Les dispositifs capables de capter et d'enfouir le CO2 présent dans l'air sont très à la mode. Après Elon Musk, le dernier méga-investisseur en date à se pencher sur le secteur n'est autre que Bill Gates qui, via sa société Breakthrough Energy Ventures, est l'investisseur principal d'une injection de 80 millions de dollars (70,9 millions d'euros) dans le capital de la start-up Verdox, issue du Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Basée à Boston, Verdox utilise un plastique spécial qui, lorsqu'il est chargé d'électricité, est capable de récupérer le CO2 présent dans l'air. Une fois piégé, le gaz toxique peut être libéré en modifiant la tension électrique.
Verdox promet que cette approche est 70% moins gourmande en énergie que ce qu'offrent la plupart des entreprises du secteur. Les leaders du domaine utilisent souvent des solvants liquides pour capturer le CO2; ces solvants doivent ensuite être chauffés pour récupérer le gaz, ce qui nécessite beaucoup d'énergie, donc beaucoup d'argent, et rend la capture peu efficace sur le plan environnemental.
Si cette technologie est prometteuse, elle suscite toutefois de nombreuses critiques. Ses détracteurs estiment qu'elle risque de retarder le développement et l'adoption de sources d'énergies propres ainsi que la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre. Elles permettent aussi de dédouaner des industries hautement polluantes, malgré des résultats parfois très mitigés.
Encourageant, insuffisant
Ces bémols n'empêchent pas le secteur de ratisser des centaines de millions. La société canadienne Carbon Engineering et la Suisse Climeworks, toutes deux fondées en 2009, ont respectivement reçues 110 et 138 millions de dollars (97 et 122 millions d'euros) d'investissement depuis leur création.
Malgré cet intérêt certain, l'industrie a encore du chemin à parcourir, notamment pour proposer des solutions financièrement intéressantes. L'objectif de Verdox est de pouvoir vendre sa capture de CO2 50 dollars par tonne. Cela semble extrêmement ambitieux: par comparaison, et selon Bloomberg, Climeworks propose aujourd'hui un tarif de 1.200 dollars par tonne.
Ces prix sont un problème majeur: en septembre 2021, les «droits de polluer» s'échangeaient en Europe à 65 euros la tonne. Sauf bouleversement législatif ou fiscal majeur, les entreprises polluantes n'ont pas vraiment d'intérêt à avoir recours à ces technologies en l'état actuel des choses.