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Qu’en est-il de la situation démocratique et politique en Israël après la défaite du front anti-Netanyahou aux législatives ? Si le risque d’une dérive anti-démocratique est tangible aujourd’hui, la cause en est principalement l’accès au pouvoir d’une extrême-droite radicale qui n’éprouve aucun attachement normatif pour la démocratie. Mais c’est aussi parce que, dès sa fondation, Israël a établi une démocratie singulière.
Les résultats des élections législatives, le 1er novembre dernier, ont plongé la moitié des électeurs d’Israël dans l’effroi. Après être parvenu à constituer une majorité de blocage lors des premiers tours d’élection successifs en 2019 et 2020, puis à former un gouvernement de coalition après le quatrième tour en mai 2021, voilà que le front anti-Netanyahou engagé malgré lui dans un cinquième combat, a perdu la bataille au point de douter s’il gagnera la guerre pour la paix et pour la démocratie.
Les faits sont accablants et la défaite incontournable : d’abord, Benjamin Netanyahou et ses alliés ont obtenu une majorité absolue de sièges à la Knesset avec 64 députés sur 120. Ensuite, les trois formations de l’extrême-droite nationaliste et théocratique regroupées dans un parti nommé « Sionisme religieux » ont enregistré la percée la plus spectaculaire dans ce scrutin, passant de 7 à 14 sièges, soit de 250 000 à un demi-million d’électeurs. Last but not least, comme si ces deux résultats ne suffisaient pas, voilà que la gauche sioniste a perdu l’un de ses deux piliers avec l’élimination du parti Meretz qui assumait la tâche de dénoncer l’occupation israélienne sans relâche et sans équivoque, tandis que le second pilier a été fortement ébranlé par le score dérisoire obtenu par le parti travailliste – 4 sièges seulement – ce qui lui vaut le triste privilège d’être la plus petite des dix formations politiques représentées à la Knesset.
Que faire face à cette triple conjoncture ? Comment en est-on arrivé-là et avec quel projet d’alternance crédible peut-on envisager de surmonter cette défaite ? Quelle alliance faudrait-il concevoir ensemble avec les Palestiniens ? Quel rôle les États-Unis, l’Union européenne et les opinions publiques devraient-ils jouer, et notamment la diaspora ? Toutes ces questions renvoient, en substance, aux deux interrogations majeures qui hantent un grand nombre d’Israéliens frappés de découvrir qu’ils sont une minorité à s’en inquiéter : la chute de la démocratie israélienne est-elle inexorable ? La paix israélo-palestinienne est-elle une cause perdue ?
Pour tenter d’y répondre, commençons par dresser une typologie des tendances qui se dessinent au lendemain de la défaite parmi ceux qui ne voulaient pas du retour de Netanyahou aux affaires. Désuni pendant la campagne, ce bloc anti-Bibi le reste tout autant, une fois la défaite consommée.
La première de ces tendances consiste, par prudence, par confort ou par pragmatisme, à s’abstenir...