Le sixième réacteur de la centrale de Tianwan, entre Shanghai et Qingdao, a été construit en moins de cinq ans.
La Chine est le pays de bien des records. Ses émissions de CO2 par habitant ont été multipliées par quatre en trente ans. Celles de l’ensemble du pays représentent plus du double de celles des États-Unis.
Mais c’est la même Chine qui, en 2021, a installé à elle seule la moitié des nouveaux champs d’éoliennes et de panneaux solaires dans le monde. Et on voit maintenant, selon le dernier rapport de l’Association nucléaire mondiale (ANM), que c’est elle qui tire l’énergie nucléaire. Sur les cinquante-six réacteurs en construction, pas moins de vingt le sont en Chine.
La production nucléaire de l’« atelier du monde » a déjà été multipliée par presque huit en moins de vingt ans. Elle est passée de 50 térawattheures (TWh), au milieu des années 2000, à 380 TWh en 2021.
La Chine est ainsi devenue la numéro 3 mondiale de l’atome civil. Ses cinquante-quatre réacteurs ont désormais une capacité de 52 gigawatts (GW), talonnant la France, numéro 2 mondiale. Les 61 GW des cinquante-six réacteurs français ne sont cependant pas tous disponibles, puisque la moitié du parc tricolore est à l’arrêt, du fait de l’impact cumulé des confinements, d’un problème de corrosion et du retard de l’EPR de Flamanville.
Les États-Unis, numéro 1 mondial, restent loin devant, avec 94,7 GW, mais leurs quatre-vingt-douze réacteurs vieillissent et leur production se tasse.
Construction en un temps record
Alors que le nucléaire ne représente que 5 % de la production d’énergie de la Chine, celle-ci ne peut que monter encore en puissance et doubler la France à brève échéance. Trois des six réacteurs qui sont entrés en service dans le monde en 2021 sont chinois. Au premier semestre 2022, il en est de même pour deux des cinq réacteurs entrés en service et pour la totalité des trois dont le chantier a été lancé.
Et la construction ne traîne pas : Tianwan 6, entre Shanghai et Qingdao, n’a nécessité que cinquante-six mois (moins de cinq ans), record pour les réacteurs entrés en service l’an dernier, contre 122 pour Kakrapar, en Inde, et 192, si tout va bien, pour l’EPR de Flamanville. Le réacteur normand n’est toujours pas en service alors que son équivalent chinois, à Taishan, mis en chantier après, a déjà commencé à fonctionner et a même réglé, avec un arrêt d’un an, un problème de conception du système de fixation du combustible dans la cuve du réacteur.