A l’heure où le gouvernement Borne 2 accueille un ministre délégué à la ville et au logement [Olivier Klein], il me paraît nécessaire de rappeler les limites des politiques du logement en France : 12 millions de personnes en situation de mal-logement, 300 000 sans-abri, des zones de surpeuplement intolérable, des villes moyennes qui se vident et une urbanisation galopante !
Si l’objectif de donner un toit à chacun est louable, les politiques suivent toujours la même voie : construire massivement. Défiscalisation à outrance, logements sociaux bâtis par les promoteurs… Ces solutions ont montré leurs limites. Le logement est devenu un produit bancaire, l’éloignant de sa fonction première : fabriquer nos lieux de vie et dessiner nos villes. Aujourd’hui, pourtant, si 300 000 logements se construisent en un an, 100 000 autres deviennent vacants !
Le logement n’est pas qu’une question de chiffres : il est une question de vie. La conjoncture nous contraint à réfléchir. Aux besoins et aspirations des Français se confrontent les trois crises du siècle : le réchauffement climatique rend nos villes étouffantes, la biodiversité nous demande de moins urbaniser nos campagnes et la pénurie des ressources questionne nos manières de bâtir depuis cinquante ans. Nos modèles sont à revoir drastiquement.
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La ville telle que nous la concevons est dépassée : dépendance à la voiture, pollution, absence de nature… Avec les « gilets jaunes », la pandémie, la pénurie de pétrole, les épisodes caniculaires, nous devons apprendre à renoncer ! Or, renoncer veut dire retrouver une forme de liberté dans la fabrication de nos espaces de vie.
Une ville pour tous
Et si nous pensions une autre politique ? Nous devons dire adieu à « la ville facile » qui gaspille des matières premières ou des terres agricoles, et bâtir « la ville pour tous » qui s’appuie sur le « déjà là ». Cette ville pour tous – qui prend en considération l’histoire et la géographie des lieux pour vivre en harmonie avec les milieux naturels, sans les contourner ni les détruire – s’appuie sur les ressources locales afin d’en faire des économies de proximité. Oui, l’architecture peut se faire en circuit court !
L’ordre des architectes plaide pour que cesse enfin cette politique qui ne tient pas compte du potentiel des friches, des logements vacants, des villes moyennes, et dont la vision n’est jamais renouvelée… Ceux qui font les lois doivent avoir le courage de changer les choses !
Cinq axes prioritaires peuvent être définis.
Rééquilibrer les territoires en arrêtant d’opposer villes et ruralité. Il faut stopper l’artificialisation, retrouver des récits de territoires en associant les habitants et en retissant le lien entre les mobilités, le travail et le développement urbain.
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