L’Europe ambitionne de multiplier par deux la part qu’elle représente dans la production mondiale de semi-conducteurs pour la faire passer de 10 à 20 %, a expliqué Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
Le Vieux Continent est très loin derrière les pays asiatiques et les États-Unis dans un secteur pourtant clé pour l’avenir.
Causée notamment par l’importante hausse de la demande en appareils électroniques à la suite de la pandémie, mais aussi par une baisse de la production engendrée par les mesures de confinement, la pénurie qui touche actuellement le secteur des semi-conducteurs a révélé à quel point cette technologie est vitale. Son impact sur le marché automobile européen en est la preuve. Ainsi, les principaux pays du continent ont enregistré une baisse à deux chiffres de leurs ventes de véhicules en l’espace d’un an seulement.
Dans le cadre du plan européen pour le numérique pour 2030, l’Union européenne (UE) souhaite par conséquent augmenter sa production de semi-conducteurs afin de réduire sa dépendance aux entités étrangères. Objectif : « Concentrer en Europe au moins 20 % de la production mondiale de puces durables et de dernière génération d’ici 2030 », rapporte Reuters.
« Nous faisons tout ce qu’il faut pour attirer des investissements stratégiques », a déclaré Thierry Breton. « Nous fixons nos conditions (...), la sécurité d’approvisionnement, pas d’aide publique pour les technologies de rattrapage », a-t-il continué.
Pour y parvenir, l’UE prévoit d’investir plusieurs milliards d’euros. Si le commissaire européen n’a pas donné de chiffre précis, il a assuré que le financement serait « équivalent » à ce que prévoient d’investir les États-Unis dans le secteur des semi-conducteurs. L’année dernière, le gouvernement américain a annoncé un plan d’investissement de 52 milliards de dollars afin de booster la production locale et de réduire sa dépendance envers les pays asiatiques.
Davantage de détails sur le plan visant à renforcer la souveraineté européenne dans le secteur des semi-conducteurs seront dévoilés par la Commission le 8 février prochain. De son côté, la Chine pourrait être l’un des leaders incontestés du secteur d’ici 10 ans, selon le cabinet IDC. Les ambitions de l’Europe sont très loin de celles de l’Empire du Milieu. Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, l’UE ne parviendra jamais à l’indépendance dans ce secteur.