Timnit Gebru a lancé l’Institut de recherche en intelligence artificielle DAIR (Distributed Artificial Intelligence Research Institute).
Il y a un an jour pour jour, Timnit Gebru, chercheuse en intelligence artificielle et en éthique, était licenciée par Google. En cause, son étude sur les biais des algorithmes de l’entreprise, qui dérange. À l’époque, son licenciement avait alerté la communauté scientifique mondiale, qui s’inquiétait alors des intentions du géant.
En 2021, Timnit Gebru vient de lancer l’Institut de recherche en intelligence artificielle DAIR (Distributed Artificial Intelligence Research Institute). Mot qui n’est pas sans rappeler le verbe to dare qui signifie en anglais défier. C’est justement ce que ce centre ambitionne : challenger les acteurs en mettant en perspective les menaces et les opportunités des algorithmes ainsi que les bonnes pratiques de développement. La meilleure réaction : répondre en faisant mieux que les autres, et ainsi montrer la voie.
Héros contemporains
On se souvient tous de l’ingénieur Tristan Harris qui, après avoir quitté Google pour un non-alignement de ses valeurs avec le géant, a lancé, en 2015, son centre de technologie humaine – ou Center for Humane Technology en anglais. En 2019, Brittany Kaiser, ancienne cadre dirigeante de Cambridge Analytica, a créé la Own Your Data Foundation – ce qui peut se traduire par Fondation pour la possession de vos données – après avoir quitté l’entreprise à la suite de l’affaire du même nom. Ces gens partagent les mêmes motivations : l’envie de rendre concrètement ce monde meilleur. Pour cela, ils alertent sur les pratiques d’acteurs mal intentionnés, sur les risques d’outils mal dimensionnés ou encore sur les dérives dans l’usage que nous, utilisateurs, en faisons.
À l’instar de Timnit Gebru, ces héros contemporains informent leur communauté et le grand public sur les bonnes méthodes orientées par l’éthique pour construire des technologies nobles qui protègent l’individu tout en étant synonymes de progrès. Ces hommes et ces femmes démontrent que construire des outils numériques de manière responsable est possible. En nous faisant sortir par la même occasion d’un prisme dystopique contre-productif pour l’avenir.
Souffle d’air frais
On espère qu’au sein de DAIR des études et des recherches seront conduites pour révéler les biais et les discriminations technologiques en tout genre en mettant en relief des solutions concrètes et pratiques. On attend également, non sans une certaine excitation, des réflexions scientifiques, sociologiques, voire philosophiques, sur les grands sujets technologiques de notre temps. Un souffle d’air frais vient de s’installer dans un monde en apparence étouffé.
« Quand on veut, on peut », répond-elle en quelque sorte à tous ceux qui pensent, à tort, que nous sommes au fond d’un gouffre qui limite nos propres degrés de liberté jusqu’à nous empêcher d’agir. Au contraire, on peut penser et construire les nouvelles générations de technologies de la bonne façon. Encore faut-il avoir le bon centre de recherche… Timnit Gebru l’a sûrement trouvé !