Vénus, la planète sœur de la Terre, connaît une période de conditions météorologiques spatiales extrêmes cette semaine après qu’une tache solaire géante non visible depuis la Terre a expulsé une énorme explosion de plasma en sa direction.
Les taches solaires sont des zones de champs magnétiques intenses qui stoppent le processus de convection temporairement. En conséquence, elles ne reçoivent plus les gaz chargés tourbillonnants émanant de l’intérieur du Soleil et leur température chute. C’est pourquoi elles apparaissent un peu plus sombres par rapport au reste de la surface du Soleil où le champ magnétique n’est pas si intense.
Nous savons que le nombre de taches solaires augmente pendant la phase active du cycle solaire, qui est en cours. Au cours des derniers mois, plusieurs de ces taches ont donc émis des éruptions, laissant échapper des particules chargées, tandis que d’autres n’ont fait que passer. Certaines d’entre elles pourraient en revanche revenir encore plus fortes.
C’est notamment le cas de la tache AR 3088. Le mois dernier, elle avait attiré l’attention des scientifiques avec son champ magnétique rotatif. En temps normal, les pôles d’une tache solaire sont alignés +/-, ce qui signifie que le pôle positif est à gauche et le négatif est à droite. Dans le cas de l’AR3088, les pôles ont tourné de 90 degrés. Le pôle positif s’est donc retrouvé en haut tandis que le pôle négatif s’est retrouvé en bas. Les scientifiques en ignorent encore les raisons. Ce que nous savons en revanche, c’est que cette tache solaire s’est finalement détournée de la Terre pour viser une autre planète : Vénus.
Deux claques en une semaine
Le lundi 5 septembre, la sonde STEREO-A de la NASA, dont l’œil est constamment braqué sur la Soleil, a repéré une éjection de masse coronale colossale (un nuage de particules chargées) libérée par l’atmosphère de notre étoile en direction de Vénus. C’est le second événement de ce genre à frapper la planète en une semaine. Le premier événement, opéré le 30 août dernier, avait été enregistré par la sonde européenne Solar Orbiter.
Visiblement, cette dernière éruption n’était pas un petit événement. « Je peux dire en toute sécurité que l’événement du 5 septembre est l’une des plus grandes (sinon LA plus grande) tempêtes de particules énergétiques solaires (SEP) que nous ayons vues jusqu’à présent« , a déclaré Georgo Ho, physicien solaire au laboratoire de physique appliquée de l’Université Johns Hopkins. « C’est au moins un ordre de grandeur plus fort que la tempête enregistrée la semaine dernière« .
Une éjection de masse coronale géante a éclaté du Soleil vers Vénus le 5 septembre 2022. Crédits : NASA/STEREO
Si l’éjection a sans nul doute perturbé l’atmosphère vénusienne, elle semble fort heureusement avoir largement raté la sonde Solar Orbiter selon les responsables de mission, bien que le magnétomètre du vaisseau ait été quelque peu affecté par les particules énergétiques libérées.
En raison de la rotation du Soleil, cette fameuse tache solaire fera de nouveau face à notre planète dans quelques jours. Autrement dit, la Terre aussi pourrait également essuyer une météo spatiale un peu compliquée au cours de ces prochaines semaines. Les scientifiques de la mission Solar Orbiter, développée spécifiquement pour mesurer de tels événements, s’en donneront à cœur joie en cas d’éruption.