Un employé pulvérise de l'eau sur un tas de coton dans une unité de transformation du coton de la ville de Kadi, dans l'État indien occidental du Gujarat, en Inde, le 5 avril 2018. (Image d'illustration)
Le refrain entendu est le même depuis des mois : rien ne justifie une telle hausse des prix du coton. Mais les faits sont là, les cours continuent de grimper. À 1,30 $ la livre il y a un mois, le coton se vend aujourd’hui à 1,50 $ pour une livraison en juillet prochain, soit 3 300 dollars la tonne. « On arrive au bord du précipice », confie un négociant qui pointe du doigt la responsabilité des spéculateurs et notamment les fonds d’investissement qui sont entrés sur le marché et attendent, dit-il, en embuscade. Des mots révélateurs d’une filière déboussolée, pour ne pas dire dérégulée.
Une hausse justifiée, en partie seulement
L’offre et la demande plaident certes pour une hausse : il reste peu de coton à vendre aujourd’hui avant les prochaines récoltes, la sècheresse au Texas, et au Brésil annonce des récoltes en baisse – l’Argentine a déjà perdu 25% de sa production et le reste est d’une qualité inférieure à ce qui était attendu – et les surfaces pourraient diminuer, au vu des besoins immenses en culture vivrière. Les rendements devraient par ailleurs être affectés par le prix des intrants. Mais « tous ces paramètres sont déjà intégrés dans les prix actuels et ne justifient pas la hausse continue constatée », explique l'un de nos interlocuteurs.
Le prix du fret qui ne faiblit pas complique la donne. L’embouteillage maritime est toujours de vigueur et les conteneurs attendent trois, quatre ou cinq mois avant d’acheminer le coton. Si certaines filatures font le choix de payer des prix déraisonnables pour continuer à tourner, notamment au Pakistan et au Bangladesh, globalement la plupart limitent leurs achats, faute de pouvoir répercuter les augmentations de prix.
La tendance ne devrait pas s’inverser avant fin 2022
Autre fait révélateur des sommets atteints, la Chine a commencé à vendre une partie de ses stocks achetés moins cher, pour profiter du différentiel de prix. « Faire du coton aujourd’hui relève de l’acrobatie », résume Georges Toby, membre du bureau de Branson Commodities et un des responsables de l’Association des producteurs de coton de Santa Fe et d’Argentine, qui ne voit pas la tendance changer avant la fin de l’année.
► À écouter aussi : Une campagne lucrative s'annonce pour le coton africain