https://mk0eeborgicuypctuf7e.kinstacdn.com/wp-content/uploads/2019/07/Decoupling-Debunked.pdf
La décroissance et ses 3 aspects fondamentaux
les 3 valeurs de la décroissance
Les 15 principes de la décroissance
les trois institutions fondamentales de tout système économique, à revoir dans une économie décroissante
Analyse : « La France ne représente que 1% des émissions de CO2 »
En te répondant intuitivement et peut-être naïvement également, la charge de travail dans une situation de sobriété énergétique seule pourrait effectivement devenir excessive si l’on tente de continuer à alimenter le modèle de consommation matériel actuel, plus quantitatif que qualitatif.
Or la décroissance propose resituer l’acte de consommation à sa juste place entre satisfaction des besoins primordiaux (se nourrir, se loger, se laver, l’accès à l’éducation et à la santé, etc…) et le maintient d’un mode de vie soutenable (si mon mode de vie devait être adopté par tous les habitants de la planète, mettrait-il en danger la biosphère?). Et pousse (en tout cas pour ma part) à se poser cette question clé avant chaque achat, ou non-achat : En ai-je vraiment besoin?
Avec l’application de ces principes basiques (les propositions de la décroissance vont beaucoup plus loin que ça, cf l’interview ci-dessus), on observerait donc probablement une diminution de l’impératif de production et donc de la charge de travail globale. Le passage à un modèle relocalisé et plus artisanal (comprendre moins industriel) couplé à la récupération et la réutilisation de biens de consommation garantirait la satisfaction de ces besoins.
Quand on pense au volume d’électroménager et autres biens de consommation matériels produits et récupérables disponibles aujourd’hui, je pense à la louche que l’humanité pourrait facilement tenir un millénaire sans rien produire d’autre que de la nourriture et des produits pour la récup et l’entretient ^^ (pensez à cette belle table en chêne centenaire de vos aïeuls ou autres, toujours en état de marche).
C’est le même type de débat avec les tâches ingrates : Qui voudrait faire éboueur dans une société de sobriété dite ‘heureuse’ avec un revenu universel potentiel?
Là encore, une partie de la réponse se situe à l’extérieur de notre modèle de croissance : En abandonnant les objets de consommation ‘superflus’ et en privilégiant la récupération, on pourra probablement observer une baisse générale du volume de production et une relocalisation de ses moyens (donc réduction des emballages car moins d’impératifs de transport et de conservation), ainsi que la réutilisation optimisée des déchets organiques pour de l’autoproduction ou pour l’agriculture locale par exemple. Cela entraîne mécaniquement une diminution du volume global de déchets générés et donc, de la charge du travail de l’éboueur, qui peut être partagée localement de manière équitable tout en dégageant du temps libre.
Si l’on compte la diminution globale de tous ces types de ‘charges’ aujourd’hui imposées par la société de croissance (excès de biens (obsolescents par la défaillance ou par l’effet de mode), excès de transports, excès de déchets), alors oui je pense que le temps de travail pourrait sensiblement diminuer dans une société de décroissance.
Une mondialisation capitaliste à sens unique ou une démondialisation capitaliste impossible
Dans l’absolu, la mondialisation capitaliste a été conçue de façon à croître indéfiniment et infiniment, en aucun cas, elle n’a été conçue pour décroître, pour une décroissance « verte et contrôlée », pour connaître à chaque « temps économique » un repli des « valeurs ajoutées » (plus-values) ou un repli des volumes de production (idem consommation) ou un repli des « retour sur investissement » ou un repli des bénéfices ou un repli des progrès sociotechniques ou un repli des accumulations ou un repli démographique ou un repli des flux physiques ou un repli énergétique, etc… Ce n’est donc pas une « décroissance » que nous allons connaître durant ces prochains mois et années, mais de véritables effondrements systémiques en cascade, de véritables ruptures auto-entretenues et auto-majorées. En France, les rentiers et traders vont vouloir continuer de s’enrichir sur le travail d’autrui, les travailleurs productifs vont vouloir continuer de s’enrichir en produisant, les chômeurs et retraités vont vouloir continuer de percevoir des allocations de la société, mais, en aucun cas, les mois et les années qui suivent ne pourront satisfaire ces volontés. La mondialisation capitaliste ne peut que croître indéfiniment et infiniment ou s’effondrer avec pertes et fracas! Il n’y a aucun entre deux! Aucune demi-mesure! C’est croissance infinie (physiquement impossible sur Terre) ou effondrements violents et multiformes (avec quelques ajustements possibles, en matière de rationnement par exemple, nationalisations, réquisitions, redistributions, exode urbain, auto-consommations, …etc)!
Ecologie et Capitalisme sont totalement antinomiques pour les espèces incapables d’avoir accès à une énergie infinie et des ressources interstellaires infinies, or, l’humanité en est encore scientifiquement et technologiquement incapable, et les effondrements en cours vont sérieusement entraver ses possibilités potentielles d’y parvenir à court, moyen et long terme.
Nous ne sortirons jamais des conséquences structurelles et systémiques de cette dépression économique mondiale ! Déjà parce que l’épidémie n’est toujours pas jugulée et semble loin de pouvoir l’être, mais surtout parce que l’effondrement de la mondialisation capitaliste ne le permettra pas (paupérisation de masse à l’échelle mondiale, austérités budgétaires étatiques, pics de productions, chute demande/offre mondiale, explosions bulles spéculatives intenables, faillites en cascade, conséquences bioclimatiques sur toutes les chaînes de valeurs et de productions, etc.). Quand le système complexe que constitue la mondialisation capitaliste se grippe, il ne peut que s’effondrer, en aucun cas il n’est structurellement fait pour décroître de façon « sociale, contrôlée et verte » (la doctrine de « démondialisation » douce est irréaliste et irréalisable, rapport perdant/perdant trop conflictuel à l’échelle planétaire, conflits sur les ressources géostratégiques limitées, effondrement de tous les paramètres économiques, etc.).
