Source : Al Gore speaking at Davos Word economic Forum 2022
Al Gore transcriptVivre au 21ème siècle
Jamais l'histoire humaine n'a semblé aussi cryptique qu'en ces temps troublés. Depuis l'année charnière de 2020, nous assistons à une cascade de crises qui se suivent, se chevauchent, s'imbriquent les unes dans les autres, façonnant une ère nouvelle, marquée par le chaos et l'imprévisibilité.
Face à un avenir pavé de chocs et de révolutions (technologiques, sociales, géopolitiques), notre capacité à observer, analyser et comprendre ces bouleversements demeure un défi. Se préparer à l'avenir, y contribuer, influencer le cours des choses... des interrogations qui résonnent avec acuité pour ceux qui entament leur vie d'adulte dans ce que Alvin Toffler nommait le "choc du futur".
Dans ce tourbillon, les promesses et les prédictions se bousculent, oscillant entre merveilleux et inquiétudes, souvent mêlant les deux. D'une part, la technologie, dans sa frénésie créatrice, repousse les limites jusqu’à redéfinir notre essence même, ébranlant nos conceptions de l'humanité, du vivre-ensemble, du travail, de l'amour et de la mort pour ne donner que quelques exemples. D'autre part, la crise environnementale esquisse un monde en mutation, où les ressources s'amenuisent et se raréfient, offrant des perspectives très peu réjouissantes, voir pas de perspectives du tout.
Notre civilisation, à la croisée des chemins, vacille entre un avenir glorieux ou funeste. La continuité semble une option écartée, la rupture inévitable.
Quelles seront ces ruptures ? Quelles en seront les conséquences ?
La complexité du monde nous dépasse, débordant notre capacité intellectuelle. Un enchevêtrement de causes et d'effets, s'entrecroisant et se multipliant à une vitesse vertigineuse, engendre un brouillard épais, obscurcissant notre vision de l'avenir.
Notre époque est ainsi marquée par un paradoxe : une accumulation sans précédent de savoirs et de talents, face à un monde en constante accélération, dépassant notre capacité d'adaptation. Nous voici engagés dans une course qui semble perdue d'avance, une épreuve qui durera probablement encore deux décennies.
Dans quel monde vivrons-nous ? Quel avenir envisager ? Pouvons-nous rêver d'un monde différent, inspirant, où la mobilisation ne se fonde pas sur le plus matériel, mais sur un enrichissement de l'esprit et du collectif ? Un monde où la richesse et l'abondance se redéfinissent.
Ce tournant radical de l'humanité ébranle nos civilisations : croyances, mœurs, habitudes et valeurs sont remises en question, laissant un vide propice à l'innovation, mais aussi à l'incertitude. Nous avons perdu des repères, sans trouver encore ceux qui tisseraient des liens sociétaux robustes pour affronter les défis de notre temps.
Cette accélération ressentie, cette course vers l’inconnu, qui peut donner le vertige, c’est précisément cela qu’est le Choc du Futur, choc qu’Alvin Toffler décrivait dans son ouvrage éponyme il y a déjà 50 ans (1972). Cette accélération, cette chevauchée vertigineuse vers l'abyssal inconnu, c'est l'essence même du Choc du Futur, tel que l'avait prophétisé Alvin Toffler dans son œuvre visionnaire il y a un demi-siècle.
Un choc qui, bien qu'invisible, exerce une pression tangible et parfois insidieuse sur l'esprit humain. Certains s'y adaptent, une poignée y trouve un élan de vie, tandis que beaucoup d'autres le repoussent, parfois sans même en avoir conscience.
Face à l'avancée inéluctable du temps, certains aspirent à un retour en arrière, une utopie, un mirage séduisant exploitée par les charlatans et démagogues pour conquérir richesses et suffrages des plus crédules.
Que l'on adhère ou non à cette réalité, que l'on en soit conscient ou non, le changement est en marche et ses impacts, inéluctables. Notre meilleur espoir réside dans notre capacité à nous y préparer, à influencer son cours dans la direction la plus bénéfique. Dans un monde au seuil d'une transformation aussi radicale, envisagez un instant l'évolution des domaines d'activité. Pour un étudiant en communication, quelles perspectives s'offrent à lui dans ce futur remodelé totalement? Quelle forme prendront les métiers de demain, dans une société où les repères traditionnels s'évanouissent pour laisser place à des contours nouveaux et encore indéfinissables?
