Les robots commettent eux aussi des erreurs. A la question : « Quelles dernières découvertes de la NASA issues du télescope James-Webb puis-je expliquer à mon enfant de 9 ans ? », le tout nouveau robot conversationnel de Google, Bard, a fait une bourde. La maison mère de Google l’a payé cher en perdant plus de 7 % à la Bourse de New York, mercredi 8 février.
Lors d’un événement organisé à Paris devant plusieurs dizaines de journalistes européens, Google a annoncé avoir lancé des tests pour intégrer de l’intelligence artificielle (IA) dite « générative » à la recherche en ligne, alors que Microsoft vient de présenter une nouvelle version test de son propre moteur de recherche, Bing, avec ses algorithmes et ceux du robot conversationnel ChatGPT. Pour le groupe californien, il s’agit de ne pas céder de terrain à son rival, après deux décennies de domination quasi sans partage de ce secteur lucratif.
Mais des astronomes ont signalé sur Twitter une erreur de Bard dans une publicité pour le nouveau logiciel. L’annonce montre un exemple de question posée à Bard, et ce dernier déclare parmi les réponses, que le télescope spatial James-Webb a été le premier à prendre des photos d’une planète hors du Système solaire, alors que le télescope géant européen l’avait en réalité déjà fait, en 2004. « Nous avons encore besoin de tests massifs », a reconnu Prabhakar Raghavan, vice-président chargé notamment du moteur de recherche, avant que la gaffe fasse surface.
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La technologie actuelle des IA ne garantit pas des réponses 100 % justes
Trois des cadres de Google avaient fait le déplacement à Paris, une façon de donner une dimension internationale et multilingue à ses projets basés sur l’IA. L’entreprise n’a pas donné de précision sur la manière dont Bard serait intégré à son moteur de recherche.
Comme son rival la veille, Prabhakar Raghavan a estimé que l’intégration de l’IA constituerait « une nouvelle ère de la recherche », les mots mêmes du patron de Microsoft, Satya Nadella. Mais il n’a pas voulu donner de délai pour une version grand public, répétant que ce serait « dans quelques semaines ».
« Ce sera quand nous serons satisfaits du résultat », a-t-il ajouté prudemment, allusion aux nombreux déboires de ChatGPT et autres intelligences artificielles génératives, aux réponses parfois absurdes ou déplacées. Il a aussi assuré non seulement que l’IA ne donnerait pas « une seule bonne réponse », mais aussi que cela ne découragerait pas les internautes d’aller sur d’autres sites.
Les analystes craignent un appauvrissement de la quantité d’informations mais aussi des revenus publicitaires de tous les sites Web. « Nous voulons toujours que les gens explorent le Web », a lancé Elizabeth Reid, également chargée du moteur de recherche. « Les gens voudront toujours des informations venant de gens auxquels ils peuvent s’identifier. Il y aura toujours des influenceuses beauté. »
Google n’a pas non plus précisé si les réponses de son IA donneraient les sources de ses réponses, et a reconnu que la technologie actuelle des IA ne garantissait pas des réponses 100 % justes. Le groupe a assuré ne pas avoir cédé à la pression de Microsoft et au succès mondial de ChatGPT pour accélérer ses annonces. « Nous travaillons sur l’IA depuis des années », ont expliqué ses dirigeants. « Aucun événement particulier » ne les a poussés à faire ces annonces maintenant, ont-ils affirmé.
Le géant des technologies a également montré des fonctionnalités de réalité augmentée lors de l’événement parisien, ainsi que des nouvelles représentations en 3D générées à partir de ses images de rues, de nouvelles possibilités de recherche d’information sur des photos et une nouvelle application de recherches dans les œuvres d’art.
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