« Relocaliser les chaînes de productions et de valeurs dans des secteurs stratégiques et écologiques » : Il serait tentant d’espérer après une pareille « opportunité », mais appréhender cette dépression économique mondiale de la sorte sousentendrait de pouvoir rediriger des « investissements » massifs en faveur des « secteurs stratégiques et écologiques ». Or le système capitaliste est ainsi fait qu’il ne peut, tout à la fois, décroître à l’échelle mondiale et revitaliser l’échelle nationale (et/ou locale) ; du moins pas sans spolier et coloniser d’autres Nations pour en sauver quelques-unes, à grand prix humain (principe des vases communicants et de l’interdépendance des flux capitalistiques mondiaux). A supposer que cela soit possible, le volume de ces « investissements » massifs nécessaires à la réussite d’une telle entreprise serait faramineux, pour un résultat très incertain. De surcroît, relocaliser les chaînes de productions et de valeurs s’appuierait sur une forme de « nationalisme » structurellement incompatible avec la mondialisation capitaliste, du moins pas sans générer des conflits armés humainement et matériellement très « coûteux ».
« Annuler les dettes pour éviter les augmentations d’impôts et l’austérité étatique » n’est qu’une fausse « bonne idée » ! Premièrement, à supposer que cela soit possible, si tous les agents économiques ne sont pas concernés (de l’Etat le plus prépondérant – au ménage le plus modeste), cela ne ferait qu’aggraver les inégalités, au point de les rendre insoutenables ! Deuxièmement, à supposer que cela soit possible, si les modalités systémiques de la mondialisation capitaliste demeuraient inchangées, les bouleversements bioclimatiques et la raréfactions des ressources suffiraient à tout faire capoter à moyen terme. Troisièmement, à supposer que cela soit possible, cela priverait les masses citoyennes de rebondir favorablement, en les privant momentanément de l’occasion de renverser au plus tôt cette mondialisation capitaliste intenable et oligarchique.
C’est « trop tard » pour une « transition capitaliste » ou une « démondialisation verte et contrôlée ». Ceci est une appréhension pragmatique et « matérialiste », presque « marxiste », des problèmes en cascade rencontrés par l’humanité aujourd’hui. L’humain a des besoins primaires qui, quand ils ne sont pas satisfaits suffisamment, meurt. Les ressources terrestres sont trop limitées et trop polluées, l’humanité meurt. Le capitalisme repose sur la croissance infinie en tout, c’est physiquement impossible quand on ne dispose pas d’énergie et ressources infinies (ou quand on ne sait pas encore technologiquement en disposer), le capitalisme s’effondre. L’occident s’est établi sur des préceptes physiquement intenables (liberté, abondance, imaginaire, croyance, infini, etc…), l’occident périclite. C’est très pragmatique, matérialiste et réaliste comme appréhension du réel, si peu idéologique et idéaliste.
De la même façon qu’il y a un biais réflexif à conclure qu’un médecin « soigne » un patient en ne faisant qu’ajourner la date de sa mort, il y a un biais réflexif à conclure qu’un économiste « sauve » l’économie mondiale en ne faisant qu’ajourner la date de son effondrement : dans les deux cas médecins et économistes ne font que reporter à une date ultérieure l’inéluctable. En définitive, un corps humain est au moins aussi complexe que le système capitaliste mondial, mais rapportés à leurs besoins respectifs pour subsister, il devient aisé de prédire que l’inanition est aussi fatale à un corps humain que peut l’être une décroissance énergétique pour la mondialisation capitaliste.
« L’alternative révolutionnaire » (à supposer qu’elle soit possible) tient à l’instauration d’un système non-capitaliste démocratique par les peuples du monde. Néanmoins, considérant le contexte, rien n’indique que ce sera chose aisée (bien au contraire), et rien n’indique que ce système non-capitaliste ne sera pas une nouvelle dictature « communiste » (d’autant que les « libertés » et la « démocratie » ont toutes les chances de s’évaporer dès que les nécessités et l’urgence commanderont totalement nos existences). Je ne suis guère enjoué face à l’avenir, mais perpétuer un semblant de CAPITALISME rimerait avec un retour de la féodalité la plus barbare et impitoyable (semblable, en partie, aux horreurs du 19ème siècle). Dans tous les cas, l’avenir n’est pas réjouissant (selon point de vue actuel des minorités planétaires les plus riches et puissantes), il faut choisir en conscience et responsabilité le moins pire (communisme écologique, frugalité, simplicité, low-tech, égalité matérielle absolue, démocratie conditionnelle, etc…).
Comme disait Kant, un pouvoir politique quelconque ne peut pas comprendre en son sein des leviers visant à son renversement : soit les citoyens passent en force, soit ils se font réprimer jusqu’à ne plus savoir qu’ils sont des « citoyens »! Aucune voie légaliste n’existe pour renverser les oligarchies capitalistes mondiales! Les Constitutions sont bafouées, quand elles n’organisent pas déjà l’hégémonie oligarchique ; les contre-pouvoirs institutionnels sont muselés, quand leur impuissance et leur corruption ne sont pas déjà consommée ; les citoyens sont en proie à un doute paralysant, quand ils ne sont pas déjà sclérosés par leur propre égoïsme et peur de la mort ; etc…
« Nous nous dirigeons vers un monde où nous aurons moins de moyens pour plus de problèmes » (Jean-Marc Jancovici)