Ce sont là des interrogations cruciales, dévoilant un paysage professionnel en pleine mutation, où les anciennes normes cèdent la place à des paradigmes inédits, exigeant adaptabilité, créativité et une compréhension profonde de l'interconnexion entre la technologie, la société et l'individu. Pour un communicant de demain, les défis ne seront pas seulement techniques ou créatifs, mais aussi profondément humanistes, éthiques et philosophiques.
Publicité et éco responsabilité
La publicité, ce miroir de la société, reflète souvent les désirs et les aspirations du moment. Historiquement, elle a servi à stimuler le désir de consommer, un pilier fondamental du consumérisme et, par extension, de la croissance économique. Elle a été le vecteur par lequel les entreprises communiquent, vendent, et façonnent les envies. L'adage « Je consomme donc je suis » en est devenu presque une maxime culturelle, symbolisant l'équation entre consommation et identité.
Mais à l'ère de la crise climatique et de la prise de conscience écologique, la publicité se trouve à la croisée des chemins.
Le monde durable, vers lequel nous aspirons, n'est pas seulement un lieu de consommation modérée, mais un espace où les valeurs, les comportements et les systèmes sont radicalement transformés. La publicité, en tant que puissant outil de communication, doit alors se réinventer pour s'aligner sur ces nouveaux paradigmes.
Le défi pour les publicitaires est double. D'une part, ils doivent concilier leur rôle traditionnel de moteur de croissance avec les impératifs d'une économie plus responsable et circulaire. D'autre part, face à un avenir incertain et à une destination encore inconnue, ils doivent naviguer dans un environnement en constante évolution, sans modèle clair à suivre.
Le paradoxe est palpable : comment continuer à exercer un métier axé sur la stimulation de la consommation dans un monde où la retenue et la durabilité sont impératives ? Cette contradiction est d'autant plus aiguë pour les jeunes générations, qui héritent d'un monde en proie à de multiples crises écologiques et économiques.
La récente demande du premier ministre belge Alexander DeCroo d'appuyer sur le bouton « pause » en terme d’ambitions écologiques pour sauver l'économie illustre parfaitement cette tension. Ce court-thermisme, focalisé sur la sauvegarde immédiate de l'économie, risque de négliger une vérité plus fondamentale : dans un monde rendu invivable par les crises écologiques, l'économie telle que nous la connaissons pourrait s’effondrer.
La publicité doit donc évoluer, non seulement en changeant son message et son contenu, mais en redéfinissant son rôle et sa finalité. Elle doit devenir un outil pour promouvoir des modes de vie durables, pour sensibiliser et éduquer, plutôt que simplement pour stimuler la consommation, mais qui veut payer pour çà? La transition vers une économie durable nécessite une publicité qui ne se contente pas de vendre des produits, mais qui contribue à façonner un futur où la consommation est équilibrée par la conscience et la responsabilité.
Vaisseau Terre : l’Age des Limites
En seulement quelques siècles, l'humanité a entrepris un voyage radical et transformateur. L'ampleur du changement vécu n'a qu'un seul équivalent : la vitesse follement accélérée à laquelle il se produit.
Depuis le début de la révolution industrielle, le monde a opéré un tournant vers une civilisation mondiale avec l'innovation technologique et l'infrastructure industrielle comme piliers de ce monde moderne. La technologie est au cœur de cette civilisation, ainsi que les États-nations et le capital, qui sont requis en quantité colossale pour construire ces infrastructures, nécessaires au fonctionnement de ce système bâti sur la généralisation des États-nations et des "philosophies industrielles" (libéralisme, socialisme, nationalisme). Bien sûr, les inégalités sont encore énormes et touchent trop de personnes, mais les chiffres sont là, l'espérance de vie, le niveau d'éducation, l'argent par habitant parmi de nombreux autres domaines de la vie moderne ont considérablement augmenté.
Mais ce système ne fonctionne pas sans rien, il a besoin de son carburant, la croissance économique, l’augmentation du capital financier, encore et toujours. Le capital économique, ayant été l’unique centre d’attention, a consommé les autres capitaux sans y faire attention, la croissance exponentielle, et la consommation exponentielle inévitable pour le maintient de la croissance n’ont pas consommé que des produits et services.
