Een ammoniak-opslag in Mexico. (Getty Images)
L’ammoniac vert apparaît de plus en plus comme une forme alternative de carburant à émission zéro et fait l’objet d’une attention croissante de la part de géants de l’énergie tels qu’ExxonMobil.
L’ammoniac vert est un candidat sérieux pour devenir l’une des formes de carburant les plus importantes pour notre société dans les prochaines décennies.
Selon le site OilPrice, ce gaz aurait un potentiel énergétique environ neuf fois supérieur à celui d’une batterie lithium-ion et, du fait de sa nature plus dense, serait plus facile à transporter que l’hydrogène liquide (GNL). En outre, un mètre cube d’ammoniac liquide fournirait au moins cinquante pour cent d’énergie de plus que la même quantité de GNL.
Les industries connaissent déjà bien l’utilisation de l’ammoniac, car ce gaz est indispensable à la production d’engrais artificiels. Ainsi, les installations dédiées à l’ammoniac existent depuis longtemps et sont largement répandues, ce qui faciliterait l’introduction de ce combustible dans le monde entier.
La meilleure option pour le transport maritime ?
Bien que l’ammoniac vert reçoive actuellement moins d’attention que les innovations en matière d’hydrogène, les entreprises du secteur de l’énergie seraient optimistes vis-à-vis de ce gaz en raison de ses émissions nulles. Dans le secteur du transport maritime, on sait depuis des années que l’ammoniac pourrait bien devenir un carburant prometteur.
Le superordinateur norvégien « Betzy » a calculé en 2021 que l’ammoniac serait le carburant le plus durable pour les cargos à l’avenir. La même année, un groupe de constructeurs navals internationaux et d’entreprises du secteur de l’énergie a commencé à construire un premier porte-conteneurs fonctionnant entièrement à l’ammoniac.
Un carburant à produire avec des énergies renouvelables
Comme pour l’hydrogène, il existe différentes formes d’ammoniac, en fonction de l’énergie utilisée pour le produire.
L’ammoniac vert désigne un gaz dont l’utilisation et la production ne rejetteraient pas de carbone, et c’est celui-ci qui devrait être privilégié, tandis que l’ammoniac brun conventionnel libérerait environ deux tonnes de CO2 lors de sa production, selon OilPrice.
Pour fabriquer de l’ammoniac vert, on utilise une installation d’électrolyse qui extrait l’hydrogène de l’eau et l’azote de l’air. Une installation qui peut elle-même être alimentée par l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique. Cette forme de production d’ammoniac existe déjà et n’est pas particulièrement difficile à mettre en place, ce qui inciterait les entreprises énergétiques à lorgner de plus en plus vers la filière ammoniaque.
En juin, par exemple, la Compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi (ADNOC) a commencé à vendre de l’ammoniac produit par l’utilisation de gaz naturel, et la société japonaise Inpex achète de l’ammoniac parce que ce gaz est considéré comme une forme d’énergie propre, le CO2 émis lors de la production ayant été capturé et stocké pour être utilisé ultérieurement dans des champs pétrolifères à Abu Dhabi même.
Le boom de l’ammoniac peut aider l’UE à atteindre ses objectifs climatiques
Mais il y a des acteurs encore plus importants qui envisagent d’investir massivement dans l’ammoniac vert. En Norvège, les géants de l’énergie ExxonMobil, Grieg Edge, North Ammonia et GreenH veulent étudier ensemble comment l’hydrogène vert et l’ammoniac peuvent servir de carburants propres pour le transport maritime.
Dans une installation d’Exxon située dans la ville norvégienne de Slagen, l’électricité d’origine hydraulique serait utilisée pour produire annuellement quelque 20.000 tonnes d’hydrogène vert et 100.000 tonnes d’ammoniac vert afin d’étudier le potentiel de ces deux carburants.
En Irlande, certaines compagnies maritimes veulent mettre en place un parc éolien offshore flottant pour produire de l’ammoniac et de l’hydrogène verts en utilisant la force des vents. Les deux partenaires derrière cette idée ont déjà signé une lettre d’intention avec la société énergétique suédoise Hexicon pour lancer l’opération.
Joel Moser, PDG de First Ammonia, estime que le boom de l’ammoniac vert contribuera à la réalisation des objectifs climatiques de l’Union européenne. La Commission européenne souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 et atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050.
Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a régulièrement souligné le potentiel de l’ammoniac vert et a encouragé les entreprises énergétiques à investir dans ce secteur en pleine croissance. L’UE compte actuellement 30 terminaux pour l’utilisation d’ammoniac vert en mer. Il y aurait 270 de ces terminaux dans le monde.
MB