La fondatrice d'Interstellar Lab s'est lancée dans un projet ambitieux : construire des biodômes en environnement contrôlé afin d'y faire pousser des plantes sur Terre et, dans le futur, sur la Lune ou Mars.
Quand Barbara Belvisi présente sa start-up, les réactions oscillent souvent entre : « on dirait de la science-fiction », « à quoi cela peut-il bien servir ? » et « c'est génial ! ». Mais après tout, Elon Musk, qui est une source d'inspiration pour elle, devait lui aussi recueillir ce genre de propos quand il pitchait le projet SpaceX…
L'histoire dira si la patronne connaîtra un jour le même destin que l'entrepreneur Sud-Africain. En attendant, Barbara Belvisi trace sa voie avec Interstellar Lab, une start-up qui fabrique et commercialise des biodômes, afin de faire pousser des plantes en environnement contrôlé sur Terre et, demain, dans l'espace.
Ce projet est « un rêve de gosse », explique cette Française, qui a arpenté pendant près d'un an le centre de la NASA, à Houston, afin de mieux comprendre l'univers foisonnant de la Space Tech et enrichir son carnet d'adresses. En 2018, elle faisait le grand saut et fondait Interstellar Lab.
Activité gourmande en capital
« Nous développons des serres afin de faire de la culture hors sol de façon ultra-optimisée », détaille-t-elle. « Cette solution permet de produire de façon plus durable, de relocaliser des choses qui ne poussent qu'à l'autre bout du monde, voire de protéger des espèces en danger à cause du changement climatique », poursuit la patronne.
En 2021, la start-up a fait partie de la première promotion de Space Founders, l'incubateur du CNES (Centre national d'études spatiales) destiné à mettre sur orbite les jeunes pousses du spatial. La détermination et l'énergie de Barbara Belvisi ont frappé les esprits.
« C'est quelqu'un qui sait ce qu'elle fait et où elle va. Elle sait aussi s'entourer des bonnes personnes. A mes yeux, elle a tout pour réussir », estime Lucie Campagnolo, qui l'a « coaché » dans le cadre de ce programme.
Le projet d'Interstellar Lab demande beaucoup d'investissements (capex). Barbara Belvisi a donc dû convaincre les investisseurs de l'accompagner. Un exercice dont elle maîtrise les codes puisqu'elle a travaillé pour The Family et codirigé pendant sept ans The Hardware Club, un fonds d'investissement spécialisé dans la deeptech.
Barbara Belvisi
Modèle économique original
La dirigeante vient de franchir un palier important et annonce, ce lundi, avoir bouclé une levée de fonds de 5 millions d'euros auprès d'Urania Ventures, Auxxo, 7percent Ventures, Seldor Capital, E2MC, Kima Ventures et Bpifrance. Elle va ainsi pouvoir s'atteler à l'industrialisation d'Interstellar Lab.
L'entrepreneuse espère fabriquer une dizaine de biodômes d'ici à la fin de l'année, où pourront pousser du vétiver, du patchouli ou encore de la vanille. Ces produits pourraient intéresser des entreprises dans les secteurs de la cosmétique ou de la parfumerie.
La société espère également vendre ses biodômes, qui coûtent 250.000 euros et mesurent 55 m2, à des spécialistes de l'hôtellerie ou à des municipalités. Les recettes engendrées sur Terre doivent en partie financer les technologies qui, dans le futur, permettront à Interstellar Lab de faire pousser des produits en orbite basse, sur la Lune ou sur Mars. La société a déjà gagné un challenge organisé par la NASA avec son projet de capsule biogénérative Nucleus.
Nouvelle bataille spatiale
« La question qui se pose, c'est : est-ce plus rentable d'avoir des systèmes autonomes qui produisent dans l'espace ou d'envoyer des produits lyophilisés ? », résume Lucie Campagnolo. L'enjeu est de taille, car les voyages pour explorer d'autres planètes sont beaucoup plus longs. « Un aller pour Mars prend huit mois, si toutes les planètes sont alignées », rappelle Barbara Belvisi.
De la nourriture peut certes être embarquée à bord des vaisseaux, mais avoir des capacités de production pourrait s'avérer indispensable. Au-delà des enjeux économiques et scientifiques, il en va aussi du bien-être des astronautes. « Les repas sont importants pour la cohésion d'équipe et la santé mentale », rappelle Lucie Campagnolo.
Barbara Belvisi espère être l'une des actrices de cette nouvelle guerre des étoiles et prépare déjà une nouvelle levée de fonds d'une quinzaine de millions pour y parvenir.