Pourtant, malgré les avertissements répétés et les preuves scientifiques croissantes, la mobilisation reste faible. Comme l'a souligné Amin Maalouf, notre monde ressemble à un véhicule fonçant vers un mur, le seul freinage disponible étant la collision inévitable. Cette métaphore illustre la difficulté de changer de cap dans un monde qui évolue à une vitesse vertigineuse. Nous sommes peut-être cet homme tombant d'un immeuble, se rassurant par l'illusion que "jusqu'ici tout va bien".
En parallèle, l'humanité a fini par conquérir le monde, elle ou ses “externalités négatives” sont présents dans quasi chaque recoin de la planète (à quelques exceptions près).
L'impact est si grand que nous sommes maintenant entrés dans une nouvelle ère, ce qu'on appelle l'Anthropocène, l'ère de l’Homme et son impact.
Nous sommes sur la mauvaise voie pour que l'humanité continue sa trajectoire d'améliorations dans presque tous les domaines de la vie pour la plupart des gens sur la planète. Après des siècles de progrès et des décennies de progrès exponentiel, il semble que cela ralentisse. Est-ce le début des limites planétaires? Ou de simples remous passagers?
Les indicateurs montrent de plus en plus qu’un choc est inévitable, mais avec un monde tournant à cette vitesse, un changement de cap sans heurter quelque chose est peut être tout simplement impossible. Amin Maalouf, secrétaire de l’Académie française, dit à ce sujet “Le monde est comme un véhicule où le seul système de freinage c’est de rentrer dans le mur.”
Les politiques d’ailleurs remplacent d’ailleurs de plus en plus le mot transition par adaptation,
ce qui est révélateur sur le changement d’ambition et peut être consciemment ou pas se reprogrammer à une autre réalité.
Pourtant, contrairement à ce qu’à dit Macron lors de ses voeux aux français en 2022, suite aux incendies qui ont embrassés la France engendrés par la canicule et sécheresse qui osait un “qui aurait pu prédire la crise climatique” avant d’expliquer avoir été mal compris pour répondre aux réactions virulantes des français et du reste du monde.
On pouvait non seulement la prévoir, mais cela fait 50 ans qu’on l’annonce, tant la crise environmental que la possible fin des ressources fossiles (pétrole, métaux précieux…).
Hubert annonçait le pic pétrolier dans les années 60, le club de Rome parlait des lilmites de la croissance dès 1972. Le commandant Cousteau dans ses fabuleux documentaires océanographiques disat déjà dans les années 1980 qu’à ce rythme les océans allaient mourir d’ici 40 ans. Mais personne n’a écouté, personne n’avait envie d’y croire, après tout çà n’est pas nouveau, ne tue-t-on pas les messagers depuis l’Antiquité?
A ces messagers de plus en plus de scientifiques accumulent de plus en plus de preuves, observent de plus en plus de signes et communiquent de plus en plus sur la confirmation de ses avertissements. Alors pourquoi si peu de mobilisation? Même aujourd’hui où les premiers effets se font ressentir, où les premiers exemples encore relativement minimes nous permettent d’imaginer la vrai dimension du choc qui nous arrive.
Pourquoi une telle démobilisation, pourquoi tant de gens disent s’en soucier mais agissent comme si c’était totalement le contraire?
We Are All Blind To What We Don’t Want To See
It is difficult to get a man to understand something, when his salary depends on his not understanding it.Difficile d’imaginer que ce système qui collectivement nous a apporté tant de solutions, puisse contenir aussi de tels problèmes. Le rythme d’évolution biologique d’Homo Sapiens ne lui permet pas d’évoluer même à une fraction du rythme qu’est celui du changement que nous commençons à peine à traverser. Il nous parait donc difficile d’imaginer lâcher la proie pour l’ombre. Et le paradoxe est encore plus grand, puisque plus on profite du système, plus on impacte sa durabilité et moins on a envie de le changer, puisqu’on à plus à perdre, sans réaliser que nous avons tous à tout perdre.
