basculements locaux peuvent déjà s’enclencher à +2°C, ils pourraient renforcer le réchauffement climatique jusqu’à +3°C (sans que les humains ne puisse plus y faire quoi que ce soit). Ce qui pourrait à son tour enclencher d’autres points de basculement locaux un peu moins sensibles, et ainsi de suites (tipping-cascade en anglais). Un tel scénario est de plus en plus étudié, car il amènerait la Terre dans un état de fournaise (hothouse earth) pour une durée qui se chiffre en milliers d’années. C’est une des raisons pour lesquelles chaque dixième de degré d’élévation de température compte, car passé +1°C, nous ignorons la marge exacte qui nous sépare d’un tel scénario. Nous avons la certitude que ces points de basculement existent, mais ils ont la dangereuse caractéristique de n’être pleinement visibles qu’une fois dépassés. Le principe de précaution que nous appliquons à tant de domaines devrait nous interdire de nous approcher d’une élévation de +2°C.
Mais alors c’est foutu ?
Que reste-t-il à espérer ?
« Il n’y a plus d’espoir, que les changements puissent être inversés…le contraire de l’espoir, ce n’est pas le désespoir, mais du chagrin…La rapidité du changement, son ampleur et son caractère inévitable nous lient en un seul cœur brisé, pris au piège dans une atmosphère de réchauffement... Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de courage. Le courage est la résolution de bien faire sans l’assurance d’une fin heureuse. » Kate Marwel Climatologue associée au Goddard Institute for Space Studies de la NASA Texte original traduit en Français ou Pablo Servigne pour un message semblable, version vidéo.
Les jeunes, vous êtes tous des naïfs
Alors que dire des décideurs qui attendent depuis 1992 (Rio conférence de Rio et évolution du CO2 ) que « la main invisible » du marché prenne en compte la limitation évidente des ressources terrestres dans l’équation économique? Naïfs sont ceux qui croient encore que « la technologie », « l’économie verte » ou pire encore, « la géo-ingénierie » vont nous sortir de l’ornière, sans s’attaquer à la racine du problème.
Des changements systémiques sur le plan de l’énergie, de l’alimentation, de la mobilité et des systèmes urbains seront nécessaires pour s’attaquer globalement et efficacement au problème climatique sur le long terme. Ceci nécessitera donc des modifications structurelles de notre société. “Changer le système de manière radicale” comme indiqué à la page 9 (anciennement 182) du rapport du conseil fédéral sur l’environnement ou « Nous devons changer notre façon de produire et de consommer, de vivre et de travailler, de manger et de nous chauffer, de voyager et de transporter » comme dit la Présidente européenne Mme Von der Layen en 2020. Naïfs également sont ceux qui croient aux boniments des nationalistes qui rejettent le problème sur l’étranger. Il est enfin naïf de penser que les politiques en place vont aboutir à autre chose que le status quo, qui nous mènera au mieux à un avenir décrépit, au pire à une dérive fasciste.
Ce que nous pouvons faire tout de suite
Nous ne pouvons pas précisément savoir à quel moment il sera trop tard pour éviter un emballement du système climatique, menant à un scénario de hothouse earth, mais ce que l’on sait déjà maintenant suffit à nous obliger à évoluer (… ou à disparaître dirait Darwin). Mais que changer ?
6 propositions de l’organe consultatif sur les changements climatiques (SCNAT: Universités Suisses mandatées par le DETEC département de l’environnement et des transports)
Voici un diagramme qui peut servir d’illustration pour un « bon » projet de durabilité. Plus on interroge de thématiques, plus l’image est grande dans la « toile d’araignée » et meilleur est le projet.
