Vue d'un charbonnage à Charleroi © Photo News
L’eau des mines de charbon en Wallonie va-t-elle devenir une source d’énergie? L’éventualité est étudiée scientifiquement. Les premiers résultats sont encourageants. C’est ce qu’informe dans un communiqué de presse l’institution flamande pour la recherche technologique, Vito. Cette dernière a pour mission d’accélérer la transition vers un monde “soutenable”.
En parallèle avec les universités UMons et ULiège, elle a récemment évalué le potentiel des eaux de mines comme ressource géothermique en Wallonie. Les conclusions qu’elles tirent sont positives: “Les arrondissements de Charleroi, Mons et Liège ont un potentiel géothermique qui rend intéressante l’exploitation de cette ressource en Wallonie. En effet, sur la base d’hypothèses conservatrices, il y aurait dans la région un potentiel suffisant pour réaliser au moins 11 projets similaires à celui de Heerlen (Pays-Bas)”. Or, le projet pilote mené dans cette ville néerlandaise est considérée comme un grand succès par les scientifiques. Il est devenu en 2008 la première centrale géothermique à eau minière au monde.
Identifier les zones favorables en Wallonie pour de tels projets était l’une des missions assignées par la Région Wallonne à Vito, l’UMons et l’ULiège: “La complémentarité entre le potentiel identifié du sous-sol et la demande en surface est cruciale, et à ce titre, a également été analysée. En outre, les risques environnementaux, les interactions avec les mesures de sécurité minières existantes et les éventuels risques juridiques ont été étudiés en détail”.
L’autre mission principale était de distinguer les différentes approches possibles pour mener à bien l’exploitation de la ressource minière. La mise en place d’un benchmarking européen des projets d’eau de mine pour la géothermie a notamment été réalisé.
En effet, la Région Wallonne a l’ambition de mettre en place au moins un projet pilote dans les dix prochaines années. C’est pourquoi un modèle de business plan chiffré pour un projet pilote en Wallonie a été élaboré. L’ensemble de ces éléments a permis d’élaborer un plan d’action pour promouvoir le développement durable du secteur en Wallonie.
Compte tenu de tout cela, le gouvernement wallon a lancé à l’automne 2021 trois appels d’offres publics pour des études de faisabilité de projets géothermiques dans les districts susmentionnés. Les propositions de VITO et celles des universités wallonnes (UMons et ULiège) ont été retenues au début de l’année 2022.
Les résultats des trois études doivent déterminer si l’énergie géothermique des eaux de mine est techniquement exploitable et économiquement rentable. Ils doivent confirmer ou infirmer s’il est opportun de développer des projets dans les différentes régions envisagées.
L’évaluation se basera sur l’efficacité de l’alimentation des réseaux de chaleur et de climatisation de cinquième génération. En effet, la géothermie basse énergie et le stockage de l’énergie dans les anciennes mines de charbon conviennent parfaitement à ces réseaux.
À Heerlen, la centrale géothermique est répartie en deux sites: au centre et au nord de la cité.
L’association de logement Weller, partenaire du projet financé par l’Union Européenne, a construit 200 maisons, magasins et bureaux, ainsi qu’une bibliothèque et un supermarché dans la zone comprise entre les deux sites miniers. L’ensemble de ces bâtiments contient des systèmes de chauffage et de refroidissement qui exploitent l’énergie tirée des eaux minières. Selon les estimations, ce concept génère une réduction de 55 pourcents des émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui contribuent au réchauffement climatique.
La géothermie à partir de l’eau de mine offrirait aux sites miniers abandonnés en Wallonie la possibilité de jouer un nouveau rôle dans la production et le stockage d’énergie renouvelable. L’exploitation historique à grande échelle du charbon dans le nord-ouest de l’Europe en fait l’environnement idéal pour mettre en œuvre ces systèmes énergétiques durables.
La volonté du gouvernement wallon de vérifier le potentiel géothermique des anciens charbonnages en Wallonie et de proposer un plan d’action concret pour le développement durable de cette filière dans la région date de 2019. À l’époque, il avait déjà lancé un appel d’offres et avait choisi Vito et les universités susnommées pour cette première approche.