L’Égypte importe l’essentiel du blé qu’elle consomme. En 2011, l’explosion du prix du pain a contribué au déclenchement de manifestations qui ont fini par renverser le gouvernement. En avril 2022, l’instance publique égyptienne chargée de l’approvisionnement en blé en a acheté 350 000 tonnes à 450 dollars la tonne. En février, le même produit coûtait 252 dollars.
Dans l’intervalle, la Russie a envahi l’Ukraine. Ces deux pays sont parmi les plus grands producteurs céréaliers du monde. Les sanctions et la guerre vont réduire leurs stocks de céréales, mais d’autres pays sont intervenus et cultivent davantage de céréales, on en déduit donc que d’autres facteurs font grimper le cours des céréales et d’autres produits alimentaires.
Des prix au plus haut depuis trente ans
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix alimentaires sont en moyenne 30 % plus élevés actuellement qu’en 2021. Ils sont à leur plus haut niveau depuis que l’organisation a commencé à tenir des statistiques, en 1990. Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’attend à ce que son budget affecté à l’achat de nourriture augmente de 50 % cette année.
Ne serait-ce qu’en Afrique de l’Ouest, il faudra prévoir un budget supplémentaire de 136 millions de dollars par an. C’est la troisième crise des prix alimentaires en quinze ans. La Banque mondiale estime que chaque hausse d’un point de pourcentage dans le secteur alimentaire pousse 10 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté.
Le pis, c’est que la production mondiale de nourriture a augmenté pendant la même période. Actuellement, il y a 30 % de plus de céréales dans les réserves mondiales que les quantités nécessaires pour nourrir toutes les populations. En dépit de l’instabilité politique et des dérèglements climatiques.
Des contrats alimentaires de plus en plus spéculatifs
Le cours du blé de meunerie à Paris, plus grand marché aux grains d’Europe, est symptomatique de la conjoncture actuelle. En 2018, environ u