Les drones de combat autonomes suscitent l’inquiétude
Les chercheurs mettent en garde contre l’utilisation abusive de l’IA à des fins militaires. Ils appellent les politiciens à agir. Selon eux, les algorithmes ne devraient pas décider de la vie ou de la mort de personnes.
Elbit Systems
Le fabricant d’armes israélien Elbit Systems a présenté dans sa dernière publicité le Lanius, un drone kamikaze doté d’une intelligence artificielle (IA). Il peut naviguer de manière autonome, trouver son chemin à travers les ouvertures étroites des bâtiments et reconnaître les cibles humaines, rapporte le «SonntagsBlick». Le soldat qui le commande n’a qu’à appuyer sur un bouton pour que le drone devienne une machine à tuer: il tire sur une cible ou se précipite sur elle et explose. Aujourd’hui, l’arme est toujours configurée de telle sorte qu’un être humain en chair et en os doive déclencher l’action mortelle – et en soit responsable – mais tôt ou tard, cette étape pourrait être programmée.
En 2021, l’armée israélienne a envoyé pour la première fois un essaim de ces drones dans la bande de Gaza. Outre Israël, d’autres pays travaillent également sur de telles technologies, par exemple les États-Unis, la Turquie, la Chine, la Grande-Bretagne et l’Inde. Les chercheurs en IA s’alarment depuis longtemps. Ils craignent une course aux armes autonomes.
Appel lancé en Suisse
En Suisse, huit chercheurs ont lancé un appel urgent aux politiques en novembre 2021. Ils ont demandé au conseiller fédéral Ignazio Cassis de veiller à ce que les algorithmes ne soient jamais autorisés à décider de la vie ou de la mort des gens. Sans réglementation étatique, les armes létales et autonomes pourraient être une réalité d’ici à peine dix ans. «Le Conseil fédéral partage bon nombre des préoccupations juridiques, éthiques et de sécurité que les scientifiques et les chercheurs ont exprimées à propos de ces armes», a répondu Ignazio Cassis.
La Suisse veut œuvrer au niveau international pour une réglementation appropriée, comme cela existe déjà pour les armes chimiques et nucléaires. Le problème, c’est qu’un accord international semble actuellement irréaliste. Les grandes puissances militaires ne veulent pas renoncer aux armes qui pourraient leur être utiles.
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