La partie la plus claire des rochers montre le niveau d’eau normal de la rivière Waal, alors que les niveaux d’eau ont chuté en raison de la sécheresse à Ochten, aux Pays-Bas, le 9 août 2022.
La sécheresse frappe au nord de l’Europe, y compris aux Pays-Bas, nation pourtant connue pour son abondance d’eau et ses pluies régulières. Les provinces bataves se sont même construites sur la maîtrise des eaux, leur évacuation et la protection contre les inondations ou la submersion maritime, un tiers de la surface du pays se situant en dessous du niveau de la mer.
Mais en cette année de pluie quasi absente, les Néerlandais sont confrontés au spectre du manque d’eau douce. Avec le réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse, historiquement rares, deviennent récurrents. « L’année 2018 a été une année de sécheresse très marquée, suivie de deux années très sèches. Alors que ce thème suscitait auparavant une relative indifférence, les pouvoirs publics ont commencé à affiner leur politique de gestion de l’eau en cas de pénurie », explique Henny Van Lanen, coordinateur du centre européen des sécheresses, à l’université de Wageningue.
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Le 2 août, le gouvernement néerlandais a officiellement déclaré le pays en « pénurie d’eau ». Cette annonce ne s’accompagne pas pour l’instant d’interdictions majeures, car les stocks d’eau potable ne sont pas menacés. L’Etat compte sur la prise de conscience des habitants pour éviter les gaspillages. Toutefois, au niveau local, les interdictions d’utiliser les eaux de surface à des fins agricoles se multiplient. Car l’eau diminue à vue d’œil.
Avantage aux eaux salées
« Le déficit de précipitations allié à un faible débit du Rhin et de la Meuse nous confronte à de sérieuses difficultés », relate Wiebe Borren, de l’ONG de conservation de la nature Natuurmonumenten. L’eau douce des Pays-Bas provient des précipitations, mais aussi, en grande partie, du Rhin, de la Meuse et de leurs affluents. Le débit fluvial joue un rôle crucial dans l’organisation du pays. Et ce flux s’étiole. A Lobith, à la frontière avec l’Allemagne, le débit habituel du Rhin à cette période de l’année est de 1 750 mètres cubes par seconde. Vendredi 12 août, il n’était plus que de 749 m3.
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Le trafic fluvial du port de Rotterdam jusqu’à la Ruhr (un affluent du Rhin), artère du commerce international, est particulièrement touché. Les bateaux qui remontent le fleuve, chargés de charbon, de métaux, de sable ou de pétrole, vers l’Allemagne, ou le descendent vers Rotterdam, avec des produits manufacturés, doivent réduire leur tonnage. La circulation est plus lente et le coût du transport de marchandises sur le Rhin grimpe considérablement.
La baisse du débit du Rhin et de la Meuse aux Pays-Bas donne aussi un avantage aux eaux de mer dans la bataille que se livrent eaux salées et eaux douces. « Lorsque le débit de l’eau du Rhin et de la Meuse est faible, l’eau salée entre plus haut dans nos rivières, l’impact de la salinisation est alors ressenti dans l’agriculture, l’horticulture et dans certaines tourbières qui ont besoin d’eau fraîche », analyse Henny Van Lanen.
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