Brève
Le rachat de l’entreprise munichoise Siltronic par le taïwanais GlobalWafers avait été acté en décembre 2020 pour un montant de 4,35 milliards d’euros. La transaction était cependant conditionnée à l’obtention d’un feu vert formel du gouvernement allemand avant le 31 janvier 2022. Cette approbation n’est jamais venue avant la date limite pour sa validation.
L’annonce de ce rachat avait provoqué une levée de boucliers de la part de la Commission européenne et de plusieurs pays européens, comme la France. Partout on s’alarmait du potentiel départ du seul fabricant européen de substrats silicium, dont les plaquettes servent à la construction de puces électroniques. Ainsi en février 2021, Bruno Le Maire avait profité d’une rencontre sur la politique industrielle européenne pour exprimer ses inquiétudes à son homologue allemand Peter Altmaier.
Siltronic est un fournisseur incontournable pour les trois ténors européens de la fabrication de puces électroniques : l’allemand Infineon Technologies, le franco-italien STMicroelectronics et le néerlandais NXP. Ses plaquettes de format 150, 200 et 300 mm permettent de faire tourner les systèmes électroniques pour l’automobile, l’aéronautique, la défense, le médical, le ferroviaire ou l’énergie.
Siltronic est la seule société européenne parmi les cinq qui dominent et partagent à ce jour le marché des plaquettes silicium. Les quatre autres sociétés fabricantes sont les japonaises Shin Etsu Chemicals (le leader) et Sumco, la taïwanaise GlobalWafers, et la sud-coréenne SK Siltron. L’Europe prend depuis peu conscience de cette dépendance vis-à-vis de l’Asie et tente actuellement de bâtir une stratégie à l’échelle du continent sur la fabrication de puces électroniques. C’est le sens du Chips Act qui doit être dévoilé le 8 février prochain.
Dans ce contexte, valider une telle transaction aurait été un non-sens total et aurait aggravé la dépendance des pays de l’UE aux fabricants asiatiques. GlobalWafers en fait les frais puisqu’en dédommagement du non-rachat, la société taïwanaise devra payer 50 millions d’euros d’indemnités d’annulation à Siltronic.
Pierre-Marie Durier
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