La classe moyenne est de plus en plus menacée en Europe. Un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) vient confirmer cette tendance. Elle évoque une "contraction" des revenus intermédiaires (60 à 200% du salaire médian) au cours des dix dernières années. La Belgique fait toutefois exception: grâce à sa sécurité sociale, elle dispose d'une classe moyenne "stable et prospère".
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Dans la plupart des pays européens, la classe moyenne s'est érodée en 10 ans, et entre autres, à cause de la crise financière et économique. "La crise économique et financière a gravement affecté les catégories à revenu intermédiaire", note l'OIT. Par classe moyenne, l'OIT définit les revenus intermédiaires (60 et 200% du salaire médian).
Le nombre de personnes se situant dans cette tranche de salaires a fortement diminué ces dernières années dans toute l'Europe. "Presque tous les pays de l'UE ont connu une diminution de la taille de leur classe moyennent et de la part du revenu total alloué à cette catégorie." Certaines professions, traditionnellement représentatives de la classe moyenne (employés de la fonction publique, notamment), se voient ainsi de plus en plus souvent exclure de la catégorie des revenus intermédiaire.
Avec comme conséquence, comme l'explique Daniel Vaughan-Whitehead, un des auteurs du rapport, qu'"une classe moyenne affaiblie entraîne une baisse de la demande globale, freine la croissance à long terme et peut engendrer de l'instabilité sociale et politique". Autre élément préoccupant soulevé par l'expert de l'OIT : le taux de chômage particulièrement élevé chez les jeunes qui pourrait "amoindrir leurs chances de faire partie de la classe moyenne", et "créer un fossé entre les générations".
Certains pays d'Europe comme la Belgique, la France et les Pays-Bas ou encore la Suède échappent à cette tendance, au contraire de pays en crise comme la Grèce, l'Espagne ou l'Irlande.
La Belgique préservée par son système social
La Belgique est préservée de l'érosion de la classe moyenne grâce à son système social. Notre pays dispose d'une classe moyenne "stable et prospère" commente le rapport de l'OIT. Selon ses chiffres, la classe moyenne représente encore 35% de la population, comparée à 23% pour la Lettonie, 25% en Grèce, et 26% au Royaume-Uni.
Le niveau de vie et la consommation des revenus intermédiaires belges ont en effet été peu touchés par la crise de 2008, grâce notamment à la sécurité sociale, au chômage partiel, à l'indexation des salaires qui ont permis de préserver les conditions de vie malgré le contexte économique difficile. Cette situation est également liée au modèle de concertation sociale. "Les partenaires sociaux jouent un rôle important et stabilisateur", constatent les auteurs du rapport de l'OIT.
Mais le rapport fait aussi état de déséquilibres de nature ethnique. Les foyers de personnes d'origine étrangère sont ainsi moins bien intégrés sur le marché de l'emploi, et disposent de revenus moindres. Plus de deux tiers des personnes d'origine étrangères (68%) se classent dans les revenus inférieurs, contre seulement 25% des natifs.
Pour les auteurs du rapport, il est important de prendre des mesures pour empêcher la disparition des classes moyennes et réduire les inégalités. "Ces initiatives devraient s'adresser au monde du travail, mais également prendre en compte des domaines proches comme la fiscalité, l'éducation et la protection sociale", conclut Heinz Koller, directeur de l'OIT pour l'Europe.