Selon la théorie de Brandon Carter, les principes fondamentaux régissant l’apparition de la vie sur Terre et la possibilité qu’elle puisse exister sur d’autres planètes seraient basés sur un effet de sélection, lié à une série d’évènements très rares et très précis. Cependant, cette théorie souffrirait d’un manque de « preuves anciennes », et les récentes découvertes dans le domaine de l’astrobiologie semblent aller dans le sens inverse. Daniel Whitmire, un astrophysicien à la retraite, a émis une nouvelle hypothèse selon laquelle l’abiogenèse ne serait en fin de compte pas si improbable, et que l’existence de la vie sur d’autres planètes serait plutôt régie par l’analogie de la conception — notamment si l’on se base sur le fait que l’abiogenèse sur Terre n’est pas un argument neutre.
La théorie de Carter stipulant que l’existence de la vie sur Terre est régie par un effet de sélection (de survie) et basée sur une analogie bayésienne. De cette analogie découlent les deux principes fondamentaux de la théorie : les principes anthropiques faible et fort. Le premier signifie que notre position dans l’Univers est privilégiée et est compatible avec les conditions nécessaires à notre présence en tant qu’observateurs, autrement, nous ne serions pas là pour observer. Le deuxième stipule que l’Univers doit avoir des lois et des paramètres fondamentaux pour que la vie (dont les observateurs) puisse exister. Notre existence — engendrée par l’abiogenèse (l’apparition de la vie à partir de matière inanimée) sur notre planète — ne signifierait pas ainsi forcément qu’il soit probable que la vie soit également présente sur d’autres planètes.
Pour résumer, cette théorie suggère que l’observation de la vie sur Terre ne représente pas une information exhaustive concernant les probabilités d’abiogenèse sur d’autres planètes relativement semblables. Ainsi, nous ne pouvons pas nous appuyer sur la seule base des informations que l’on a sur l’abiogenèse terrestre pour estimer les probabilités d’apparition de la vie sur d’autres planètes.
Cette théorie semble affirmer que l’apparition de la vie découlerait d’un processus de sélection liée la survie. La probabilité qu’elle puisse exister ailleurs serait donc faible et certaines conditions propres à la Terre imposeraient des contraintes à l’Univers. Si le Soleil ne se situait pas exactement (et de façon constante) au « bord » de notre galaxie entre deux de ses bras par exemple, la Terre serait bombardée des radiations mortelles et de poussières de comètes. Et si la quantité de matière noire dans l’Univers ne variait que très légèrement, la Terre ne serait pas propice à la vie, car son inertie serait modifiée.
Bien qu’admises par de nombreux scientifiques, les probabilités découlant de la théorie de Carter souffriraient cependant de manques de preuves anciennes. La nouvelle hypothèse de Whitmire, présentée dans la revue Cambridge University Press, semble alors suggérer l’inverse. De nombreuses preuves en faveur de l’abiogenèse hors Terre ont notamment été mises en lumière au cours de cette décennie. Parmi ces nombreuses preuves, il a été découvert que la présence de l’eau liquide sur d’autres corps planétaires du système solaire n’est pas aussi rare qu’on le pensait auparavant. Pour émettre sa théorie, Whitmire a alors considéré ces preuves dans ses calculs, en les intégrant dans une nouvelle méthode d’analyse des probabilités.
Une théorie basée sur l’analogie de la conception
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Après avoir pris en compte la manière dont l’existence des anciennes preuves pouvait influencer les probabilités de l’abiogenèse, Whitmire s’est basé sur « l’analogie de la conception ». Suivant cette dernière, la théorie de Carter s’interprèterait comme suit : « j’existe indépendamment du fait que ma conception ait été difficile ou facile, et donc rien ne peut être déduit si ma conception était difficile ou facile du fait de ma seule existence ». Dans ce cas précis, « difficile » signifie que les parents auraient utilisé un moyen de contraception, et « facile » signifierait le contraire.
Cependant, selon cette nouvelle hypothèse, l’existence constitue elle-même une preuve ancienne qui doit être prise en compte. De ce fait, l’on pourrait conclure que la probabilité que la conception ait été facile est beaucoup plus élevée. Si l’on appliquait cette analogie à l’abiogenèse en considérant l’existence de la vie sur Terre en tant que preuve ancienne, les probabilités qu’elle puisse exister sur d’autres planètes augmentent également.
Ainsi, l’existence de la vie sur Terre ne serait pas une « preuve neutre » selon Whitmire, et l’abiogenèse sur d’autres planètes qui lui sont plus ou moins semblables serait relativement « facile » (pour reprendre les termes avancés dans l’étude). De plus, selon ses calculs, le temps nécessaire pour réunir les bonnes conditions pour l’abiogenèse serait inférieur à celui dont la Terre aurait eu besoin pour réunir toutes les conditions d’habitabilité. « L’existence de la vie sur Terre est une preuve ancienne et, tout comme dans l’analogie de la conception, les probabilités que l’abiogenèse soit facile sont beaucoup plus élevées », conclut-il.