Plusieurs études le prouvent. Jouer à des jeux nous apportent de multitudes de bienfaits. On se lance une petite partie ?
Les bienfaits du jeu
Il a été démontré que jouer améliore notre santé mentale. Mais la plupart des gens arrêtent de jouer à l’enfance. Comment retrouver les bienfaits du jeu une fois les jeux et les jouets rangés ?
Plusieurs psychologues ont pu relever que jouer à des jeux, de plateau, de cartes, vidéo, permettait d’avoir un effet, bénéfique, sur nos niveaux de stress.
Dans une étude menée à Zürich en Suisse et parue en 2013, les adultes qui démontrent des traits de personnalité plus enjoués sont plus motivés, créatifs et spontanés. Il y a même eu des liens entre des personnes aux caractéristiques plus… ludiques ayant une tension artérielle plus basse, comme démontré en 2015.
Alors que les personnes qui jouent moins ont du mal à se détendre pendant leurs loisirs et s’ennuient souvent lorsque leur esprit n’est pas préoccupé, celles qui sont plus enclines à jouer sont conscientes des nouvelles opportunités et ouvertes à essayer une plus grande variété d’activités. Ce n’est pas moi qui le dis, mais une autre étude de 2021.
Alors, avec tous ces avantages, tous ces effets, tous ces bienfaits, pourquoi la plupart des adultes s’arrêtent de jouer à l’âge adulte ? Et comment réapprendre à jouer ?
Jouer, plus
René Proyer, professeur de psychologie à l’Université Martin Luther de Halle-Wittenberg, en Allemagne, affirme dans une recherche de 2013 que les adultes qui sont de nature enjouée et qui jouent souvent sont ceux qui sont capables de gérer les situations quotidiennes de manière qu’elles deviennent… fun, et intellectuellement stimulantes.
Qu’il s’agisse d’une petite partie de Candy Crush sur votre portable, d’une blagounette avec vos collègues ou d’une partie de jeu de plateau le soir avec vos potes, la plupart des gens sont ludiques. Et pourtant. Les bienfaits du jeu peuvent passer inaperçus.
Les avantages du jeu et d’une attitude enjouée peuvent être repris à l’âge adulte, dit Proyer, ajoutant que de la même manière que vous pourriez pratiquer la méditation ou le sport, une attitude enjouée et un attrait pour le jeu, social, devrait être considérée comme une compétence qui peut être développée, exploitée et utilisée.
Observer ses bienfaits
Un bon point de départ consiste simplement à observer. Le psychologue René Proyer suggère d’énumérer trois moments à la fin de chaque journée où quelque chose de spontané s’est produit.
Cela pourrait être une interaction fun avec un ou une inconnue, alors que vous étiez en train de savourer votre croissant ou votre café à une terrasse, ou une blague partagée avec votre collègue. Cette technique, cette pratique nous aide à commencer à nous sentir en confiance pour jouer et nous rendra ainsi plus conscient de la présence de moments de joie dans notre vie quotidienne.
Le jeu doit être considéré comme une compétence qui peut être développée, exploitée et utilisée pour la pleine conscience
Mais dans son étude, le psychologue exhorte les gens à ne pas craindre de s’amuser dans une activité qui n’est normalement pas associé aux adultes. Les jeux pour adultes, considéré comme… socialement acceptables, comme les jeux de société par exemple, sont souvent accompagnés d’une liste de règles et nécessitent un environnement spécifique pour être joués.
Selon lui, ces jeux encouragent moins la créativité et le comportement ludique spontané. Et rajoutez à cela la compétition et la frustration associée à gagner et à perdre. Le psychologue affirme que plus l’interaction ou l’activité est inattendue, mieux et plus on développe son attitude enjouée. Le « playfulness », comme on dit en anglais. Jouer, oui. Mais de manière inattendue, spontanée.
C’est personnel
Notre plaisir de jouer peut dépendre à la fois de notre personnalité et de notre volonté d’être ouvert à de nouvelles formes d’interactions, de conversations et d’expériences. Proyer suggère que si vous êtes le ou la plus enjouée à la maison avec votre partenaire ou votre famille, par exemple, essayez d’utiliser les mêmes techniques de conversation avec des collègues ou des amis. Et observez les résultats.
