À l’inverse, le contingent d’utilisateurs quotidiens de plus de 50 ans a été multiplié par deux.
Les chiffres le confirment un peu plus chaque jour. Après la télévision, les plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) sont, elles aussi, rattrapées par le «péril vieux». Sur ce point, la dernière édition de l’Observatoire de la vidéo à la demande du CNC (Centre national du cinéma), publiée vendredi, risque de faire tousser dans les états-majors des géants du streaming payant. En France, le nombre de 15-24 ans utilisant quotidiennement Netflix, Amazon Prime, Disney+, AppleTV+, etc. a été divisé par deux en l’espace de moins de trois ans! Au premier trimestre 2020, le CNC en dénombrait 2,5 millions.
Au troisième trimestre 2022, ils n’étaient plus que 1,2 million. La pente est raide et l’évolution rapide. Cette érosion s’est nettement accélérée depuis un an», constate Cécile Lacoue, la directrice des études, des statistiques et de la prospective du CNC. «Au fil des ans, les plateformes ont élargi leur public. Elles ont mis en place une programmation moins ciblée, qui intéresse donc moins les jeunes. Cela ne veut pas dire qu’ils ne regardent plus de séries ou de films sur ces plateformes. Mais qu’ils en consomment moins et surtout moins régulièrement , détaille-t-elle.
Ce temps de cerveau à nouveau disponible chez les jeunes n’est pas perdu pour tout le monde. «Au Royaume-Uni, où l’on observe la même tendance, des enquêtes ont montré que cette attention était essentiellement captée par les réseaux sociaux et les jeux vidéo», ajoute l’experte. Au printemps dernier, une étude réalisée par Vertigo Research avait conclu qu’en France, près de la moitié du temps libre des 15-24 ans était accaparée par les deux mêmes activités: les réseaux sociaux et les jeux vidéo. Pas étonnant qu’un service comme Netflix propose à présent des jeux vidéo à ses abonnés… Un bon moyen pour tenter de retenir les plus jeunes… et les autres.
Point de bascule
Preuve que l’audience des services de streaming vieillit, les plus de 50 ans représentent quasiment un quart du contingent des utilisateurs quotidiens, contre 13 % seulement pour la cible des 15-24 ans. Et leur nombre, soit 2 millions, a été multiplié par deux en l’espace de deux ans et demi, selon l’étude du CNC.
Jeunes ou pas, un phénomène met tout le monde d’accord: les Français regardent de plus en plus de contenus à la demande. La consommation délinéarisée représente déjà 50 % de la consommation vidéo totale des 18-64 ans, selon un sondage Ampere Analysis, cité par le CNC. Contre un tiers seulement, voilà quatre ans. Et si l’Hexagone est arrivé à un point de bascule, chez nos voisins, le phénomène est encore plus avancé.
En Allemagne, la consommation de vidéo à la demande pèse 71 % du total. Idem en Espagne. Aux États-Unis, elle représente désormais 82 % des usages des 18-64 ans et 95 % de ceux des 15-24 ans. De quoi inciter toutes les chaînes de télévision à accélérer leur «plateformisation».