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Les habitants d’Europe de l’Ouest sont menacés directement par le réchauffement climatique, assure Valérie Masson-Delmotte, chercheuse en sciences du climat et coprésidente d’un des groupes de travail du GIEC, ce groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Elle était au micro de Gaël Giordana sur Radio Classique ce mercredi 3 août.
« Une vague de chaleur marine impressionnante en Méditerranée »
La France entre dans une 3ème vague de chaleur cette année, avec des pointes à 40° dans le sud-ouest. Une situation qui dépend directement de nos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale : « tant que celles-ci n’auront pas diminué suffisamment pour atteindre 0 net, c’est-à-dire qu’on soit éventuellement capable de contrebalancer des émissions résiduelles, le niveau de réchauffement planétaire continuera à augmenter », explique Valérie Masson-Delmotte. La hausse des températures se poursuivra, sur terre, mais aussi en mer, « avec une vague de chaleur marine impressionnante en Méditerranée, ce qui va dégrader fortement certains milieux naturels ». Elle a également détaillé les 4 risques majeurs pour l’Europe de l’Ouest, face au réchauffement climatique : « le premier, c’est la chaleur extrême avec des enjeux de santé mais aussi pour les forêts, les écosystèmes marins. Le 2ème, ce sont des chocs négatifs sur les activités agricoles, notamment du fait de conditions plus chaudes, plus sèches. Le 3ème, c’est le risque de pénurie d’eau avec des implications extrêmement préoccupantes, pas uniquement pour la production agricole ou les forêts, mais aussi par exemple par rapport à la navigabilité du Rhin que l’on voit actuellement. Enfin, le 4ème risque majeur, ce sont les inondations à cause des pluies plus intenses, des débordements de cours d’eau mais aussi de la montée du niveau des mers ».
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La solastalgie, le deuil d’un paysage dont on sait qu’on ne le retrouvera pas
La scientifique se dit d’ailleurs très inquiète pour l’automne prochain, assurant « qu’une Méditerranée plus chaude peut alimenter des épisodes cévenols plus intenses ». Quelles sont alors les solutions possibles pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ? Valérie Masson-Delmotte estime qu’il y a des leviers d’actions dans tous les secteurs d’activité, et aussi chez les particuliers, et « qu’il faut les déployer le plus rapidement possible ». D’autant qu’aux effets néfastes du réchauffement climatique sur l’environnement s’ajoutent ceux sur la santé publique : « je vois trois enjeux de santé mentale dans un climat qui change, lorsque des personnes ont été déplacées par des incendies et des inondations, ensuite la solastalgie, le deuil d’un paysage qu’on aime, et dont on sait qu’on le perd et qu’on ne le retrouvera pas, et enfin l’éco-anxiété, un sentiment qui peut être très envahissant suite à une prise de conscience de la sévérité des enjeux [climatiques] ».
Béatrice Mouedine