La surface de notre planète pourrait être encore plus accueillante à la vie si la géante gazeuse, la susnommée Jupiter, déplaçait son orbite, suggèrent de nouvelles modélisations. L’étude, publiée dans The Astronomical Journal, pourrait se révéler importante dans le cadre de la recherche d’exoplanètes habitables.
Si notre planète est habitable, c’est qu’elle remplit plusieurs facteurs essentiels à l’émergence de la vie. Tout d’abord, la Terre est à bonne distance du Soleil pour permettre la présence d’eau liquide en surface. Elle est géologiquement active et son axe de rotation est assez stable. Enfin, nous sommes relativement épargnés par les attaques d’astéroïdes. Cela est dû en partie à la présence de Jupiter. La géante aurait en effet aidé à nettoyer le système solaire de ces débris, mais aussi permis de stabiliser les orbites des planètes intérieures, comme la Terre.
L’influence de Jupiter sur la vie terrestre est d’ailleurs telle que nous pensions, jusqu’à présent, qu’un changement de son orbite aurait des conséquences désastreuses pour notre planète. En réalité, tout dépend du changement. Une nouvelle étude montre en effet que si la géante de gaz avait une orbite plus excentrique, la vie sur Terre pourrait être encore meilleure.
L’hypothèse d’une Jupiter plus excentrique
L’étude a examiné la façon dont Jupiter affecte l’orbite et l’inclinaison axiale de la Terre au fil du temps. La Terre a une orbite très circulaire (un cercle quasi parfait), tandis que son inclinaison axiale – qui génère les saisons – est actuellement d’environ 23,4 degrés.
Ces facteurs évoluent cependant légèrement au fil du temps, et sous-tendent ce qu’on appelle le cycle de Milankovitch. Il s’agit d’une mesure de la quantité de chaleur globale reçue par la surface terrestre de la Terre, connue sous le nom d’insolation.
Une partie du cycle de Milankovitch est due à la légère traction gravitationnelle de Jupiter. Mais puisque Jupiter a aussi une orbite circulaire, ce n’est pas un facteur significatif. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont créé des systèmes solaires simulés impliquant une orbite jovienne avec une excentricité plus élevée. Ces derniers pensaient qu’une Jupiter plus excentrique rendrait la Terre moins habitable. Ils ont finalement été surpris de constater l’inverse.
Avec un effet gravitationnel accru de Jupiter, la Terre aurait en effet une meilleure insolation, de sorte que certaines des parties les plus froides de notre planète se réchaufferaient pour atteindre des températures plus tempérées.
« Beaucoup sont convaincus que la Terre est l’incarnation d’une planète habitable et que tout changement dans l’orbite de Jupiter ne pourrait être que mauvais pour la Terre », note Pam Vervoort, co-auteure de l’étude. Nous montrons que les deux hypothèses sont fausses. »
À l’inverse, d’autres changements pourraient être catastrophiques. Les chercheurs ont en effet découvert que si Jupiter était beaucoup plus proche du Soleil, cela pourrait provoquer une inclinaison extrême sur Terre. En conséquence, notre planète recevrait moins de lumière solaire, ce qui signifie que de grandes surfaces sur Terre connaîtraient des températures inférieures à zéro.
Euorpe, Io et Jupiter en arrière plan. crédits : Wikipédia
Recherche exoplanétaire
Ces résultats ne nous concernent pas directement. Aux dernières nouvelles, il n’est pas prévu que Jupiter modifie son orbite. En revanche, les chercheurs pensent que cette étude pourrait aider les astronomes à déterminer quelles exoplanètes pourraient être habitables.
Actuellement, la recherche d’habitabilité dépend du fait qu’une planète se trouve dans la zone permettant la présence d’eau liquide en surface. Il s’agit d’un paramètre important, certes, mais d’autres, comme la forme de l’orbite ou les variations saisonnières – jouent un rôle clé également.
Pour rappel, les planètes avec une orbite plus circulaire maintiennent une distance constante avec leur étoile tandis que des orbites plus excentriques rapprochent et éloignent les planètes de leurs étoiles à différents points de cette orbite. Or, la proximité d’une étoile détermine la quantité de rayonnement qu’elle reçoit et la façon dont elle est transmise, ce qui signifie qu’elle affecte le climat d’une planète.
Les télescopes actuels sont suffisamment puissants pour déterminer l’excentricité des orbites des exoplanètes. En revanche, ils ne sont pas assez bien équipés pour mesurer l’inclinaison de ces mondes. Cependant, les astronomes pourraient travailler sur des méthodes indirectes – comme l’examen des orbites et des mouvements des géantes gazeuses à proximité – pour la déterminer.