Nous n’avons pas le luxe de choisir les options, il faut tout faire, que ce soit au niveau local, communal, cantonal et national. Il a plusieurs gestes individuels que l’on retrouve sur le site de l’ONU. Nous pouvons également suivre les recommandations du réseau d’économie sociale et solidaire (version audio) de Genève, les 35 propositions de mesures d’un retour sur Terre (France) ou encore s’inspirer des propositions de la convention citoyenne pour le climat (France). Chacun peut exhorter sa caisse de pension à sortir des investissements fossiles. Il est aussi possible de se former, d’en apprendre plus sur les défis climatiques qui nous attendent (vous êtes d’ailleurs au bon endroit pour ça!). Des formations certifiées par l’ONU existent à ce sujet. Différents collectifs comme les Citoyens Pour Le Climat, la Grève du Climat, Extinction Rebellion, Ag!ssons.org ou encore les Grands-Parents pour le Climat, ont vu le jour ces dernières années pour sensibiliser la population et les politiques à l’ampleur de la crise climatique, ou pour élaborer ensemble des plan d’action ou des propositions concrètes. Il y aura des choses à changer dans notre système de valeurs car nous savons maintenant tous que « Achetez et vous serez heureux » non seulement ne fonctionne pas, mais nous conduit tous ensemble à notre perte.
La Grève du climat a défini un catalogue de mesures (économique, techniques, mais aussi sociales) qui permet de faire face à nos responsabilités.
Après les trois blessures narcissiques que sont l’abandon de notre position au centre de l’univers grâce à Copernic, l’abandon de notre création directe par dieu grâce à Darwin, et l’idée de Freud que nous ne sommes pas maître de notre inconscient, nous devons aujourd’hui faire face à une quatrième, « l’impossibilité de consommer autant qu’on veut » qui est une évidence depuis le rapport Meadows dans les années 70.
Travailler nos imaginaires
Le prêt à penser est caduque, et nos fonctionnements sont à réinventer. Voici quelques « Futurs possibles » de l’UNIL: Etat des lieux Les effondrements La technique Retour sur terre. Nous devons les construire ensemble, avant que l’un ou l’autre gourou (ou leader fasciste) nous impose une solution séduisante et facile… qui ne nous sortira pas d’affaire. La science fiction est aussi là pour armer nos imaginaires
On trouve également tout une littérature pour s’autoriser à penser le monde autrement chez Socialter par exemple dans « Le réveil de nos imaginaires«
« Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme » Slavoj Žižek
On doit peut-être aussi imaginer des films où sous une autre forme, nos sociétés perdurent…
Rechercher « Plus de bonheur avec moins d’abondance » Yvan Illich ou comme nous incite Joanna Macy dans son travail qui relie: « S’enraciner dans la gratitude« , puis « honorer sa souffrance pour le monde« , « changer de regard » et enfin « aller de l’avant ». Illich encore: « La seule solution à la crise écologique est que les gens saisissent qu’ils seraient plus heureux s’ils pouvaient travailler ensemble et prendre soin l’un de l’autre.«
Passer aux Lowtech
Des initiatives voient le jour, comme l’usine à lowtech ou sebasol qui milite depuis très longtemps pour des solutions à faible impact. S’il n’y a aucune certitude (voir aucune chance) que la haute technologie nous aide dans cette révolution, il est par contre certain que les lowtech sont une solution pour l’avenir.
Ce que l’on a fait en automne 2019 (en Suisse)
La suisse a élu son nouveau parlement, c’est un virage que nous avons pris, mais il est possible de relever le virage pour être certains que nos parlementaires le prennent. Une élection n’est pas tout, nous pouvons toujours intervenir auprès de nos parlementaires, par exemple par email. Le site Ecorating répertorie chaque décision des parlementaires, prise sous l’angle de la préservation de l’environnement. Il existe également une publication de Pro Natura qui détaille les positions des partis pour des sujets cruciaux liés à l’environnement.
Qualité de notre démocratie
Il est possible de se faire une idée de la qualité démocratique (propension à faire passer les intérêts du plus grand nombre avant les siens) grâce au document tiré de l’étude de « Lobbywatch.ch« en Allemand. Vous y trouverez un graphique qui fait l’inventaire des montants reçu par les parlementaires des entreprises de l’assurance et de la finance au cours de la dernière législature. En Suisse, nous avons la démocratie participative dans le sang, mais faisons-nous ce qu’il faut pour avoir une bonne circulation ? Utilisons utilisons nos outils démocratiques. Autre ressources: www.publiceye.ch/fr/
Pour le canton de Vaud, les structure de notre démocratie n’ont pas évolué depuis 175 ans. Pourquoi ne pas leur donner de nouveaux outils ? voir Ag!ssons-ch.org