La start-up néerlandaise Ocean Grazer a reçu un prix de l’innovation au salon CES de Las Vegas début 2022 pour sa « batterie océanique ». Présentation de ce système de stockage d’électricité en profondeur.
« Ocean battery » : le principe d'une mini « STEP »
Implantée sur le fond marin, la batterie océanique d’Ocean Grazer fonctionne suivant le principe des STEP (stations de transfert d’énergie par pompage). Pour rappel, ces dernières sont des installations hydrauliques, composées de deux bassins situés à des altitudes différentes, qui permettent de stocker de l’électricité (en pompant l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur lorsque la demande électrique est faible sur le réseau et en y injectant de l’électricité en turbinant l’eau du bassin supérieur lorsque la demande est forte).
Dans le système d’Ocean Grazer(1), des poches souples posées au fond de l’océan font office de bassin supérieur et des réservoirs situés plus en profondeur constituent le bassin inférieur. Comme une STEP, la batterie océanique vise à éviter tout déséquilibre sur le réseau électrique (la gestion de l'équilibre sur le réseau est rendue plus complexe par l'intermittence de la production éolienne offshore). Lorsque la production d'une éolienne offshore ne répond pas à un besoin simultané sur le réseau, la batterie océanique d'Ocean Grazer permettrait de pomper de l'eau depuis les grands réservoirs vers les poches souples. En cas de besoin sur le réseau, l’eau est réacheminée vers les réservoirs en transitant par des turbines hydrauliques pour produire de l’électricité.
Ocean Grazer souligne que sa batterie se différencie des STEP car elle utilise la pression hydrostatique « gratuite » plutôt qu’une forte hauteur de chute entre les deux bassins : « nous n'avons pas besoin de construire un barrage hydroélectrique entier », souligne la start-up néerlandaise.
Une batterie océanique en pleine mer d'ici à 2025
La batterie océanique d'Ocean Grazer peut réinjecter de l'électricité sur le réseau en quelques secondes et sa durée d’exploitation prévue est supérieure à 20 ans. L'entreprise néerlandaise souligne enfin que son système est constitué d’acier, de béton et de caoutchouc, sans nécessiter de terres rares.
Ocean Grazer souligne par ailleurs que sa batterie peut être déployée sur des parcs éoliens offshore existants et envisage un retour sur investissement de 8 à 10 ans. La batterie néerlandaise a également vocation à être couplée à d’autres types de centrales énergétiques (solaire flottant, marémoteur, etc.).
Après de premiers tests du dispositif dans le Port d'Ems (nord des Pays-Bas), l’entreprise prévoit de déployer sa « batterie océanique » dans un lac aux Pays-Bas d'ici à 2023, puis en pleine mer d'ici à 2025.