Imaginez une structure en ligne droite qui relierait Paris à Deauville en faisant fi de tous les obstacles naturels se trouvant sur son passage, large de 200 mètres et s'élevant à 500 mètres au-dessus du niveau de la mer (1,5 fois la tour Eiffel tout de même). Sur toute sa longueur (170 kilomètres), elle serait recouverte de parois en miroir afin de se fondre dans son environnement. Transposez-le tout dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, face à la mer Rouge et s'enfonçant à travers le désert et des zones montagneuses, en direction de Tabouk. Voici en substance le concept de The Line, une des composantes du projet Neom, annoncé en grande pompe en 2017 par le royaume dans le cadre de son plan «Vision 2030», pour un coût initial estimé à 500 milliards de dollars et supposé affirmer une hégémonie économique et culturelle au Moyen-Orient, loin d’être évidente pour le moment.
L’équivalent d’une ligne droite tracée entre Paris et Deauville
Dévoilée en janvier 2021 par Mohammed Ben Salman en personne - le très impulsif prince héritier souvent désigné par ses seules initiales, MBS - The Line constitue l’élément phare de Neom (92% du budget). Censée abriter à terme 9 millions de résidents et visiteurs, cette ville qu'on dirait tirée d'un livre de science-fiction a été imaginée comme un nouveau paradigme urbain et ambitionne d'offrir au monde le «visage des villes du futur». Sans route ni voiture, «The Line utilisera des énergies 100 % renouvelables» et sera neutre en carbone. Promesse est faite pour les futurs résidents d'avoir «accès à toutes les commodités et services en moins de cinq minutes de marche, en plus du train à grande vitesse qui parcourt un trajet de bout en bout en 20 minutes».
Pour Nadhmi al-Nasr, son président exécutif, il s'agit là du «plus vaste et complexe projet de l'histoire de l'humanité». Il aspire à faire de Neom la zone franche la plus compétitive au monde. Une ville avec ses propres lois et réglementations, où viendraient s’établir à terme les leaders mondiaux dans une quinzaine de secteurs économiques jugés porteurs (tourisme, éducation, sport, tech, bien-être, alimentation, énergie, construction, …).