Cela fait près de quinze ans maintenant qu’elle étudie la capacité de certaines plantes à absorber la pollution sur les anciens sites miniers. Elle a même réussi à extraire des feuilles de ces plantes les métaux lourds, "recyclés" par les feuilles.
La Française Claude Grison, directrice du laboratoire des innovations écologiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a reçu le prix de l’inventeur européen de l’année pour ses recherches sur l’utilisation de la nature pour réparer les dégâts causés par les humains, et plus précisément sur les sites industriels, puisqu’elle s’intéresse aux métaux lourds. Cela fait quinze ans maintenant qu’elle se penche sur le fonctionnement des plantes, la façon dont elles parviennent à survivre dans des milieux très dégradés, autrement dit là où elles ne devraient pas théoriquement pousser.
Claude Grison a réalisé que certaines plantes se sont adaptées à la pollution, qu’elles la captent par leurs racines, la stockent dans les feuilles, dans des compartiments cellulaires étanches qui les protègent elles-mêmes, des plantes qui ainsi, indirectement nettoient la zone où elles sont enracinées. Et leur adaptation est telle qu’elles finissent même par chercher expressément ces zones, tous simplement parce qu’en y poussant elles se trouvent à l’abri de toute concurrence.
Récupérer les métaux lourds captés par les plantes
C’est le cas des plantes du genre grevilléa, dont les 300 espèces différentes se développent sur des sites miniers, en Australie ou en Nouvelle-Calédonie, et parviennent à absorber d’importantes concentrations toxiques de manganèse et le stocker dans leurs feuilles. Pareille pour la menthe aquatique, plante tout à fait commune en France qui dépollue les zones humides, ou encore certaines plantes exotiques comme la jussie d’eau. À la fin, Claude Grison n’a pas fait qu’observer, non seulement elle a pu dépolluer des sites entiers, mais avec son laboratoire Deeptech Bio Inspir, elle a réussi, en récupérant les feuilles mortes de ces plantes, à extraire les métaux qu’elles ont absorbés, faisant de ces végétaux des sources de récupération de métaux dans des proportions qui peuvent servir à l’industrie cosmétique ou médicale.
Du 100% biosourcé et écoconçu. Inimaginable il y a quelques années mais ça qui a valu à Claude Grison en 2014 la médaille du CNRS et cette année donc, le titre de l’inventeur européen 2022. Claude Grison qui se revendique chercheuse citoyenne pour, dit-elle, "faire de la recherche utile à la société". Non seulement c’est utile, mais mine de rien, cela fait un argument de plus pour regarder les plantes, le moindre petit brin de mauvaise herbe, autrement.