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Les prix de l’énergie battent des records depuis des mois, les denrées alimentaires et les engrais deviennent plus rares et leurs prix battent atteignent de nouveaux sommets: pour le président de la Banque mondiale, la récession mondiale semble inévitable.
« Si l’on regarde le PIB mondial… il est difficile de voir comment on pourrait éviter une récession », entame le président de la Banque mondiale, David Malpass, devant la Chambre de Commerce des Etats-Unis, dont les propos sont rapportés par Reuters. Il n’indique pas à partir de quand le PIB mondial serait en recul, mais les raisons, pour lui, sont claires : la guerre en Ukraine et son impact sur les prix de l’énergie, sur les prix et la disponibilité des denrées alimentaires et des engrais.
« L’idée que les prix de l’énergie doublent suffit à elle seule pour déclencher une récession », analyse-t-il. À partir d’un certain point, les prix des carburants, de l’électricité ou du gaz sont tellement élevés qu’ils vont faire baisser la demande, et les personnes ou entreprises vont moins circuler, moins produire, moins consommer, ce qui provoque un ralentissement de l’activité économique. Et, par conséquent, de la croissance. »
Il ne donne pas non plus d’estimation chiffrée de l’ampleur de la récession, mais il voit déjà les éléments en place qui vont nous y mener:
- L’économie allemande, la quatrième plus importante du monde, ralentit. Elle a évité de justesse la décroissance au premier trimestre 2022, marquant 0,2% de croissance du PIB, par rapport au quatrième trimestre 2021. Ce quatrième trimestre, par rapport au troisième, était en chute de 0,3%, a annoncé le pays mardi. Pour Malpass, la raison derrière ce ralentissement est la hausse des prix de l’énergie.
- L’Ukraine et la Russie connaîtront une contraction sévère de leur économie.
- En Europe, et aux États-Unis, la croissance va ralentir vers la stagflation.
- Les pays en voie de développement seront les plus lourdement touchés, continue-t-il, car ils sont encore plus vulnérables à la hausse des prix de l’énergie, des engrais et de la nourriture, et au fait que ces deux derniers éléments soient moins disponibles.
- En Chine la croissance va également ralentir, « de manière vive », à cause de la pandémie, à cause de l’inflation, et à cause de la crise du secteur immobilier.
Les pressions sur l’économie ne vont pas se dissiper
Un cocktail dangereux qui se met en place. Et les différents ingrédients du cocktail risquent de s’intensifier encore : la guerre n’a pas vraiment de fin rapide en vue. La Russie bloque les exportations ukrainiennes de blé, sur la mer Noire. L’Europe veut se passer du gaz et du pétrole russe, mais c’est un casse-tête pour réunir toutes les ressources nécessaires – ressources dont d’autres pays, à l’échelle mondiale, veulent aussi profiter, ce qui peut encore plus faire augmenter les prix. L’approvisionnement en énergie peut aussi tout simplement être interrompu par Poutine: cette option plane toujours au-dessus du marché. Pour l’hiver prochain, l’Europe veut avoir rempli ses réserves de gaz pour éviter une nouvelle envolée des prix, mais va-t-elle y arriver à temps? En attendant, Moscou compte les billets.
Tous ces éléments continuent de peser sur l’économie des différents pays et sur l’économie mondiale. La Banque mondiale avait, en avril, baissé son estimation du taux de croissance du PIB mondial pour l’année 2022 de 4,1 à 3,2%. Les dires du président laissent alors imaginer que la prochaine estimation sera encore plus sombre.