Au Palais des congrès de Montréal, le 18 décembre 2022.
La route fut longue et chaotique et jusqu’au bout l’issue des négociations aura paru suspendue à la question critique des moyens financiers. Mais, après quatre ans de discussions, plus de 190 Etats ont finalement adopté, lundi 19 décembre au Canada, un accord historique pour essayer de s’attaquer au gigantesque défi de l’effondrement du vivant. Protéger 30 % de la planète, restaurer 30 % des écosystèmes, réduire de moitié les risques liés aux pesticides, doubler les financements globaux en faveur de la protection de la nature : des dirigeants du monde entier se sont engagés à prendre des « mesures urgentes » pour « arrêter et inverser la perte de biodiversité » d’ici à la fin de la décennie.
« Beaucoup ont comparé l’accord de Montréal à l’accord de Paris pour le climat. Cette analogie est très à propos car nous venons de faire un pas significatif pour la protection de la nature. Et sans Montréal, il n’y a pas Paris, car la lutte contre le réchauffement a besoin de la biodiversité », a salué Steven Guilbeault, le ministre de l’environnement canadien, au côté de son homologue français. « C’est un accord historique car on pose un cadre ambitieux, dans lequel rien n’est au rabais, a appuyé Christophe Béchu. Chacun va maintenant devoir prouver qu’il est à la hauteur de ce texte et que ce n’est pas un accord de papier, le travail commence. »
Initialement prévue en 2020 dans la ville chinoise de Kunming, reportée à de multiples reprises en raison de la pandémie de Covid-19 et finalement déplacée au Canada, la 15e conférence mondiale pour la biodiversité (COP15) était présentée comme la « COP de la décennie » : elle avait pour mission d’établir un nouveau cadre mondial pour succéder aux « accords d’Aichi », une série d’objectifs adoptés en 2010 au Japon qui s’étaient soldés, en 2020, par un constat d’échec généralisé.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A la COP15, l’espoir de conclure un « accord de Paris » pour la biodiversité
Au cours des dernières décennies, l’érosion de la biodiversité n’a fait que s’aggraver : les espèces déclinent à un rythme inédit, plus de 75 % des espaces terrestres ont déjà été altérés et la majorité des océans sont pollués. « La sixième extinction est provoquée par l’homme, pas par une météorite », a rappelé l’acteur américain James Cromwell lors de son passage au palais des congrès de Montréal. « Nous ne sommes pas en train d’approcher d’un point de non-retour pour la nature, nous y sommes », a aussi alerté la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB), Elizabeth Maruma Mrema.
Dimanche, alors que le monde entier avait les yeux tournés vers le Mondial de football au Qatar, une autre finale s’est jouée au Canada. Dans la matinée, la Chine, qui préside la COP, a mis sur la table une nouvelle version du projet d’accord, présentée comme un texte de compromis. Les pourparlers se sont alors accélérés, permettant de débloquer en moins de vingt-quatre heures les principaux points de blocage.
Il vous reste 74.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.