De vastes bassins de saumure contenant du carbonate de lithium s’étendent à travers une mine de lithium dans le désert d’Atacama, au Chili. (Photo by Lucas Aguayo Araos/Anadolu Agency via Getty Images)
Le Chili est le deuxième plus grand producteur de lithium au monde après l’Australie et détient la plus grande réserve de la planète. Le pays entend capitaliser sur son trésor national en nationalisant ces énormes quantités de lithium, mais ses plans pourraient bien prendre des années avant de voir le jour – si tant est qu’ils se concrétisent.
Pourquoi est-ce important ?
Le lithium est devenu un élément essentiel de l'économie en raison de son utilisation cruciale dans les batteries rechargeables, en particulier pour les véhicules électriques. Avec la transition vers des modes de transport plus durables et l'augmentation de la demande de technologies mobiles et de stockage d'énergie, le lithium est donc devenu un véritable petit trésor blanc que l'on s'arrache de plus en plus dans le monde entier.
L’essentiel : Le Chili veut prendre le contrôle de son immense et prometteuse industrie du lithium.
- Le président Gabriel Boric a déclaré la semaine dernière qu’il chercherait à nationaliser progressivement l’industrie du lithium du pays dans le but de stimuler l’économie chilienne.
- « Il s’agit de la meilleure chance que nous ayons pour passer à une économie durable et développée », a-t-il affirmé.
- Une très bonne idée, en principe : le pays détient en effet l’une des plus grandes réserves mondiales de ce métal et est le second producteur au monde, derrière l’Australie.
- Selon le Service géologique des États-Unis (USGS), le Chili détient quelque 9,2 millions de tonnes de lithium, soit la première réserve au monde.
- Et le Chili n’est pas le seul à avoir eu cette idée lumineuse : le président mexicain pousse son ministre de l’Énergie pour nationaliser au plus vite les réserves du pays.
- Pendant ce temps, d’autres rivaux tentent de se démarquer pour gagner cette course juteuse dans l’électrification du parc automobile.
- En mars dernier, l’Iran a affirmé avoir découvert ce qui pourrait être « la deuxième plus grande réserve de lithium au monde ».
- En février, c’est l’Inde qui a trouvé un gisement de 5,9 millions de tonnes.
- De son côté, l’Argentine prévoit de tripler sa production de lithium dans les deux ans à venir. Le pays pourrait ainsi surpasser le Chili dès 2028.
Des plans sur la comète ?
En réalité : Le gouvernement chilien semble bien trop optimiste.
- Selon les analystes interrogés par Reuters, le pays doit d’abord faire face à de nombreux défis techniques et politiques pour nationaliser ses réserves de lithium.
- Des négociations avec les producteurs de lithium sont d’abord nécessaires.
- Sauf qu’il est peu probable que les producteurs chiliens, Albemarle et SQM, coopèrent les yeux fermés.
- Albemarle a même déjà indiqué qu’il maintiendrait son contrat actuel sans changement jusqu’à son expiration en 2043.
- De son côté, SQM a déclaré être prêt à commencer les négociations avec le gouvernement.
- Tout comme des partenariats public-privé avec des entreprises technologiques.
- Des négociations tendues avec des rivaux politiques sont attendues.
- Pour réussir son plan, le gouvernement aurait besoin du soutien des partis politiques d’opposition, qui ne seront pas nécessairement enclins à lui donner un coup de pouce.
- Le Congrès chilien, divisé, a ainsi déjà empêché la réalisation de nombreuses propositions de réforme progressistes présentées par le président Boric.
- Il faudra également passer par la création d’une entreprise nationale de lithium.
- Selon Daniela Desormeaux, directrice du Centre d’études du cuivre (Cesco) du Chili, ce dernier point est « l’élément le plus compliqué » du plan, car il nécessite un soutien législatif.
- De plus, les nouvelles exigences pour les techniques d’extraction et les longs délais réglementaires pour l’environnement pourraient ralentir le développement des projets de lithium.
- Autant d’obstacles qui pourraient prendre de nombreuses années à être surmontés, selon les analystes.
- En d’autres termes, le Chili tire de beaux plans sur la comète.
- « Pour l’instant, il reste incertain que le Chili puisse organiser son industrie du lithium vers une croissance considérable en termes de production et de valeur industrielle », ajoute Johann Tan, analyste de produits de base chez Fitch Solutions.