La cible de l’Accord de Paris pour le climat – limiter le réchauffement à 1,5°C-2°C par rapport aux températures pré-industrielles – ne cesse de s’éloigner. « Les pays du G20 doivent montrer la voie, sinon l’humanité paiera un prix encore plus tragique », intimait récemment le secrétaire général de l’Onu, António Guterres. Et l’ingénieur et chef d’entreprise Jean-Marc Jancovici de renchérir peu de temps après au micro de Franceinfo : « Il faut que les émissions baissent de 5 % par an, tous les ans, à partir de maintenant. » Problème : les émissions mondiales de CO2 ne cessent d’augmenter chaque année, nous éloignant collectivement chaque jour un peu plus du respect des promesses maintes fois répétées aux générations futures.
Néanmoins, en France, l’élection présidentielle semble avoir activé une prise de conscience soudaine au sommet de l’Etat. Pendant la campagne, Emmanuel Macron confiait au micro de France Culture « qu’une des choses sur lesquelles il s’était le plus transformé intellectuellement, c’était le rapport à la nature et la pensée de l’écologie. » Le candidat s’est également fendu de promesses que beaucoup espèrent suivies d’effets sur le front du changement climatique. Car c’est la communauté scientifique mondiale qui le dit dans le troisième et dernier volet du sixième rapport du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l'évolution du climat) : il ne nous reste que trois ans pour agir afin d’éviter un destin malheureux.
Pour identifier les leviers qui permettraient à la France de réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre et de s’inscrire dans les clous de l’Accord de Paris, le think tank The Shift Project a publié son Plan de transformation de l’économie française. Nous avons donc posé plusieurs questions à son directeur, Matthieu Auzanneau, afin de comprendre les enjeux, mais surtout les actions à mener, dès aujourd’hui, au sein des secteurs les plus émetteurs en CO2e.