Echantillon de carbonate de lithium produit en France par Eramet. (Jérémie Jung / Signatures pour Les Echos Week-end)
Quelques grammes d'une poudre blanche à l'aspect de sucre glace, conservés dans une sorte de boîte de Petri. Directeur de la stratégie d'Eramet, Julien Masson n'est pas peu fier de montrer ce qui est, pour le moment, l'un des rares échantillons de carbonate de lithium de qualité batterie produit en France. L'entreprise minière en a fabriqué en tout et pour tout quelques kilos à partir du chlorure de lithium extrait lors d'une campagne expérimentale menée avec son partenaire Electricité de Strasbourg, sur le site de la centrale géothermale de Soultz-sous-Forêts. Achevée l'an dernier, l'opération, qui a reçu l'aide de l'Union européenne, visait à confirmer la présence de lithium dans les saumures d'Alsace et à valider le procédé d'absorption mis au point par Eramet pour son prochain site d'extraction en Argentine, dont la construction devrait démarrer en 2024.
Ce n'était pas gagné. À l'inverse des saumures sud-américaines plutôt froides, les eaux géothermales du bassin du Haut-Rhin sont puisées entre 2.500 et 5.000 mètres de profondeur et arrivent donc à la surface à haute température. Jusqu'à 180 °C. Le dispositif éphémère d'extraction monté pour l'opération a pourtant prouvé son efficacité. Mais il en faut plus à Eramet pour lancer les grandes manoeuvres et mettre sur pied ce qui pourrait être la première usine de lithium en France. « On doit définir le schéma économique qui garantira une exploitation rentable », souligne Julien Masson. Car la concentration en lithium des saumures alsaciennes est deux à trois fois moins élevée que celle de la concession argentine du groupe. « Nous sommes aussi en train de vérifier qu'à force d'extraire le lithium des saumures qui sont ensuite réinjectées dans le sous-sol on ne risque pas des phénomènes de dilution », précise le directeur de la stratégie d'Eramet.