/w=3840,quality=90,fit=scale-down)
Raphael ThysL'intelligence artificielle s'invite dans les programmes scolaires.
Depuis plusieurs semaines, de nouveaux types de photos de profil ont envahi les réseaux sociaux. Visages dans un style cartoon, manga, ou bien même dans l’espace, ces portraits sont le résultat d’applications mobiles gratuites qui utilisent l’intelligence artificielle. Pour cela il suffit de fournir quelques photos d’un visage puis de laisser le logiciel travailler.
Certaines applications vont plus loin et permettent de créer de toutes pièces un visage, en apparence, plus vrai que nature. C’est notamment cette utilisation que certains propagateurs de fausses informations utilisent de plus en plus.
Une pratique dangereuse
Cette pratique peut représenter un danger dans la mesure où ces portraits peuvent tromper la vigilance des internautes. Une étude menée par des scientifiques de l'Université de Londres, parue le 7 décembre 2022 dans la revue scientifique Science, montre que les faux visages réalisés artificiellement, sont jugés davantage réels que certains véritables visages. Un résultat étonnant qui s’explique, entre autres, par les énormes progrès techniques qu’a réalisés l’intelligence artificielle.
Cette perception joue un rôle important en terme de réception puisque cette étude révèle aussi que les utilisateurs accordent plus facilement leur confiance aux profils qu'ils estiment réels. Autrement dit, le faux portrait est aujourd'hui un moyen facile et accessible de donner de la crédibilité à une fausse information sur les réseaux sociaux.
Désinformation en cours
Parmi les exemples récents de détournement de cette pratique, figure un compte Twitter apparu en septembre dernier qui se présente comme celui d'un Canadien du nom de Dan. Sa photo de profil, un homme en costume, est un portrait créé par l’intelligence artificielle. Depuis sa création, le compte est très actif avec plus de 80 tweets par jour en moyenne.
La plupart des tweets de ce compte très récent contiennent des fausses informations.
Dans les contenus qu’il publie, on retrouve beaucoup d’infox, notamment autour de l’affrontement qui a eu lieu le 9 décembre 2022, entre des militaires indiens et chinois sur la frontière himalayenne, disputée entre les deux pays. Photo à l’appui, il affirme, à tort, que 300 soldats indiens auraient perdu la vie dans cet incident.
Non, le dernier affrontement entre des soldats indiens et chinois dans l'Himalaya n'a pas provoqué la mort de 300 soldats indiens.
Une photo sortie de son contexte
Cette affirmation est totalement fausse. Selon plusieurs sources locales et des personnes proches de l’armée indienne, il y a eu plusieurs blessés de chaque côté, mais aucun soldat n’a été tué. La photo faussement utilisée comme preuve, sur laquelle on voit deux hommes couchés sur des lits de camp, est sortie de son contexte.
Une recherche par image inversée permet de retrouver les premières occurrences dans la presse de cette photo issue de l'agence Press Trust of India.
Grâce à une recherche d’image inversée, on sait que cette photo date d’avril 2015 et qu’elle a été prise par un journaliste de l’agence de presse indienne Press Trust of India. En réalité, elle montre des policiers indiens blessés lors d’une attaque menée par des rebelles maoïstes dans le centre-est de l’Inde.
Ce cliché n’a donc aucun rapport avec l’incident récent entre la Chine et l’Inde dans l’Himalaya. Il s’agit ici d’une campagne de désinformation qui vise à attiser une situation déjà particulièrement tendue dans la région.