Raphael ThysLe Musée de l’histoire militaire de la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, offre à ses visiteurs une expérience virtuelle interactive où ils peuvent échanger avec d’anciens soldats et témoins de la Seconde Guerre mondiale. Cette exposition utilise l’intelligence artificielle pour retranscrire de manière immersive leur expérience.
En mars 2024, l’exposition Voices from the Front ouvre ses portes au Musée de l’histoire militaire de la Nouvelle-Orléans (National WWII Museum). Après quatre ans de travail, cette expérience inédite invite les visiteurs à discuter avec quelques héros disparus de la Seconde Guerre mondiale. Une expérience rendue possible grâce au recours à l’intelligence artificielle permettant de générer des conversations virtuelles avec une infirmière militaire qui a servi aux Philippines, une ouvrière d’usine aéronautique ou encore un ancien marine devenu ambassadeur.
En pratique, le visiteur sélectionne sur un écran la personne avec qui il souhaite échanger parmi une liste préétablie. Une fois choisie, cette personne apparaît à taille réelle sur l’écran, et la discussion peut commencer. Le visiteur est libre de poser les questions qu’il souhaite, sans devoir choisir parmi une sélection prédéfinie. C’est là une innovation, car habituellement, les interactions dans les musées se limitent à des questions et réponses préenregistrées.
Les récits de 18 survivants de la guerre
Ce mécanisme est rendu possible par l’IA, qui se charge de faire le tri parmi les informations de la base de données, permettant à l’interviewé de répondre. La technologie se sert des témoignages de 18 survivants de la Seconde Guerre mondiale, soldats vétérans ou témoins du conflit qui ont confié leur récit des évènements. Toutefois, comme les autres technologies, l’IA a besoin de travailler pour progresser et proposer des réponses plus justes.
Depuis son ouverture, le musée invite les anciens combattants et les témoins de la guerre en chair et en os à partager leurs expériences pour enrichir sa base de données. Mais ces derniers vieillissent et sont moins nombreux à pouvoir venir partager leurs histoires. Un exemple marquant est celui de Hershel Williams, héros médaillé d’honneur pour son courage à Iwo Jima, au Japon, qui a participé à une séance de questions/réponses avant de décéder en juin 2022.
L’IA au service de la préservation de la mémoire
Parmi les témoins, on compte également des femmes telles que Grace Janota Brown, qui était ouvrière dans une usine aéronautique, Romay Johnson Davis, chauffeuse de jeep, et Margaret Kerry. Cette dernière, danseuse à l’époque de la guerre, se produisait dans des spectacles destinés à divertir les troupes. Plus tard, elle est devenue le modèle de la fée clochette dans les productions Disney du film Peter Pan.
A mesure que la génération des combattants et témoins de la Seconde Guerre mondiale sombre peu à peu dans l’oubli, le recours à l’intelligence artificielle dans cette expérience offre aux nouvelles générations une opportunité d’explorer les témoignages du passé afin de mieux saisir notre histoire. Cette initiative s’inscrit dans la lignée de l’utilisation précédente du jumeau numérique et de la réalité virtuelle pour dévoiler les coulisses de la restauration de Notre-Dame de Paris. Elle démontre une fois de plus le potentiel des technologies émergentes en tant que support narratif pour les institutions culturelles.