Social class divide
Source : RTBF
Source : Oxfam media briefing 2020
Source : Oxfam media briefing 2020
Countries
Biggest economy are the biggest emitters
L'énormité du problème auquel nous faisons face, l'ampleur de l'effort collectif nécessaire qui est demandé rend difficile pour la plupart d'accepter l’idée d’adapter notre mode de vie, car cela semble trop conséquent, trop difficile, trop déprimant. Et surtout si tout le monde ne le fait pas, pourquoi devrais-je? Perdu pour perdu autant en profiter non? C’est toute la difficulté du changement collectif.
Déjà pour de nombreuse personnes a vie devient plus compliquée, que çà soit par l’érosion du capital social ou environnemental. Cependant, les plus privilégiés n’ont seulement ne doivent rien sacrifier, mieux encore jamais cela n’a été aussi faste pour eux. Et sans surprise leur impact sur l’environnement est bien plus conséque que les autres humains de cette planète.
C’est simple, les 10% les plus riches émettent près de la moitié des émissions, alors que les 50% les plus pauvres en émettent 10.
Le problème n’est pas la surpopulation, le problème c’est le niveau de vie, dans un système consumériste de la frange la plus aisée. Si on regarde le 1% le plus riche (80 000 000 de personnes), puis le 0,1% (8 000 000 de personnes) et enfin le 0,01% (800 000) l’impact est exponentiel.
Les milliardaires étant un sur un million, leur niveau d’émissions est proportionnellement élevé. Il a été démontré qu’il était très très compliqué de calculer leurs émissions précisément, et on estime qu’elles seraient fortement sous évaluées car une proportion certaine de ces émissions seraient classées erronément dans les émissions de leurs entreprises. En grands gagnants, pourquoi changer? il semble compliqué de renoncer et les moyens sans limites donnent un sentiment hypertrophié de confiance en soi, ainsi que la foi absolue dans le système et le techno-sollutionisme pour surmonter les problèmes tout en garantissant le maintient des élites.
On remarque également que les économies les plus fortes sont les plus éméttrices. Même si la réalité est plus complexe, et que d’autres paramètres rentrent en compte, comme, par exemple, le type d’énergie qui va faire tourner les différentes économies.
A Travel To (No)where?
If one does not know to which port one is sailing, no wind is favorable.Si le besoin de changement est évident, au problème de biais et d’inertie des [Comment nommer çà bénéficiaires du système qui ne veulent pas changer] vient s’ajouter une autre difficulté, changer, mais pour quoi (et non pas pourquoi)? Pour aller où? Quel système peut-on réellement mettre en place? Le capitalisme est nocif? Mais au final quel système est-il meilleur? Et en quoi? Selon quels critères?
Est-on capable d’imaginer, et d’implémenter autre chose?
Les crises vont-elles nous rapprocher? Le COVID n’aura pas réussi cela, les guerres non plus.
Que faut-il à l’humanité pour se fédérer vers un objectif commun? Une raison d’être allant au delà de la simple croissance économique.
Le moyen est devenu la fin. L’argent, l’économie est un superbe moyen, mais il doit rester cela et ne pas être le seul. Nous sommes depuis le milieu des années 10 entré dans l’ère post-vérité, une époque où le récit, les opinions et les émotions sont plus importantes que les faits.
Les réçits sont devenus le réel. L’histoire, le présent et l’avenir se réécrivent en permanence, en fonction de stratégies qui nous échappent la plupart du temps.
The Matrix Has You
Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalismeNous souffrons d’Hyper Normalisation, terme que l’on découvre dans le film éponyme, qui explique pourquoi, comme les soviétiques, nous sommes incapables d’agir pour changer un monde qui ne nous convient pas, où les classes dominantes attirent à eux une part toujours plus grandes des richesses crées, tout en assistant à la destruction progressive mais rapide de notre environnement, le système est cassé, le déséquilibre se creuse et se rapproche dangereusement d’un point de déséquilibre qui pourrait être néfaste à tous, ultra-riches inclus.
Incapable d’imaginer autre chose on parle de décroissance, de croissance verte, de post-croissance, on répète sans cesse ce qu’on cherche à fuir, mais au final c’est toujours dans son axe que l’on réfléchi. Un monde où les algorithmes, nous donne une vision du monde qui est façonnée par nos réactions, qui elles apprennent aux algorithmes comment nous émouvoir, pour nous garder captif (et sucer un peu plus de notre attention, afin de la vendre aux publicitaires).
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