Vue de Paris - Lionel Bonaventure
Les prix élevés de l'immobilier accentuent les difficultés de recrutement des entreprises et touchent désormais "l'ensemble des secteurs", affirme à l'AFP Bruno Arcadipane, président de l'organisme Action Logement, cogéré par patronat et syndicats.
Dans une interview accordée à l'AFP, Bruno Arcadipane, président de l'organisme Action Logement, cogéré par patronat et syndicats, revient sur les problèmes que posent les prix élevés de l'immobilier pour les entreprises.
Observez-vous des difficultés de recrutement liées aux prix de l'immobilier?
Oui, complètement. La mobilité en général est évidemment au coeur des sujets et elle peut se faire soit par l'achat d'une propriété près de son entreprise, soit par la location d'un bien. Sur la partie purement +achat+, on voit très bien que les prêts immobiliers se resserrent, notamment pour les primo-accédants, que les taux remontent, mais au-delà de ça, il y a un niveau de refus des dossiers qui s'accroît et qui nous inquiète, notamment pour la construction neuve de demain, alors que les besoins sont énormes.
Depuis plus d'un an, on voit que les demandes s'accélèrent sur les aides à la mobilité. En 2021, Action Logement a délivré 800.000 aides dont 222.000 exclusivement dédiées à la mobilité. (...) Au-delà, on a été sur une année record de la garantie locative Visale: on a distribué 227.000 passeports Visale, qui permettent d'apporter une garantie aux bailleurs, pour soutenir la candidature d'un jeune ou d'un salarié gagnant jusqu'à 1.500 euros. Quand on fait l'addition des deux, on est à peu près à 450.000 aides dédiées à la mobilité. Il y a une demande qui est croissante et extrêmement importante.
Parce que sans ça, on n'arrivera plus à recruter dans certains bassins d'emploi. Le logement est devenu une force de proposition pour les entreprises, une attractivité pour l'employeur capable de fournir à ses salariés ou à ses alternants un logement proche du site professionnel.
Dans quels secteurs est-ce le plus visible?
Il y a quelques mois, je vous aurais dit assez facilement: bars, restaurants, bâtiment, etc. Aujourd'hui, l'ensemble des secteurs sont touchés. Ce qui est assez surprenant, puisqu'on a un niveau de chômage d'à peu près 7%. On peut aller sur des secteurs variés comme le service, le bâtiment, des secteurs très éloignés, et tous ont le même niveau de difficulté aujourd'hui pour recruter, toutes franges confondues, et tout particulièrement sur les territoires où l'offre de logements n'est pas suffisante.
Quels territoires sont touchés?
Le pire, c'est l'Ile-de-France, Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur, NDLR) et la côte atlantique évidemment, mais pas seulement. Aujourd'hui, dans l'ensemble du territoire, vous avez des poches géographiques où c'est calamiteux. La frontière luxembourgeoise, vers Thionville, par exemple, c'est très difficile. Le pays de Gex (près de la frontière suisse, NDLR), tout le monde le sait mais c'est plus vrai que jamais. Pour le zoo de Beauval (Loir-et-Cher), on a dû inaugurer une résidence dédiée aux saisonniers à Saint-Aignan. Si Action Logement n'est pas là pour proposer ce genre de solutions, les entreprises n'arrivent plus à recruter. Là, on travaille avec Yves Rocher à La Gacilly (Morbihan) pour financer une résidence, là aussi pour des jeunes.