Il y a quelques jours, le Pentagone a publié un document de 47 pages pour décrire sa stratégie qui consiste à mettre en œuvre une « intelligence artificielle militaire responsable ». Le département de la Défense cherche un moyen d'intégrer l'IA dans l'armée sans transformer le monde en un paysage d'enfer digne de Terminator.
La Chine dans le viseur des États-Unis
Ce document intitulé Responsible Pathway to AI Development and Acceleration donne plus de détails sur la manière dont le Pentagone compte utiliser l'intelligence artificielle dans le cadre des conflits armés. La secrétaire adjointe à la défense Kathleen Hicks défend l'utilisation de l'intelligence artificielle par l'armée. Elle affirme que les adversaires des États-Unis ont augmenté leurs investissements dans l'IA d'une manière qui « menace la sécurité, la paix et la stabilité mondiales ». Le Pentagone veut répondre à cette menace en augmentant les investissements au niveau national. Sans ne jamais nommer aucun pays, on comprend que le Pentagone parle de la Chine.
Pékin a effectivement augmenté ses investissements dans le développement de l'intelligence artificielle militaire et c'est l'une des principales motivations de l'intensification des applications militaires « responsables » de l'intelligence artificielle aux États-Unis. Hicks précise que « pour maintenir notre avantage militaire dans un monde numériquement compétitif, le département de la défense des États-Unis doit adopter les technologies de l'IA pour suivre le rythme de ces menaces en constante évolution. Exploiter les nouvelles technologies de manière légale, éthique, responsable et redevable est au cœur de notre stratégie ».
Le Pentagone cherche à gagner la confiance des militaires et des citoyens
De manière générale, ces nouvelles directives sont destinées à « gagner la confiance » des militaires et du grand public. Le document définit cette confiance comme « l'état final souhaité » qui lui permettra de continuer à aller de l'avant avec les nouvelles technologies d'IA. On peut notamment lire que « la confiance dans l'IA permettra au Pentagone de moderniser sa capacité de combat à travers une gamme d'applications en tenant compte des besoins des militaires ». Le département de la Défense sait pertinemment que sans cette confiance, les combattants et les dirigeants n'utiliseront pas l'IA efficacement et le peuple américain ne soutiendra pas l'utilisation et l'adoption de cette technologie.
Un récent sondage réalisé par Morning Consult a permis de révéler que l'opinion des américains était plutôt mitigé sur la position de l'armée en matière d'IA. 26% des adultes ont déclaré qu'ils pensaient que l'armée américaine était plus avancée que la Chine sur le sujet et 29% pensent que les États-Unis sont moins avancés. Quoi qu'il en soit, avec ce nouveau plan, le Pentagone souligne l'importance de maintenir une approche « human first ». C'est à dire que l'opérateur humain doit conserver le rôle de décisionnaire avec l'intelligence artificielle. Hicks précise que les applications militaires alimentées par l'IA devront s'aligner sur les valeurs américaines. Une phrase à la fois rassurante et ambiguë.