Le Forum économique mondial pointe du doigt la montée des risques environnementaux et la polarisation sociale. WEF
Dans son dernier rapport, le Forum économique mondial de Davos s’inquiète des risques environnementaux et sociaux qui pèsent sur le monde et s’amplifient, année après année. Il alerte aussi sur le risque majeur de désinformation qui affecte les sociétés mondiales, dans un contexte de crise.
Depuis ce mardi 16 janvier, dirigeants politiques et économiques se réunissent comme chaque année en Suisse, au Forum de Davos, pour discuter de l’"état du monde". En 2024, l’événement a pour mot d’ordre "reconstruire la confiance", dans un monde marqué par les conflits et les crises diverses.
C’est dans ce contexte que le Forum publie son rapport annuel sur les risques qui pèsent sur les sociétés mondiales. Le Forum économique mondial a interrogé un panel d’experts, de scientifiques, de représentants de la société civile et de dirigeants politiques et économiques sur leur perception des risques économiques globaux pour les prochaines années. Pour la première fois, la menace la plus cruciale identifiée par le rapport à court terme est la désinformation, enjeu essentiel en cette année électorale qui déterminera des choix essentiels en matière écologique, sociale et économique. Le Forum insiste également sur la montée des risques environnementaux, et sur la crise sociale qui s’amplifie.
Graph davos 2024
Avec l’essor des nouvelles technologies de l’information, des réseaux sociaux et de l’Intelligence Artificielle, la désinformation se répand en effet très rapidement et contribue à accentuer encore les conflits et la défiance entre les groupes sociaux. Le rapport rappelle que la cohésion d’une société repose en grande partie sur la capacité de celle-ci à garantir une information libre et fiable, permettant de faciliter notamment les processus démocratiques et électoraux. Or dans les prochains mois, ce sont plus de quatre milliards de personnes dans le monde qui seront appelées aux urnes pour des élections qui pourraient être profondément déstabilisées par les fake news et la désinformation. Les élections européennes, en 2024, mais aussi l’élection présidentielle américaine, les législatives indiennes, ou les élections générales au Mexique pourraient ainsi être affectées. Un risque de déstabilisation politique qui tombe au plus mauvais moment, à l’heure où le monde doit prendre des décisions cruciales face à la conjonction des crises sociales et environnementales.
Les risques environnementaux pourraient atteindre "un point de non retour"
Les risques environnementaux et la polarisation sociale s’ancrent d’ailleurs parmi les principales menaces pesant sur les économies et sur les sociétés mondiales, que ce soit à court terme (dans les deux prochaines années) ou à plus long terme (dans la prochaine décennie). Le rapport affirme ainsi que "les risques environnementaux pourraient atteindre un point de non retour", et rejoint ainsi les analyses du Future Risk Report d’Axa, publié en octobre 2023, qui plaçait les risques climatiques en tête des risques mondiaux.Les événements météorologiques extrêmes, par exemple, qui ont déjà connu une hausse régulière et significative ces dernières décennies, sont considérés comme un risque majeur à court terme. Les inondations, tempêtes et autres sécheresses constituent un danger durable pour les populations, les infrastructures et les activités humaines, et déstabilisent déjà de nombreuses régions. La pollution est également d’ores et déjà perçue comme l’un des risques les plus significatifs à court terme. À moyen terme, le rapport identifie aussi les modifications globales du système Terre, notamment la crise de la biodiversité, comme un facteur majeur de déstabilisation mondiale. Les experts mentionnent aussi les pénuries de ressources naturelles dans les prochaines années, notamment pour les chaînes d’approvisionnement mondialisées qui dépendent de ressources critiques. Au total, quatre des cinq risques les plus sévères pour la prochaine décennie sont des risques environnementaux, selon l’analyse du Forum de Davos.
La polarisation sociale et la crise de confiance
Mais la crise n’est pas qu’environnementale, elle est aussi sociale. En troisième position des risques les plus sévères, juste derrière les risques environnementaux, le Forum économique mondial pointe du doigt la crise de la cohésion sociale. Le rapport constate que le fossé se creuse entre des pans entiers des sociétés mondiales, fracturées par les inégalités, la crise du pouvoir d’achat et la persistance de la pauvreté. Cette crise aux racines profondes provoque progressivement une amplification des conflits sociaux et des conflits de valeurs, et est liée à la hausse des populismes et extrémismes politiques. Le Forum de Davos met en garde contre cette situation de tension et de polarisation sociale, qui est, en plus, exacerbée par une crise de confiance généralisée. Clément Fournier
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