Le sondage sur le niveau de vie des Turcs publié par le très prestigieux institut MetroPOLL, repris par le quotidien de gauche Birgün, fait apparaître la chute vertigineuse du pouvoir d’achat enregistrée au cours de cette dernière année, et ses répercussions sur les habitudes des Turcs, notamment concernant les dépenses pour des produits de première nécessité.
Quelque 61,8 % des sondés déclarent ainsi avoir arrêté de consommer de la viande rouge, un des produits dont le prix a connu une forte augmentation, due en partie à la hausse des coûts de production (engrais, carburant, fourrage…). Les économies se font aussi dans le secteur de l’énergie, les sondés étant 51,3 % à déclarer “se couvrir plus chaudement et ne pas allumer le chauffage” chez eux, en raison de l’explosion des prix du gaz et de l’électricité, “et 62,5 % à déclarer ne plus se servir de leur véhicule à cause du prix de l’essence”.
Le tableau dépeint par le sondage montre même l’apparition d’une insécurité alimentaire modérée, avec 50,3 % des personnes interrogées déclarant avoir réduit le nombre de leurs repas quotidiens et 31,9 % déclarant “avoir faim de temps en temps”.
Période d’hyperinflation
Les chiffres de l’inflation font l’objet d’âpres débats en Turquie. La hausse des prix, qui a explosé depuis le mois de septembre, conséquence de la politique monétaire voulue par le chef de l’État, Recep Tayyip Erdogan, qui a limogé le président de la banque centrale et le ministre de l’Économie pour mener sa propre politique, est devenue un sujet très politique.
Selon les statistiques officielles, l’inflation aurait été de 5 % au mois de mars et de 61 % sur l’année, mais le groupe d’économistes indépendants regroupés au sein du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), estime l’inflation à 11 % sur le seul mois de mars et à 142 % sur l’année, souligne le journal Evrensel. “La Turquie est entrée dans une période d’hyperinflation”, déclare au quotidien Sözcü l’économiste Veysel Ulusoy, qui fait une sombre prévision :
“Le coût de la vie va continuer à augmenter de manière spectaculaire. La politique économique actuelle est totalement irrationnelle ; si nous prenons les mesures adéquates dès aujourd’hui, il nous faudra trois ou quatre ans pour rétablir la situation.”