Lorsque la foudre frappe le sol, l’énergie libérée est si importante qu’elle peut faire fondre et vitrifier des mélanges de silice, de roches et de matières organiques, créant des structures tubulaires appelées "fulgurites" très prisées par les collectionneurs. Or en analysant un spécimen formé il y a plus de dix ans en Floride, capitale mondiale de la foudre, une équipe de chercheurs américains et italiens ont découvert un minéral inconnu jusqu’alors. "Nous n’avions jamais vu ce matériau se former naturellement sur Terre. Des minéraux similaires avaient déjà été observés dans des météorites et dans l’espace, mais nulle part encore sur notre planète", précise Matthew Pasek, géologue à l’université de Floride du Sud et co-auteur de l’étude.
Des racines concentrant des quantités importantes de métaux
Ce "fossile" de foudre a été créé lors d’un orage survenu à l’été 2012 dans la ville de New Port Richey, sur la côte ouest de la Floride. Un éclair tomba alors dans une propriété privée, sur un arbre poussant dans un sol très humide, quartzeux et argileux riche en fer et en phosphore. Si les composés carbonés de l’arbre ont été incinérés par la foudre, celle-ci se propagea également jusqu’aux racines concentrant des quantités importantes de métaux. Les très hautes températures et réactions chimiques engendrées par ce phénomène formèrent ainsi des fulgurites de plusieurs centimètres de longueur, de couleur gris-clair, entourées de sphérules métalliques mesurant entre 0,5 et 1,1 centimètre de diamètre.
Les conditions de formation restent pour le moment inconnues
C’est dans ces sphérules – et de minuscules échantillons d’une dizaine de millionièmes de mètre – que le nouveau minéral a été identifié, grâce des techniques combinant la microscopie électronique à balayage, la diffraction des rayons X et la spectroscopie de masse. De formule chimique (CaHPO3), il est constitué de calcium, d’hydrogène, de phosphore et d’oxygène. Mais les chercheurs ne sont pas parvenus, pour le moment, à le produire par des expériences de laboratoire et comprendre ainsi son processus de formation. "Les expériences ont échoué, ce qui indique que le matériau se forme sous doute très rapidement et dans des conditions très précises" qui ne sont pas encore caractérisées, signale un communiqué de l’université de Floride du Sud. D’autres travaux seront ainsi nécessaires pour mieux comprendre les propriétés de ce minéral et lui donner un nom officiel.