Les bienfaits d’une telle attitude enjouée, de… jouer, plus, souvent, pointent vers un large éventail de bienfaits sociaux. De quoi nous motiver à développer et intégrer une telle attitude avec les personnes avec lesquelles nous interagissons.
À première vue, il peut sembler que la plupart des adultes ne jouent pas aussi souvent qu’ils le souhaiteraient. Peut-être, comme le suggère Proyer, parce que les jeux pour adultes socialement acceptables, comme les jeux de plateau par exemple, ou de rôle ne sont pas aussi fun. Et ceux qui le sont, comme les jeux d’ambiance, délirants, par exemple, peuvent être considérés comme… gênants, pour certains. Pas assez… sérieux.
J’ai piscine
Dans sa recherche de 2017, Sebastian Deterding, professeur de créativité numérique à l’Université de York, avance que pour que les adultes s’engagent dans des activités ludiques sans culpabilité, ils peuvent être préparés avec des « excuses », des… « alibis » socialement acceptables.
Il donne l’exemple du livre The Mindfulness Coloring Book: Anti-Stress Art Therapy for Busy People d’Emma Farrarons, qui vise à rendre socialement acceptable l’acte quelque peu… gênant, « cringe » de colorier pour adultes. On utilise alors « l’alibi » qu’il s’agit d’une thérapie pour les personnes qui ont du succès.
Cependant, avec la montée des réseaux sociaux au cours des dernières décennies, le curseur de ce qui est « acceptable » pour les adultes a bougé. Des plateformes comme YouTube et Twitch notamment popularisent la culture gaming. On joue à présent à des jeux devant des centaines, des milliers, des centaines de milliers de personnes. Le jeu vidéo, de plateau ou de rôle n’est plus… honteux. Bien au contraire. C’est un changement majeur dans notre société, culture et conscience collective.
Jeu et thérapie
Les jeux vidéo sont l’une des rares formes de thérapie par le jeu pour adultes qui portent moins de stigmatisation sociale. Alors que certains adultes pourraient ressentir le besoin de cacher leur côté ludique, le marché des jeux vidéo et des jeux mobiles chez les adultes a explosé ces dernières années. Le marché mondial du jeu était évalué à 174 milliards de dollars en 2020 et devrait valoir 314 milliards de dollars d’ici 2026.
Les bienfaits sur la santé mentale des jeux, qu’ils soient de plateau, de cartes, de rôle ou vidéo, ne sont plus à démontrer. Et pourquoi, comment ? Car jouer emporte, immerge. Et nous plonge dans cet état de béatitude intense, le « flow ».
Le flow est l’expérience optimale, quand rien d’autre n’a d’importance. Cet état est également vécu par les athlètes et les sportives et sportifs lorsqu’ils sont dans la zone, comme on dit.
Jouer pour trouver l’état de flow peut fournir un moment agréable et une distraction de nos problèmes. Jouer nous aiderait donc à améliorer, à atteindre notre bien-être, notre bonheur.
En tant qu’adulte avec des responsabilités, des pressions et des objectifs, il peut être facile de perdre de vue ces petits moments de jeu dans la vie de tous les jours. Mais ces moments constituent les parties les plus mémorables du quotidien. Et les souvenirs les plus drôles que l’on aura et partagera avec ses potes, collègues et famille.
En conclusion, avec tous les bienfaits qui en découlent, il n’est pas exagéré de dire que faire un tout petit effort pour être un peu plus ludique et enjoué devrait faire partie de notre journée.
Avez-vous déjà pensé avec nostalgie aux jeux et jouets de votre enfance ? Et est-ce que ces moments, perdus, de jeu, d’innocence et espièglerie vous ont manqué ? Peut-être que ce sentiment ne vous a jamais vraiment quitté. Il peut être juste un peu plus difficile à trouver, noyé dans nos tracasseries quotidiennes. Il ne tient qu’à nous pour le retrouver et le ressortir.
Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Est également pilote de chasse pour l’armée américaine, top-modèle, bio-généticien spécialiste en résurrection de dinosaures, champion du monde de boxe thaï et de pâtisserie végane, dompteur de tricératops, inventeur de l’iPhone et mythomane.